1. Problématique
Le ravinement est une des manifestations de l'érosion hydrique. Il participe à la dégradation du sol par l'ablation et le transport des sédiments ainsi que la transfiguration de l'environnement par les gouffres qu'il laisse dans le paysage.
A Kinshasa, le ravinement prend la forme des dépressions allongées et profondes dont les dimensions varient en fonction des torrents d'eau en ruissellement, de la nature sableuse du sol, de la pente abrupte en maints endroits et de l'état de faible protection du sol par le couvert végétal. Hormis les communes de la plaine, peu d'espaces urbains sont soustraits de la menace érosive.
L'université de Kinshasa bien que construite sur un modèle américain, c'est-à-dire loin du centre-ville, sur le plateau du mont Amba n'est plus épargnée de l'érosion. A la faveur des extensions sans règles, l'Unikin est encerclée de part et d'autre par des quartiers d'auto-construction dont le laisser aller s'empare aussi de l'espace jadis réservé à son expansion.
Cette invasion a des conséquences : l'environnement n'est plus contrôlé faute de rigueur dans la gestion de l'espace, l'université est traversée sur ses pentes par des sentiers et divers passages piétons, ses versants sont exploités pour l'agriculture de rapine, pour la récolte de bois et autres activités de subsistance à tel point qu'à travers ces passages piétons et autres perturbations du milieu, l'érosion s'empare d'une grande part de l'espace ainsi désorganisé.
A l'heure actuelle, l'Université est menacée d'isolement par des multiples ravins. Plusieurs routes d'accès sont sous la menace de rupture par des ravins. Les menaces pèsent aussi sur plusieurs infrastructures et bâtiments de l'université.
La manifestation du ravinement sur le campus inquiète les bonnes consciences en ce qu'il menace des équipements de superstructure construits, voici environ plus de 40 ans. En effet, il n'y a pas de honte à faire observer que le dernier bâtiment érigé sur ce campus a cet âge là et que tout bâtiment détruit représente une perte irrémédiable.
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La progression des ravins ne semble s'arrêter ni dans le temps ni dans l'espace. Il y a une dizaine d'années, on comptait une quarantaine de têtes de ravins autour et dans l'université. Il y a moins de 5 ans, ce nombre est monté à près de 60 têtes. Les efforts en matière lutte anti-érosive sont faibles faute de moyens que requiert ce genre de situation. Et ce peut-être aussi parce qu'on combat un ennemi que l'on ne connait pas très bien. Liant cette préoccupation à la qualité d'universitaire, le service de géomorphologie du Département des Sciences de la Terre (Faculté des sciences) s'emploie à étudier le phénomène. Ainsi, depuis 1993, des publications, des dizaines de mémoires et travaux de fin cycle y sont consacrés. Les questions de progressions spatiales, temporelles, les causes et les facteurs sont pris en compte dans ces études en vue de mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement du phénomène de ravinement.
Grâce au développement des techniques d'observation de la Terre, du Système d'Information Géographique (SIG) et à l'aide des images satellitaires, il est possible de faire le suivi du phénomène à l'échelle temporelle.
Depuis 2007, un projet de recherche dans ce domaine a vu le jour au Département des Sciences de la Terre. Ce projet s'attèle depuis 3 ans à la détection, suivi et analyse de l'érosion à Kinshasa à l'aide des images satellitaires. C'est dans ce cadre que Sacré (2007) s'est préoccupée à développer une méthodologie de détection des ravins sur une image satellitaire à très haute résolution spatiale. Dans le même ordre d'idée, Wouters (2008) a déterminé une clé d'interprétation visuelle des ravins sur une image satellitaire à très haute résolution spatiale. L'objectif de ce travail est d'associer le SIG (Système d'information géographique) et l'interprétation visuelle pour évaluer la progression du ravinement dans le temps et dans l'espace autour de l'université de Kinshasa.
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