Étude de l'érosion ravinante dans la ville de Kinshasa

 


 

 

 

Etude de l'érosion ravinante à  Kinshasa par télédétection et SIG ( système d'information géographique ) entre 1957 et 2007 

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par Fils Makanzu Imwangana
Université de Liège - Master complémentaire en gestion des risques naturels 2010

  

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Faculté des Sciences

Etude de l'érosion ravinante à Kinshasa

par télédétection et SIG

entre 1957 et 2007

Travail de fin d'études présenté par Fils MAKANZU IMWANGANA (Licencié en Sciences géographiques) en vue de l'obtention du Master Complémentaire en Gestion des risques naturels

Année académique 2009 - 2010

Promoteurs :

Professeur Pierre OZER

Département des Sciences et Gestion de l'Environnement, Campus d'Arlon/ULg

Dr Jan MOEYERSONS

Section de Géomorphologie et Télédétection, MRAC/Tervuren

filsmakanzu@yahoo.fr ; geohydromak@hotmail.com

RESUME

Ce travail est avant tout un inventaire des ravins à travers la ville de Kinshasa étant donné que des études antérieures se limitent à une description du phénomène et/ou à des analyses empiriques. Nous nous sommes rendu compte qu'aucun ravin remarquable sur l'image SPOT5 de 2006/07 n'était visible sur les photographies aériennes de 1957 quand de vastes étendues de la région actuellement urbanisée étaient encore sous couvert végétal. Grâce à l'image SPOT 5 avec une résolution de 5 m, 307 ravins sont identifiés qui déchirent la haute ville en 2007. Nous avons estimé une perte d'investissements dans le secteur de l'habitat à environ 1 200 000 euros par an. Aussi, l'outil SIG nous montre que 291 sur 307 ravins identifiés représentant 94,8% sont aux abords d'une route ou que c'est la route elle-même qui a été ravinée. On voit que le paysage urbanisé contrairement à l'antérieur, contient beaucoup d'aires de grande production de ruissellement. Si l'urbanisation n'avait pas d'impact sur le drainage superficiel, on pourrait encore espérer que la forme convexe et divergente des collines étalerait les eaux de ruissellement en largeur de façon qu'elles perdent de leur potentiel érosif.

SUMMARY

This work is primarily an inventory of the gullies throughout the city of Kinshasa, given that previous studies were limited to a description and/or empirical analysis of the phenomenon. Based on the SPOT 5 image with a resolution of 5 m, 307 gullies were identified in the higher part of the city in 2007. None of these gullies were visible on aerial photographs from 1957, when large tracts of currently urbanized area were still under natural vegetation cover. We estimated related property losses of about 1.2 million euros per year. In addition, the GIS survey showed that of the 307 gullies identified, 291 or 94.8%, were either bordering roads, or were in themselves heavily eroded roads. The current urban landscape, in contrast to the previous natural land cover, hosts many areas of high surface runoff generation. If urbanization had no impact on surface drainage we could still hope that the convex and divergent shape of the hills would disperse runoff so that it would lose its erosive potential.

Pour tout contact :

II

DEDICACE

Ce travail est dédié à ma famille en général et en particulier à mon fils, Samuel MAKANZU MUNONGO né à Kinshasa pendant mon séjour d'études au pays des oncles ; ainsi nos grands parents appellent les Belges.

III

REMERCIEMENTS

Au terme de cette formation en Gestion des risques naturels et profitant du Travail de fin d'études traitant d'un cas spécifique qui nous est demandé, nous ne pouvons nous empêcher de remercier entre autres :

· le projet de Partenariat entre le Centre des Recherches Géologiques et Minières (CRGM) de Kinshasa en RD.Congo et le Musée royal de l'Afrique centrale (MRAC) de Tervuren en Belgique. Ce partenariat s'est assigné comme objectif principal le Renforcement des capacités humaines et techniques du CRGM entre 2009 et 2012 notamment en Géologie urbaine : volet Géomorphologie et télédétection au sein duquel nous évoluons comme membre scientifique ;

· la Faculté des Sciences de l'Université de Liège qui a bien voulu accepter de nous accueillir au cours de cette année académique qui s'achève ;

· la Coopération universitaire au développement (CUD) qui nous a accordé une bourse d'études afin de financer notre programme de formation ;

· le corps académique et scientifique qui s'est dévoué toute cette année à nous transmettre de leur savoir ainsi que l'organisation des séances des travaux pratiques et de terrain notamment à Arlon, Gembloux et Liège. Nous citons l'un d'eux en la personne du Professeur Pierre OZER qui est notre promoteur ;

· la section de Géomorphologie et télédétection du MRAC dont le personnel a bien voulu nous partager leurs connaissances, technicités et résultats d'études relatifs aux risques naturels notamment le ravinement des versants en milieu urbain. Nous avons bénéficié de leurs laboratoires et bibliothèques. Nous ne pouvons nous empêcher de citer M. Jan MOEYERSONS, chef de section et qui d'ailleurs est co-promoteur de ce travail, M. Philippe TREFOIS et Mlle Ine VANDECASTEELE ;

· le Laboratoire de Géomorphologie et télédétection de l'Unité de Géographie physique et Quaternaire de l'Université de Liège dirigé par le Professeur André OZER, qui aussi a bien accepté de lire le draft de ce TFE. Nous n'oublions pas M. Marc SALMON (MSc.) qui ne cessait de nous accueillir dans ce laboratoire lorsqu'il nous était difficile de nous rendre à Tervuren ;

· nous ne pourrons oublier Mr Placide MUMBEMBELE (Doctorant à l'Université Libre de Bruxelles) qui nous a accordé l'hospitalité chaque fois que nous en avions besoin afin de nous rapprocher de Tervuren ;

· toute personne qui nous a prodigué des conseils pour que sept ans après notre licence, nous puissions accepter d'aborder ce que l'on appelle chez nous des études post - universitaires, notamment les Professeurs Médard NTOMBI, Valentin KANDA, Jules ALONI, Félicien MITI, Francis LELO, Vincent LUKANDA, ...

· et vous tous qui n'êtes pas cités ici pour des raisons d'usage.

 

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TABLE DES MATIERES

RESUME i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

TABLE DES MATIERES 1

LISTE DES FIGURES 4

LISTE DES TABLEAUX 5

LISTE DES CARTES 6

INTRODUCTION 7

CHAPITRE I : PRÉSENTATION DE LA VILLE - PROVINCE DE KINSHASA ET DE SON

MILIEU PHYSIQUE 10

I.1 Introduction 10

I.2 Localisation et situation de la zone d'étude 10

I.3 Aperçu géologique 12

I.3.1 Généralités 12

I.3.2 Géologie d'une colline type de Kinshasa 13

I.3.3 Coupe lithostratigraphique 15

I.4 Relief, hydrographie et eaux souterraines 16

I.4.1 Le relief 16

I.4.2 L'hydrographie 19

I.4.3 Eaux souterraines 21

I.5 Climat 22

I.5.1 Type climatique 22

I.5.2 Précipitation moyenne et intensités des pluies 23

I.5.3 Température moyenne mensuelle 24

I.5.4 Humidité de l'air 25

I.6 Sols et végétation 25

 

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I.6.1 Types de sols 25

I.6.2 Végétation 26

I.7 Evolution démographique et urbanistique de la ville de Kinshasa 26

I.7.1 Evolution démographique de Kinshasa entre 1881 et 2007 26

I.7.2 Extension urbaine de Kinshasa entre 1957 et 2007 27

I.8 Kinshasa et les risques naturels 30

I.8.1 Concepts et définition : aléa, vulnérabilité et risque 30

I.8.2 Kinshasa et les risques géomorphologiques 30

I.9 Conclusion partielle 33

CHAPITRE II : INVENTAIRE DES RAVINS À KINSHASA 34

II.1 Introduction 34

II.2 Matériaux et méthodes 34

II.2.1 Généralités 34

II.2.2 Acquisition des données pour l'étude 35

II.3 Résultat : Inventaire sous SIG de ravins et leurs modes de développement 37

II.3.1 Elaboration de la carte de distribution spatiale des ravins 37

II.3.2 Distribution spatiale et caractéristiques des ravins inventoriés 39

II.4 Carte des ravins établie et l'inventaire de VAN CAILLIE 48

II.5 Dimensionnement et détermination des volumes des ravins 48

II.6 Impact économique du ravinement 49

II.7 Conclusion partielle 52

CHAPITRE III : PRINCIPALES CAUSES DU RAVINEMENT A KINSHASA 53

III.1 Introduction 53

III.2 Comparaison de la distribution des ravins avec la géologie et la carte géotechnique 53

III.2.1 Géologie et ravinement 53

III.2.2 Géotechnique et ravinement 56

III.3 Relations entre les trajectoires des ravins et les structures urbaines 60

3

III.4 Techniques de lutte anti - érosive appliquées 61

III.4.1 Mesures destinées à couper ou réduire l'alimentation du ravin par l'eau de ruissellement

(Mesures en amont du ravin) 62

III.4.2 Mesures à l'intérieur du ravin 63

III.4.3 Evaluation empirique de ces différentes méthodes 65

III.5 Conclusion partielle 69

CHAPITRE IV : ANALYSE, PREVENTIONS ET GESTION DES RISQUES DU RAVINEMENT 70

IV.1 Analyse et cartographie des zones à risques 70

IV.1.1 Analyse des conditions 70

IV.1.2 Cartographie du risque 71

IV.2 Gestion des risques du ravinement 73

IV.2.1 Quelques mesures préventives face à l'aléa « ravinement » 73

IV.2.2 Quelques mesures de gestion des sites ravinés 73

DISCUSSION & CONCLUSION GÉNÉRALE 75

BIBLIOGRAPHIE 78

WEBOGRAPHIE 84

TABLE DES ANNEXES 85

 

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LISTE DES FIGURES

Figure 1.1 : Délimitation de la zone d'étude (Carte de fond de B.E.A.U/TPAT) 11

Figure 1.2 : Feuille géologique de Kinshasa S5/15 d'après le MRAC, 1963 14

Figure 1.3 : Coupe lithostratigraphique d'après le CRGM (2008) 15

Figure 1.4 : Planche géomorphologique de Kinshasa (B.E.A.U, 1977) 18

Figure 1.5 : Planche hydrographique de Kinshasa (B.E.A.U, 1977) 20

Figure 1.6 : Changement du régime fluviatile selon MOEYERSONS et TREFOIS (2008) 21

Figure 1.7 : Variation mensuelle des pluies à Kinshasa entre 1961 et 2005 23

Figure 2.1 : Sites Mataba et Laloux à Binza sur les photographies aériennes de 1957 37

Figure 2.2 : Campus universitaire de Kinshasa au Mont Amba sur les photographies aériennes de 1957 37

Figure 2.3 : Destruction des maisons dans le quartier Binza/Delvaux à gauche, et à droite, route Kimwenza

coupée (Photos Fils MAKANZU, CRGM_2009) 49
Figure 2.4 : Chute des pylônes de la SNEL (Photo Ph. TREFOIS, MRAC_2003) à gauche, et à droite, tuyau de

raccordement en eau potable en déséquilibre (Photo Aimé MWANZA, PIC KINEROSION_2007) 50

Figure 3.1 : Localisation des têtes de ravins Mataba et Laloux 56

Figure 3.2 : Localisation des têtes du ravin Mataba par rapport à la Route nationale 1 61

Figure 3.3 : Puisards parcellaires à Kisenso (Photos Ph. TREFOIS, MRAC_2003) 62

Figure 3.4 : Bassins de rétention d'eau à COGELOS (Photos Aimé MWANZA, PIC KINEROSION_2007) 62

Figure 3.5 : Têtes de ravin couvertes des déchets ménagers, bâches(Photos Fils MAKANZU, CRGM_2009) 63

Figure 3.6 : Digues faites en sacs de terre au fond des ravins (Photos Ph. TREFOIS, MRAC_2003) 64

Figure 3.7 : Revégétation à Mataba (Photos Christophe TUMWAKA, CRGM_2009) 64

Figure 3.8 : Versants de ravins aménagés à Kisenso (Photo Ph. TREFOIS, MRAC_2003) 64

Figure 3.9 : Glissière métallique au site Laloux à Binza Delvaux (Photo. Fils MAKANZU, CRGM_2008) à gauche et, à droite, caniveau avec chambres de chute à Selembao(Photo. C. KODIAWILA,

IGC_2008) 65

Figure 3.10 : Reconstitution du ravin Mataba grâce à Google Earth 2010 67

 

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1.1 : Perméabilité des formations géologiques 22

Tableau 1.2 : Quantité de pluies (en mm) estimées par l'ajustement de Gumbel 24

Tableau 1.3 : Fréquence de derniers événements pluvieux à Kinshasa 24

Tableau 1.5 : Population et taux de croissance de Kinshasa (1881 - 2000) 27

Tableau 2.1 : Caractéristiques des images satellitaires 35

Tableau 2.2 : Caractéristiques des autres données utilisées 35

Tableau 2.4 : Distribution spatiale des ravins en bassin versant 39

Tableau 2.5 : Budget projeté pour les travaux de lutte anti-érosive 51

Tableau 2.6 : Dépenses prévues pour quelques investissements dans la ville 52

Tableau 3.1 : Route et érosion ravinante 60

 

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LISTE DES CARTES

Carte 1 : Evolution de la ville de Kinshasa entre 1957 et 2007 28

Carte 2 : Distribution spatiale des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 38

Carte 3 : Répartition des ravins inventoriés en bassin versant 40

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 41

Carte 5 : Les formations géologiques de Kinshasa et la distribution spatiale des ravins en 2007 54

Carte 6 : La géotechnique de Kinshasa (pente) et la distribution spatiale des ravins en 2007 57

Carte 7 : Esquisse cartographique des zones de risques naturels à Kinshasa 72

 

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INTRODUCTION

Encore une bourgade en 1910, Kinshasa ne comptait que dix mille habitants et deux ans après son élévation en capitale nationale en 1922, elle n'aura que 23 730 habitants. En 1959, à la veille de l'accession du pays à sa souveraineté nationale et internationale, elle en compte 442 422 et aura près de 8 000 000 d'habitants en 2007.

Située dans la région tropicale de l'Afrique centrale, la ville s'étendra de plus en plus sur les versants des collines convexes et sableuses qui pourtant étaient déclarés impropres à la construction (non aedificandi) par l'administration coloniale et par le Bureau d'études d'aménagement urbain (B.E.A.U). Ce dernier était appuyé dès le milieu des années septante par la coopération française en matière d'urbanisme.

Cette politique d'anarchie en matière de lotissement a eu pour principal effet dès les années septante, l'apparition sensible du ravinement sur les versants des collines sableuses à fortes pentes. Ce ravinement menaçait alors les quartiers planifiés et structurés se trouvant aux sommets et pourvus d'infrastructures de drainage d'eaux usées et de pluie. Certaines de ces nouvelles constructions, n'ont pas hésité à construire sur les égouts sinon à les boucher. Les conséquences n'ont pas tardé à se faire remarquer. A chaque pluie exceptionnelle, la ville déplore des pertes en vies humaines, des dégâts matériels et la naissance de nouveaux ravins ou l'extension phénoménale d'anciens ravins sur les versants de collines du sud et de l'ouest de la ville ainsi que des conséquences néfastes dont l'ensablement et les inondations dans les quartiers situés en bas ou sur la plaine.

Ce travail est né du Partenariat entre le Musée royal de l'Afrique centrale (MRAC) de Tervuren en Belgique et le Centre de Recherches Géologiques et Minières (CRGM) de Kinshasa en République Démocratique du Congo (RD.Congo). Ce Partenariat veut doter le CRGM des capacités humaines et techniques devant l'aider notamment à étudier et éradiquer ce phénomène de ravinement qui s'exacerbe à travers la partie haute de la ville constituant un handicap majeur à son développement. C'est donc dans ce contexte que la présente étude va se focaliser sur la partie haute de la ville de Kinshasa, laquelle est de plus en plus gravement touchée par ce phénomène. En fait, causant plusieurs catastrophes : pertes en vies humaines, coupures de routes, destruction de maisons, effondrement de pylônes électriques, destruction du réseau de drainage des eaux, rupture de tuyaux de conduite d'eau, ... Les érosions constituent à Kinshasa un véritable fléau et dont, en plus, le coût est prohibitif. Or, l'efficacité de leur maîtrise requiert inéluctablement une connaissance scientifique de haut niveau. Chose qui, actuellement, accuse malheureusement beaucoup de défaillances. Cela justifie la volonté que nous exprimons pour étudier comment remédier à cette situation.

Dans ce travail, nous ne ferons pas usage de l'équation de WISCHMEYER (Universal Soil Loss Equation, USLE) qui est appliquée dans le cas d'une érosion agricole et normalement diffuse ou en petite rigole. Le type d'érosion que nous voulons étudier constitue déjà un cas d'érosion grave et concentrée comme les méga-ravins à travers la ville haute de Kinshasa.

 

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Nous mènerons une analyse spatio-temporelle pour nous aider à identifier les causes principales du ravinement à Kinshasa. Nous pensons que l'urbanisation (structure de la ville, voies de communication) est bien à l'origine du phénomène ; par le fait qu'elle a conduit à un changement du régime hydrologique sur les versants de cours d'eau.

Etant dans le domaine d'analyse et de cartographie des risques naturels, la première étape consiste à établir une carte d'aléas (carte prédictive) par l'inventaire systématique des événements passés et de leurs caractéristiques. Ainsi, nous avons choisi de mener cet inventaire des ravins entre 1957 lorsque les affaires foncières étaient encore gérées normalement et 2007 ou cinquante ans plus tard incluant une période caractérisée par une gestion anarchique des terres. Nous pensons qu'il est relativement évident d'établir une cartographie de l'aléa « ravinement » que de celle de la vulnérabilité engendrée par l'urbanisation. Contrairement à l'aléa qui évolue peu à l'échelle d'une vie, la vulnérabilité évolue dans le temps et l'espace en fonction des sensibilités des individus et de la société. Tel est le cas de la ville de Kinshasa où l'évolution de la vulnérabilité (son expansion) a principalement fait évoluer le risque du ravinement.

Pour mener cet inventaire, nous avons usé de la télédétection et du système d'information géographique SIG (FADUL et al., 1999 ; WADE et al., 2008) en nous servant d'un stéréoscope binoculaire, des photographies aériennes de 1957, des images LANDSAT de 1979 et SPOT 5 de 2006/7, des images Google Earth 2008 et 2009 et de l'anaglyphe des images SPOT 5 de Kinshasa. Nous avons utilisé quelques cartes telles que la feuille géologique de 1963 et la planche géotechnique de 1977/76 de Kinshasa. Nous avons usé du Système de positionnement global différentiel DGPS Pathfinder Pro Series pour le contrôle des points au sol et des logiciels tels que ARCGIS 9.x, ENVI 4.x pour les différents traitements notamment le montage de notre SIG ou la digitalisation des ravins.

Notre difficulté est à trois niveaux ; à savoir :

- l'utilisation d'une image SPOT 5 à une précision de 5 mètres, commandée pour la construction du modèle numérique de terrain (MNT) pour la ville de Kinshasa. Pourtant nous avions besoin d'une image à très haute résolution (HTR=1m) pouvant nous faciliter l'identification même de petits ravins ;

- la non familiarité avec les outils et logiciels modernes de télédétection et du SIG ;

- la non disponibilité du MNT pendant que nous terminons notre travail qui pouvait nous donner une idée de la dégradation du milieu par le calcul automatique du volume de terres arrachées.

D'abord, nous nous attarderons à présenter, sans être exhaustif, le milieu naturel et humain de la ville de Kinshasa ainsi que son évolution au fil du temps jusqu'en 2007 (géologie, climat, sols et végétation, hydrographie et ressources en eau souterraine, évolution démographique et expansion urbaine). Cela est ainsi fait pour que nous ayons une idée aussi globale que

 

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possible du contexte dans lequel sévit le ravinement, tout en brossant succinctement les dégâts qu'ils causent.

Ensuite, nous inventorierons les ravins apparaissant entre 1957 et 2007 dans un SIG et analysons avec des statistiques élémentaires les données obtenues. Cet inventaire est couplé avec la lithologie, les conditions géotechniques, tout en recherchant les éventuelles relations entre la distribution spatiale des ravins et la structure urbaine. Nous le comparerons avec les résultats de VAN CAILLIE (1976/77) pour nous donner une idée de cette évolution à mi-parcours. Aussi, nous exposerons les techniques de lutte anti - érosive utilisées afin de nous imprégner de la gestion du phénomène par la population kinoise et l'autorité urbaine.

Avant de conclure, nous nous lancerons dans un exercice complexe : celui d'analyser les risques du ravinement afin de faire ressortir les causes réelles du phénomène ainsi que la proposition d'éventuelles méthodes de prévention et de gestion pour réduire les impacts négatifs consécutifs à ce phénomène à travers la ville de Kinshasa.

 

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CHAPITRE I : PRÉSENTATION DE LA VILLE - PROVINCE DE KINSHASA ET

DE SON MILIEU PHYSIQUE

I.1 Introduction

Nous nous attarderons quelque peu sur ce chapitre pour décrire le contexte du milieu qui fait l'objet de ce travail. Nous présenterons le paysage kinois et creuserons d'ores et déjà le problème que nous tenterons d'analyser par la suite. Nous voulons que la recherche des causalités puissent être aisée et qu'enfin elles nous aident à trouver des options de gestion du risque du ravinement dans la ville de Kinshasa.

I.2 Localisation et situation de la zone d'étude

Kinshasa est la capitale de la République Démocratique du Congo. Elle est située à l'Ouest du pays, sur la rive gauche du fleuve Congo, à la sortie occidentale du Pool Malebo (autrefois, Stanley Pool). C'est une ville, mais elle a le statut administratif de Province (selon le site officiel de l'Hôtel de ville de Kinshasa : www.kinshasa.cd).

Cette ville de 24 communes, dont 18 sur la partie basse et les autres dans la ville haute, est située entre 4°17'53"S et 15°13'15"E, 4°17'53"S et 15°26'15"E, 4°26'15"S et 15°26'15"E, 4°26'15"S et 15°13'15"E et s'étend sur plus de 30 km de l'est à l'ouest et sur plus de 15 km du nord au sud.

Une partie importante de la superficie de la région de Kinshasa est rurale, couverte d'une savane herbeuse parsemée d'arbustes. La commune rurale de Maluku, la partie orientale de la province, occupe à elle seule 79 % du territoire. De fait, c'est une ville de contrastes importants, avec des secteurs résidentiels et commerciaux chics, des universités, et des taudis informes coexistant côte à côte, et donc aussi de vastes zones « rurales » envahissant parfois la ville au point de retrouver maraîchages et élevages en ville.

La Ville de Kinshasa s'est développée entre le promontoire de Gombe, formant le Pool Malebo, et abritant par ailleurs la Baie de Ngaliema avant les chutes Livingstone, et les collines au sud situées parfois à proximité du fleuve (Mont Ngaliema à l'ouest), jusqu'à une quinzaine de Kilomètres au sud du Pool Malebo (Mont Mange Ngenge à l'est). La vaste plaine ainsi délimitée abrite l'essentiel de la ville de Kinshasa (Figure 1.1). Celle-ci s'étend chaque jour davantage vers les collines à l'ouest et au sud, et gagne dorénavant à l'est les environs de l'aéroport international de N'djili dans la Commune de N'sele et le bassin de la rivière éponyme. Au sud du Pool Malebo, une importante zone de marécage réduit la superficie habitable des communes de Limete et Masina (www.kinshasa.cd).

 

 


 

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Mont Ngaliema

Limite zone

Ville haute (zone des collines)

Mont Ngafula

Baie de Ngaliema

Ville basse (zone des plaines)

Mont Amba

Colline de Kisenso

Promontoire de la Gombe

Pool Malebo (Ex - Stanley Pool)

Figure 1.1 : Délimitation de la zone d'étude (Carte de fond de B.E.A.U/TPAT1)

1 B.E.A.U/T.P.A.T : Bureau d'études d'aménagement urbain / Travaux publics et aménagement du territoire

 

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A l'heure actuelle, la ville a déjà traversé le cordon des collines qui constitue la « haute » ville et se développe dans les cirques d'érosion au sud des collines et à l'ouest.

Notre zone d'étude est circonscrite à la ville haute ou la partie collinaire qui est plus dans Kinshasa ouest et sud où l'érosion ravinante bat son plein (Figure 1.1) et la ville basse ou la plaine qui subit les impacts consécutifs (dépôts de sables, inondations, ...) au ravinement sur les versants des collines.

I.3 Aperçu géologique

I.3.1 Généralités

Les terrains superficiels de la plaine de Kinshasa n'offrent pas beaucoup de diversité. Toute la ville est recouverte par du sable ou du « limon » avec quelques pointements ou affleurements de « grès polymorphes » ou grès tendre. Quant à la plaine d'entre N'djili - N'sele, on n'y voit que du sable plus ou moins blanc ou jaune, plus ou moins argileux. La structure de Kinshasa est dominée par un envahissement récent du fleuve Congo. Antérieurement à cet envahissement, on observait une sédimentation en plusieurs épisodes séparés par autant de discordances, et culminant par une silicification généralisée. Celle - ci est à l'origine du « grès polymorphe » en place (EGOROFF, 1955).

Le fleuve Congo a profondément entaillé ce premier complexe, y traçant des chenaux plus ou moins larges et profonds. Il les a ensuite comblés avec un sable très grossier, vers la base duquel se sont accumulés des produits de remaniement tels que graviers roulés et débris de « grès polymorphes ». A un épisode relativement violent de l'activité du fleuve, a succédé une période plus calme, avec dépôt dans des marais, de sables éoliens et de limons ainsi que des ravinements correspondants (EGOROFF, 1955).

Déjà en 1954, CAHEN attribuait ces sables à la Série des sables ocres qui se confondaient entre la surface fin-Crétacé et la surface mi-Tertiaire. Il souligne que cette Série des sables ocres reposait généralement par l'intermédiaire d'un faible gravier, de grenailles ou d'une cuirasse latéritique sur la Série des grès polymorphes. C'est le cas à Thysville (actuel Mbanza Ngungu sur la route de Matadi), aux environs de Léopoldville (actuellement Kinshasa), au Kwango, au Kasaï, au Lomami et au Katanga (au Biano notamment). Parfois ces sables reposent directement sur les terrains antérieurs à la Série des grès polymorphes. Ce contact dessine une surface remarquablement plane et les sables ocres reposent tour à tour sur les grès polymorphes, sur le Mésozoïque et sur des terrains divers du soubassement. Il s'agit donc d'une surface d'érosion aplanie qui constitue la surface mi-Tertiaire.

Lorsque les sables reposent directement sur des terrains antérieurs aux grès polymorphes, la surface mi-Tertiaire peut être confondue avec la surface fin-Crétacé. Ce sable est d'origine subaquatique probablement (dépôt de sable supérieur, plus fin) ou incontestablement

 

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d'origine éolienne (dépôt de sable inférieur). BURKE & GUNNELL (2008) parlent de deux séquences de dépôts terrigènes attribués à des conditions semi-arides, impliquant tous deux de grands lacs, qui ont été identifiés.

Les mouvements qui ont déformé l'aplanissement fin-Crétacé ont créé des points élevés qui ont été érodés. Alors que dans les positions déprimées s'accumulaient les produits de l'érosion qui, silicifiés en partie, ont constitué les « grès polymorphes » et les sables et grès qui leur sont associés. La surface qui résulte de cette action érosive et d'accumulation est l'aplanissement mi - tertiaire. Ce qui a été déjà étudié par CAHEN & LEPERSONNE (1952) cités par CAHEN (1954) ainsi que par BOUDOURESQUE et al. (1982) cités par BURKE & GUNNELL (2008).

L'analyse de la carte géomorphologique et géotechnique (Planche IV Géotechnique réalisée en 1976 - 1977 par VAN CAILLIE) nous renseigne que dans cette région, le toit du socle est entre 10 et 30 mètres. Ce socle est constitué d'un grès tendre Secondaire. Les essais de pénétration atteignent le refus dans la zone des graviers, sables grossiers ou débris de grès silicifiés qui coiffent les grès secondaires. Ces grès sont fréquemment altérés en sables fins divers. La feuille géologique de Kinshasa a été établie par le Musée royal de l'Afrique centrale de Tervuren en Belgique en 1963 (Figure 1.2).

I.3.2 Géologie d'une colline type de Kinshasa

Le CRGM2 (2008), mandaté pour mener une étude du site de Mitende devant abriter une décharge publique, a conclu sur ce qui suit :

La zone d'étude présente deux types de formations :

- les formations de couverture : constituées de sables (très fins à fins) de teinte gris clair à jaune ocre, plus ou moins argileux, comportant généralement un gravier à la base signalés dans la figure 1.2 par QPs. Son épaisseur est de 80 à 142 m et ce, à des altitudes atteignant 400 à 520 m. En d'autres endroits, on rencontre un sable fin à très fin de teinte gris clair à rouge plus ou moins argileux. Son épaisseur est de 1,5 m ;

- les formations du soubassement : il s'agit notamment de grès très tendre qui affleure dans le fond des vallées surtout à côté des sources. Elles sont désignées par Ccb dans la figure 1.3. Ainsi, tous les sondages réalisés près des sources ont atteint ce grès. Ne connaissant pas réellement son épaisseur, nous l'avions représenté en traits discontinus sur le profil litho-stratigraphique.

2 Centre des Recherches Géologiques et Minières de Kinshasa, RD.Congo

 

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Zone d'étude

Figure 1.2 : Feuille géologique de Kinshasa S5/15 d'après le MRAC3, 1963

3 MRAC : Musée royal de l'Afrique centrale à Tervuren, Belgique

15

 

Toute l'étendue du secteur étudié est donc recouverte par des formations d'origine sédimentaire comprenant les roches suivantes : le sable, le sable argileux, l'argile sableuse, les grès tendre et l'argile. Cette étude géologique a confirmé que la structure de Kinshasa avait été dominée par un envahissement du Fleuve Congo. Une sédimentation antérieure à cet envahissement avait eu lieu. C'est lors de l'épisode calme de l'activité du fleuve Congo que se seraient formées les roches sédimentaires précitées. Certains sondages effectués dans le fond de la vallée ont atteint la nappe libre à six mètres de profondeur en moyenne.

I.3.3 Coupe lithostratigraphique

Faisant suite au point I.3.2, les travaux sur terrain ont consisté à l'exécution de 11 sondages à la tarière et au prélèvement des échantillons destinés au laboratoire. Ce qui a abouti à l'établissement de la coupe lithostratigraphique du site (Figure 1.3).

 

 

1


 

Légende


 

21

1


 

Sables fins noirâtres


 

2


 

Sables fins grisâtres


 

 

3


 

Sables fins très jaunâtres


 

 

4


 

Sables fins jaunes ocre faiblement argileux


 

 

5


 

Sables rougeâtres plus ou moins graveleux


 

 

 

 

 

 

 

6


 

 

7


 

Argiles


 

 

8


 

Grès très tendre


 

 

 

?

Niveau piezométrique de la nappe


 

 

 

 

 

 

7

8

Figure 1.3 : Coupe lithostratigraphique d'après le CRGM (2008)

 

16

I.4 Relief, hydrographie et eaux souterraines

I.4.1 Le relief

Dans sa partie sud, Kinshasa est dominée par une ceinture de collines allant de Kinshasa Ouest à la rivière N'sele à l'est en bas desquelles se trouve une plaine, comme le décrit EGOROFF (1955), légèrement ondulée et sillonnée par des rivières, se raccordant aux collines par des cônes de déjection ou par des coulées de sables plus ou moins décolorés. Entre les chenaux du fleuve s'observent des terrains non érodés qui forment des îles où s'installèrent par la suite quelques familles de pêcheurs que l'on observe à partir du quartier Kingabwa à Limete. Cette plaine est subdivisée en deux unités séparées : la plaine de Kinshasa ou de Lemba, s'étendant depuis la baie de Ngaliema à l'ouest jusque la rivière N'djili à l'est et la plaine d'entre Ndjili-N'sele. LELO NZUZI (2008) décrit l'espace urbain de Kinshasa comme étant un site topographique contrasté, c'est-à-dire à la fois confortable (la plaine représentant la ville basse) et contraignant (les collines où s'est érigée la ville haute).

Au fait, le site de la ville de Kinshasa ressemble à un amphithéâtre dont les collines sont orientées ouest - est, construit sur une vaste dépression et s'étend sur un fond émergé d'une ancienne cuvette développée à l'époque où le pool s'étendait jusqu'au pied des collines du sud (Kimwenza), de l'ouest (Ngaliema) et du plateau de l'est (Bateke). Les pentes varient de 0 à 4% sur la plaine selon PAIN (1973) et entre 8 et 20% sur les collines. Ces collines sont le reste d'une série des buttes témoins du plateau de Bateke selon DE MAXIMY (1974). DE MAXIMY & VAN CAILLIE (1974) les présentent comme des vestiges des terrains reliant jadis le Mont Ngafula à l'ouest au plateau de Bateke à l'est. Ce plateau s'élève à 670 m tandis que les collines culminent jusqu'à 600m d'altitude avec des buttes principales comme le Mont Amba (417 m), Djelo-Mbinza (545 m), Mont Ngafula (633 m) et le contrebas du Pic Mange Ngenge (ex - Pic Mense) à 703 m, ... Le reste de ces buttes, situées pour la plupart à l'ouest dans la commune de Ngaliema, culmine entre 350 et 545 m. La Planche III représentant la géomorphologie de Kinshasa (Figure 1.4), extraite de la carte géomorphologique et géotechnique de Kinshasa a été établie par le Bureau d'Etude d'Aménagement Urbain (B.E.A.U, 1977) de la RD.Congo.

Les grands traits de la physionomie de cette région sont expliqués par DE PLOEY & SAVAT (1968) comme un morcellement tectonique d'anciennes surfaces d'aplanissement donnant lieu aux aplanissements partiels postérieurs : « La bordure ouest et sud du bassin congolais, à partir du Congo - Brazzaville jusqu'au nord - est de l'Angola, est limitée par des plateaux très étendus dont le substrat est constitué de sables appartenant au « Système du Kalahari ». Ce système recouvre des formations mésozoïques ayant un faciès argilo - sableux. L'affaissement de la cuvette congolaise, qui se poursuivit à partir de la fin de l'époque tertiaire jusqu'au Quaternaire, a entrainé un découpement partiel de ces plateaux kalahariens.

 

17

Ainsi ont été formés des niveaux d'aplanissement plus récents et des régions de collines. En même temps ont été déposées des formations sablonneuses, provenant du remaniement des formations méso - cénozoïques. La morphogénèse du paysage des collines sablonneuses, autour du Stanley - Pool, dans les environs immédiats de Kinshasa, résulte donc du démantèlement du plateau du Kwango ».

Cette morphogénèse avait déjà fait l'objet des études antérieures menées par VERTONGHEN (1957), DE PLOEY (1963 ; 1964) et VAN KERSCHAVER (1966) cités par DE PLOEY & SAVAT (1968) et celles-ci font état d'une évolution morphologique, influencée par les variations climatiques du Quaternaire, et d'une évolution des pentes essentiellement déterminée par l'érosion pluviale. Ainsi, d'importantes formations sablonneuses ont été attribuées à l'époque semi-aride du Léopolvillien, qui, d'après des datations absolues, appartient au Pléistocène supérieur. Des critères géologiques et géomorphologiques ont conduit à ces interprétations paléoclimatiques, qui gardent cependant un caractère spéculatif et hypothétique.

Cherchant à expliquer l'origine de la forme convexe des collines de Kinshasa, DE PLOEY & SAVAT (1968) soulignent dans leur conclusion qu'il est fort probable que les convexités sommitales, aux pentes faibles, y soient essentiellement modelées par l'érosion du splash. En effet, des expériences, effectuées sur le terrain à l'aide de sables traceurs, démontrent que ces sols à pente douce ne sont que peu sensibles à l'action du ruissellement (DE PLOEY, 1965 ; 1966 cité par DE PLOEY & SAVAT (1968)). Par contre, ils doivent avoir subi une ablation accentuée, due aux effets du « splash.»

 

 

18

Figure 1.4 : Planche géomorphologique de Kinshasa (B.E.A.U, 1977)

 

19

I.4.2 L'hydrographie

L'hydrographie de la région de Kinshasa est dominée par un réseau des rivières coulant généralement vers le nord et se jetant dans le Pool Malebo (le fleuve Congo). Ce réseau, de type dendritique, est bien développé avec les principaux axes de drainage orientés S.O.-N.E. Au sud, dans les zones des collines, il s'est formé un réseau hydrographique des vallées profondément encaissées dans une surface ancienne des collines dont l'altitude s'abaisse à 350 m environ près du fond des collines. L'hydrographie de la ville de Kinshasa est reprise à la figure 1.5.

Kinshasa est drainé par deux types de rivières :

- il y a trois rivières allochtones dont la N'djili et la N'sele qui suivent un parcours Sud - Nord et le pool Malebo ayant son exutoire sur les rapides qui délimitent la ville dans la partie sud-ouest ;

- les rivières locales ou autochtones dont la Funa (appelée abusivement Kalamu ce qui signifie cours d'eau en dialecte Teke - humbu, population autochtone de Kinshasa).

Les rivières allochtones (N'djili et N'sele) se trouvent beaucoup plus à l'est de la ville et ont leurs sources bien au-delà des collines sud. Elles sont plus importantes par rapport aux rivières locales. Elles taillent la plaine nord en plaines alluviales. Malheureusement, la N'djili est très réputée pour ses inondations dans son cours inférieur jusqu'au niveau du pont qui relie Kinshasa Ouest à Kinshasa Est. Les rivières locales sont très nombreuses et dispersées à travers la ville.

Selon CAHEN (1954), les mouvements qui ont abouti à la succession des cycles géographiques ont provoqué la naissance du réseau Tertiaire ancien qui a sculpté la surface mi - Tertiaire. On connait peu de choses de ce réseau si ce n'est que, dans le sud du Congo, il était dirigé S-N et que, par la suite de la déformation de l'aplanissement fin-Crétacé, des cours d'eau devaient être dirigés environ E.-O. et O.-E., respectivement dans l'est et l'ouest du bassin du Congo.

MOEYERSONS & TREFOIS (2008) attirent l'attention sur un changement du régime des cours d'eau en Afrique centrale. Il est connu que pendant une période qui remonte loin dans l'Holocène, le réseau hydrographique était essentiellement composé de vallées larges à fond relativement plat appelées « dambo » ou « dembo » (ACRES et al., 1985 ; RAUNET, 1985 ; MOEYERSONS J. et al., sous presse). Ces vallées, dépourvues d'un lit de rivière prononcé, étaient marécageuses pendant toute l'année, même pendant la saison sèche. Les dambos étaient nourries en eau par des sources suite à un affleurement quasiment pérenne de la nappe phréatique dans le fond de vallée.

 

 

20

Figure 1.5 : Planche hydrographique de Kinshasa (B.E.A.U, 1977)

 

 

La nappe phréatique continue est perchée sur les grès polymorphes qui forment un plancher peu perméable c'est - à - dire un aquiclude. Les sables ocre au dessus constituent un aquifère

21

Depuis un certain temps qui varie entre quelques millénaires et le présent, on a constaté que les rivières commençaient à se creuser un lit dans la vallée. Il est établi que ce changement de régime de rivières, illustré par la figure 1.6 reflète une croissance des débits de pic de ruissellement. Selon NTOMBI & MAKANZU (2006), le coefficient de ruissellement dans la ville de Kinshasa est de 13 % dans un milieu où il était pourtant presque nul avant le déclenchement de ce processus. Ceci explique pourquoi, notamment à Kinshasa, les grandes inondations sont devenues plus fréquentes, le niveau d'eau baisse plus vite après une pluie et pourquoi il y a plus d'eau qui ruissellent qu'avant.

Figure 1.6 : Changement du régime fluviatile selon MOEYERSONS et TREFOIS (2008) I.4.3 Eaux souterraines

NTOMBI et MAKANZU (2006) travaillant sur le bilan hydrométrique du bassin versant de la Lukunga entre 1971 et 2000 indiquent que cette rivière bénéficiait de tous temps des eaux stockées dans des nappes souterraines depuis des saisons de pluies antérieures. Ces nappes seraient plus vastes que l'étendue de son bassin versant. Il existe donc, en d'autres termes, une nappe aquifère ou pour le moins une nappe phréatique continue et à bonne perméabilité dans la région. VAN CAILLIE (1983) dit qu'en saison sèche, le réseau hydrographique est exclusivement alimenté par les nappes souterraines. Le début de la saison des pluies est marqué par des précipitations en général peu abondantes qui réhumectent le sol et dont bénéficie la végétation.

Ce n'est qu'avec l'apparition régulière des pluies abondantes que le sol étant à nouveau réapprovisionné en eau de rétention, l'excédent des pluies infiltrées s'achemine vers les nappes souterraines. La texture sableuse de la région favorise l'infiltration profonde au détriment de la mise en réserve dans le sol et donc de l'évapotranspiration.

 

 

Dans un système basé sur la température, les précipitations et l'indice de continentalité (LYTINSKI, 1984), le climat de Kinshasa est classé au type 44i qui signifie qu'on est sous un

22

à cause de leur grande perméabilité qui facilite l'alimentation régulière de la nappe supportée par le grès. Cette nappe phréatique perchée est à l'origine des cirques d'érosion par sapement des flancs de collines qui par conséquent créent les glissements de terrain. Ce phénomène de l'érosion en cirques, de sapements des versants et des glissements de terrain est aussi décrit dans la région côtière du Congo par SITOU & TCHICAYA, 1991).

Les travaux du CRGM ont permis d'établir le Tableau 1.1 pour montrer la perméabilité des formations géologiques superficielles dans la région de Kinshasa.

Tableau 1.1 : Perméabilité des formations géologiques

 

Formations

Epaisseur en m

Caractéristiques

Sable noirâtre

1,0

Perméable

Sable fin grisâtre

2,0

Perméable

Sable fin à très jaunâtre

3,0

Perméable

Sable jaune ocre faiblement argileux

142,5

Perméable

Sable rougeâtre #177; graveleux

1,5

Perméable

Argile sableuse

1,8

Semi - perméable

Argile

1

Imperméable

Grès très tendre

-

Perméable


 

Source : CRGM, 2008.

I.5 Climat

I.5.1 Type climatique

Dans le système de KOPPËN, un climat de classe A, définit les climats tropicaux humides où la température moyenne du mois le plus froid est supérieur à 18°C et où, la hauteur annuelle des pluies, exprimées en cm est supérieure à deux fois cette température moyenne augmentée de 14. D'autre part, la classe A comprend la subdivision du type Aw qui nous intéresse et à laquelle appartiennent les zones dont la côte hydrométrique mensuelle du mois le plus sec est en dessous de 60 mm. L'indice w signifie que la saison sèche se produit pendant l'hiver.

Le climat de la région de Kinshasa est du type climat Aw et comme la saison sèche y dure quatre mois, soit juin, juillet, août, septembre, le symbole s'écrit Aw4. Il s'agit de la saison sèche établie en fonction de la pluviométrie et qui débute en moyenne le 28 mai et se termine en moyenne le 21 septembre, soit 117 jours ou près de 4 mois (CRABBE, 1980). La saison des pluies débute vers fin septembre et se termine vers fin mai, elle est entrecoupée par une petite saison sèche fluctuant entre fin décembre et fin février. Parfois, nous percevons quelques variabilités saisonnières dues aux changements climatiques dans la région. Par conséquent, cette petite saison sèche arrive quelque peu tardivement et dure moins longtemps que d'habitude.

 

23

climat tropical (4) humide (4) intermédiaire (i). La combinaison de ces trois paramètres, soit la température, précipitation et indice de continentalité, permet de déterminer le climat d'un lieu.

I.5.2 Précipitation moyenne et intensités des pluies

D'après BULTOT (1971), le régime pluvial de la région de Kinshasa jouit d'une double périodicité : le mois de novembre, le plus pluvieux, enregistre plus de 200 mm, ainsi que le mois d'avril. Il s'agit là des mois après l'équinoxe de printemps et celui d'automne. Les données enregistrées par la METTELSAT4 confirment cette assertion. Avec une série de précipitations de 45 ans allant de 1961 à 2005, nous avons établi le graphique repris à la figure 1.7. Le mois de novembre enregistre 245 mm d'eau en moyenne d'où le mois le plus pluvieux et juillet au contraire avec 2,3 mm est considéré comme le moins pluvieux. La lame d'eau tombée en moyenne est de 1432,3 mm par an.

Figure 1.7 : Variation mensuelle des pluies à Kinshasa entre 1961 et 2005

Source : Données pluviométriques de la METTELSAT (station Kinshasa/Binza)

NSADISA (2003) travaillant sur les courbes Intensité - Durée - Fréquence (IDF) à Kinshasa, souligne que les quantités atteintes ou dépassées en 20 ans (T20) constituent un seuil de caractère exceptionnel. Partant de ses estimations (Tableau 1.2), il se dégage qu'une pluie journalière de l'ordre de 140 mm en 24 heures, est un événement exceptionnel.

4 Agence Nationale de la Météorologie et Télédétection par Satellite

 

24

Tableau 1.2 : Quantité de pluies (en mm) estimées par l'ajustement de Gumbel
pour la station de Kinshasa/Binza

 

Durée
(minute)

T2

T5

T10

T15

T20

T30

T50

T100

 

5

13,2

16,1

18,1

19,1

19,9

21,0

22,3

24,2

 

10

22,0

25,8

28,4

29,8

30,8

32,2

34,0

36,3

 

20

34,0

40,3

44,5

46,9

48,5

50,8

53,7

57,7

 

30

42,8

51,3

56,9

60,0

62,3

65,4

69,3

74,5

 

60

61,2

72,4

79,8

83,9

86,9

91,0

96,1

103,0

 

14405

90,0

111,0

125,0

132,8

138,3

146

155,6

168,7


 

Source : NSADISA (2003).

Aussi, NSADISA (2003) a établi les fréquences de derniers événements pluvieux (Tableau 1.3) à Kinshasa. Il disposait d'une série de données de 1961 à 2001, pour les intensités maximales en 24 heures et de 1977 à 2001 pour les intensités pluviométriques journalières de courtes durée d'au plus d'une heure.

Tableau 1.3 : Fréquence de derniers événements pluvieux à Kinshasa

 

Année

Quantité
(mm)

Durée
(minutes)

Fréquence

Temps de
retour (ans)

 

1973

71

30

0,985

65

 

1990

142

1440*6

0,96

30

 

1994

109

540

0,80

5

 

1998

120

100

0,991

120

 

2000

95

60

0,988

85

 

2001

212

1440*

0,998

815


 

Source : NSADISA (2003)

I.5.3 Température moyenne mensuelle

Les valeurs des températures moyennes varient entre 20 et 25°C en saison sèche et 24 à 27°C en saison des pluies. Les valeurs extrêmes soit 20 et 27°C sont enregistrées respectivement en juillet et novembre.

Entre 1969 et 2008, on a pu déceler une hausse de la température maximale et minimale et ce, tant en saison sèche qu'en saison des pluies. Cela serait une conséquence logique du déboisement qu'a subi la région et du fait de l'augmentation de l'albedo due au pavement des surfaces dans la plupart des parcelles kinoises (KANDI, 1996 ; MAYINGA, 2004).

5 1440 minutes = 24 heures

6(*) : La durée n'est pas indiquée. Ainsi, il l'a assimilée à un événement de 24 heures.

 

25

I.5.4 Humidité de l'air

Dans la région, l'humidité de l'air est à la fois élevée et constante. En plus, même les faibles variations intermensuelles observées ne correspondent pas au rythme pluviométrique. PAIN (1975) basant ses analyses sur la période 1961- 1970 montre que le degré de l'humidité de l'air ne diminue pas immédiatement avec la fin des pluies et inversement, leur reprise n'entraîne pas une hausse simultanée. Au contraire, le décalage s'établit au moins sur un mois. Toutes choses égales par ailleurs, les taux moyens sont d'au moins 80% pour les huit mois humides, contre 70% pour le minima en août et septembre.

En conclusion, nous pouvons dire que la ville de Kinshasa connait un climat chaud et humide appelé un climat tropical humide, à courte saison sèche, soit quatre mois. Mais la brise du fleuve adoucit le climat chaud de Kinshasa.

I.6 Sols et végétation

I.6.1 Types de sols

Les sols de Kinshasa sont généralement pauvres et leur acidité est prononcée et c'est une caractéristique principale des sols tropicaux. Bien que pauvres chimiquement, ces sols sont régulièrement arrosés pendant huit ou neuf mois durant l'année. Ils disposent d'une certaine proportion d'argile. En certains endroits, le sol est argilo-sableux. C'est dans ces endroits qu'il donne de meilleurs rendements agricoles. La forte pluviométrie le lessive et produit une hydrolyse totale des éléments du sol.

La notice explicative de la feuille géologique de Kinshasa (EGOROFF, 1955) note que le schisto-calcaire et toutes les formations antérieures appartenant à l'orogenèse appelée actuellement Ouest-Congolienne fournissent un sol argileux jaune assez stérile, de perméabilité médiocre et directement proportionnelle à la teneur en sable. Tandis que les schisto-gréseux, les argilo-calcaires donnent des sables argileux jaunes ou brun clair peu fertiles et suffisamment perméables. Les sols y sont peu perméables et pauvres excepté dans les formations alluvionnaires et colluvionnaires où ils sont fertiles.

Au sommet des collines les plus élevées et sur les versants des vallées profondes, l'érosion hydrique entaille le relief schisto-gréseux et les massifs anciens. Le profil est rajeuni en permanence par ce phénomène présentant une légère fertilité et une bonne conductivité hydraulique de ces sols. Les types de sols rencontrés dans ces tracés sont sableux grisâtre ou argilo-sableux par endroit. Actuellement, on peut apercevoir des débris plastiques sur ce sol, surtout dans les fonds des vallées, faute d'une politique adéquate de gestion des déchets. Dans la partie basse, on rencontre le sable dit de la Lemba. Le CRGM a analysé quelques échantillons de sols de Mitendi dont les résultats sont présentés au tableau 1.4 (Annexe 1).

 

26

I.6.2 Végétation

La végétation de la région de Kinshasa se compose de forêts, de savanes et de formations semi-aquatiques et aquatiques des vallées du Pool Malebo (COMPERE, 1970 ; PAIN, 1984 ; KIKUFI, 2000 ; KIKUFI & LUKOKI, 2008).

D'après LEBRUN (1947) et DEWRED (1957) cités par ELOFO (2001), la végétation dans la zone collinaire était constituée de graminées avec comme espèces caractéristiques : Laudetia demeusi et Schyzochysium semiberle qui sont des hémicryptophytes cespiteux. Les citadins ont plantés les arbres fruitiers et autres espèces ornementales comme haies vives. L'urbanisation a amené malheureusement la destruction des espèces végétales endémiques au profit des espèces exotiques dans cette ville.

TSHIBANGU et al. (1997), après une étude carto - diachronique de la progression de la déforestation dans la région de Kinshasa entre 1960 et 1987, combinant les travaux de COMPERE (1970), WILMET (1982) et NSEKA (1987) concluent en ces termes : « la superficie des forêts a diminué, passant de 46% en 1960 à 36% en 1982 et à 15% en 1987. La superficie de l'ensemble constitué de la mosaïque forêt/savane et de toutes les formations herbeuses terrestres augmenta, passant successivement de 48% en 1960, à 56% en 1982 et 64% en 1987. Quant à l'unité de végétation aquatique et marécages, sa superficie est restée relativement stable. »

I.7 Evolution démographique et urbanistique de la ville de Kinshasa

I.7.1 Evolution démographique de Kinshasa entre 1881 et 2007

Kinshasa a la réputation d'une ville à expansion rapide : 8,5% en 1976 avec une croissance spatiale annuelle de 9% selon une étude française7 citée par LELO (2009). Au cours de la décennie quatre-vingt dix, on a enregistré 5% de croissance annuelle selon DE SAINT MOULIN (2001) cité par LELO (2009) dont 4,5% d'accroissement naturel et 0,5% de solde migratoire selon l'HVK8 (2007). Il renchérit en disant que selon les projections du FNUAP9 (1996), Kinshasa abritera 10 millions d'habitants en 2015 et figurera parmi les six villes du monde qui vont continuer à se développer à un taux supérieur à 3% par an. Les estimations de l'Hôtel de Ville de Kinshasa selon LELO (2008) donnent à la ville 20 millions d'habitants en 2037 contre 476.819 habitants en 1960.

Le tableau 1.5 montre l'évolution de la population à Kinshasa de 1881 à 2007. Nous avons calculé les taux annuels moyens de croissance qui y sont joints. De là, nous avons obtenu un taux annuel moyen de croissance d'environ 6% entre 1881 et 2007.

7 République française, ministère des Transports, Centre d'études des transports urbains (1982), Manuel d'urbanisme pour les pays en développement, vol.4 <Les transports urbains>, 344pages.

8 HVK : Hôtel de Ville de Kinshasa

9 FNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population.

 

27

Tableau 1.5 : Population et taux de croissance de Kinshasa (1881 - 2000)

 

Année

Population
(hab.)

Taux annuel
moyen de
croissance
(%)

Année

Population
(hab.)

Taux annuel
moyen de
croissance
(%)

 

1881

5 000

-

1960

476 819

3,1

 

1910

10 000

2,3

1965

727 000

7,3

 

1920

15 000

3,8

1970

1 107 641

7,3

 

1925

29 539

12

1975

1 679 091

7,2

 

1930

39 530

5

1980

2 410 552

6,2

 

1940

49 972

2,2

1984

2 664 200

2

 

1945

101 501

12,5

1991

3 119 869

2

 

1950

201 905

12,1

2000

6 062 000

6,9

 

1955

397 970

12

2007

8 000 000

3,5


 

Sources : 1881 - 1980 : MBUMBA (1982), 1984 - 2000 : LELO et al. (2004) et 2007 : HVK(2007)

I.7.2 Extension urbaine de Kinshasa entre 1957 et 2007

Pour obtenir l'extension de la ville, nous avons digitalisé la zone lotie de la région de Kinshasa. Nous nous sommes servis de la mosaïque des photographies aériennes de 1957 et de deux images satellitaires dont la LANDSAT 2 de 1979 et la SPOT 5 de 2006/2007 (Carte 1). Nous n'avons pas trouvé nécessaire de mener une classification du bâti d'autant plus qu'il est plus visible dans notre SIG.

Les résultats sont exposés dans la Carte 1 avec une superficie de 94,20 km2, 305,30 km2 et 442,7 km2 respectivement. Ce qui signifie que la superficie urbaine a évolué de 3,24 fois entre 1957 et 1979, de 1,45 fois entre 1979 et 2007 ainsi que de 4,69 fois soit environ 4,7 fois entre 1957 et 2007. L'espace loti s'est donc accru d'environ 470 % en 50 ans.

Cette extension ne tient pas compte des communes de Maluku et de N'sele qui sont étendues sur la plaine de la rivière N'sele qui est sur le lit majeur du fleuve Congo. Si nous les prenions en considération, nos résultats avoisineraient la superficie urbaine de 600 km2 avancée par LELO & TSHIMANGA (2004).

Le schéma directeur d'aménagement urbain de Kinshasa prévoyait un développement linéaire de l'agglomération vers l'est, au-delà de l'aéroport de Ndjili, axé sur les points forts de Kinkole, Nsele et Maluku (ATLAS DE KINSHASA, 1975). Aussi, avant 1967, la ville se cantonnait-elle exclusivement sur la plaine. Elle grimpera malheureusement vite sur les versants des collines : à Ngaliema d'abord, puis à Kisenso vers les années 1970 et, bien d'autres collines seront finalement à leur tour envahies par un habitat d'auto-construction (NTOMBI & MAKANZU, 2006).

 

28

Carte 1 : Evolution de la ville de Kinshasa entre 1957 et 2007

 

 

L'exode rural, la démographie galopante et la crise du logement ont conduit à cette expansion urbaine voire urbano-rurale sur les collines sableuses, de l'ouest et du sud-ouest de la ville.

29

C'est à cause de cette expansion rapide que sa superficie urbanisée a déjà dépassé 600 km2 sur le total de sa superficie administrative qui est d'environ 10.000 km2. Dans les 600 km2 de la zone agglomérée, les espaces agricoles couvraient au début des années 90 environ 191,5 km2, soit 32,4% de la superficie totale (LELO & TSHIMANGA, 2004). La zone urbaine, qui était de 2% par rapport à la superficie totale en 1960, est passée progressivement à 6% en 1982 puis à 8% en 1987 (TSHIBANGU et al., 1997).

Le Tableau 1.6 nous montre la répartition de l'occupation du sol dans la partie urbaine de Kinshasa et de là, nous apercevons que sur un total de 220 km2 occupé par l'habitat, il n'y a que 31,8% d'habitat planifié. Tout le reste est de l'auto-construction comme le confirment NTOMBI & MAKANZU (2006).

Tableau 1.6 : Occupation du sol dans le district urbain au cours de la décennie quatre-vingt dix

 


 

% sur surface totale

Affectation

Surface

Aires

Aires

Aires


 

en km2

agglomérées

urbano -

Métropolitaines


 

 

(%)

rurales (%)

(%)

Habitat planifié

70

11,9

-

-

Habitat non planifié

150

25,4

-

-

Zones industrielles et commerciales

18

3,1

-

-

Equipement

26

4,4

-

-

Infrastructures de transport

35,1

5,9

-

-

Espaces agricoles

191,5

32,4

-

-

Autres

100

16,9

-

-

Total zone agglomérée

590,6

100

-

5,9

Espaces agricoles

850

-

9,1

-

Espaces d'élevage

360

-

3,8

-

Réserves de terres cultivables

7 112,8

-

25,9

-

Autres (zone non aedificandi +

surfaces d'eau)

1 051,7

-

11,2

-

Total zones urbano - rurales

9 374,6

-

100

94,1

Total aire métropolitaine

9 965,2

-

-

100


 

Source : LELO & TSHIMANGA (2004)

Si à l'époque coloniale et jusqu'à la première décennie de l'indépendance de la RD.Congo, le lotissement de nouveaux sites se faisait avec des règles urbanistiques tout en prévoyant des espaces devant accueillir les infrastructures sociales de base, l'expansion qui commença dans les années septante n'a pas respecté ces normes. L'anarchie a été orchestrée par les chefs coutumiers (propriétaires traditionnels terriens) et s'est poursuivie malgré la loi BAKAJIKA promulguée en 1966 qui accorde à l'Etat seul l'appartenance de terres et du sous - sol congolais.

 

30

Pour paraphraser LELO (2009), cette anarchie foncière a été installée par les chefs coutumiers, en complicité avec certains fonctionnaires de l'Etat, dans les zones périurbaines où la propriété ancestrale/coutumière est très respectée. Et pourtant, les terres appartiennent à l'Etat selon la loi 73 - 021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés. Dès lors, les chefs coutumiers, Teke et Humbu autochtones de Kinshasa, n'avaient plus que le droit de jouissance.

I.8 Kinshasa et les risques naturels

I.8.1 Concepts et définition : aléa, vulnérabilité et risque

OZER (2009) signale que le risque est une notion composite. Car il est le produit d'un aléa et d'une vulnérabilité. L'aléa est un concept relativement récent qui désigne la probabilité d'occurrence d'un phénomène et ce, principalement fonction de l'intensité du phénomène et de son occurrence. Au sens large, la vulnérabilité exprime le niveau de conséquences prévisibles d'un phénomène sur les enjeux qui sont les domaines affectés par le risque et ce, selon la capacité de réponse des sociétés analysées face à des crises potentielles. Ce qui traduit la fragilité d'un système dans son ensemble et, de manière indirecte, sa capacité à surmonter une crise provoquée par un aléa. Bref, plus un système est apte à se rétablir après une catastrophe, moins il est vulnérable. Etant donné que le risque est le produit de l'aléa par la vulnérabilité et donc, il n'est jamais définitif et son appréciation varie dans le temps.

I.8.2 Kinshasa et les risques géomorphologiques

En nous inspirant de MOEYERSONS & TREFOIS (2008), nous pourrions énumérer les dangers ou les risques hydrologiques auxquels une pente est exposée lors d'une augmentation du ruissellement :

- Le ruissellement diffus constitue un premier risque. Il est peu connu que le ruissellement diffus dans la ville de Kinshasa peut prendre l'allure d'un vrai « sheet flood » (McGEE, 1887), mais il se fait que des personnes sont parfois emportées par le courant, ou même des objets lourds comme une camionnette, etc. Aussi, constate - t'on souvent sur les sommets et la partie supérieure des flancs de collines, le déchaussement des maisons ou même de gros arbres ;

- C'est un fait connu que le ruissellement peut se concentrer le long de routes et qu'il se crée ainsi des problèmes de ravinement (MOEYERSONS, 1991). L'érosion hydrique en général et en particulier le ravinement constitue un grand problème dans la ville haute de Kinshasa. Les problèmes corrélatifs sont les dépôts et ensablements dans les vallées et dans la basse ville ;

- Les inondations de cours d'eau et ensablements en basse ville à cause des crues de rivières plus importantes qui jadis n'atteignaient pas une telle ampleur, ...

 

31

? Le ravinement en haute ville

La haute ville connait une forte dissection par des profonds (30 m) et larges (40m) ravins de plusieurs centaines de mètres de long. Ainsi, le site urbain est localement transformé en bad-land. Ces méga-ravins isolent et séparent les quartiers habités en îlots, hypothéquant ainsi tout développement harmonieux de la ville. Sur les flancs des collines et les versants, des torrents modèlent le relief et le paysage de Kinshasa (MITI et al., 2004). Dans leur description, MITI et al. (2004) confondent les glissements de terrain comme le témoignent très souvent leurs loupes observées dans le paysage de Kinshasa et l'érosion ravinante. Car ces deux phénomènes sont encore en activité dans ce paysage.

La Fédération des organisations non gouvernementales laïques à vocation économique du Congo (FOLECO, 2002/2003) signale 212 érosions10. Ce même rapport fait état de 2400 maisons englouties par l'érosion ravinante.

LELO (2008) dénombre 19 grandes érosions en utilisant une méthode d'observation directe sur le terrain tandis que MAKANZU (2008) en a dénombré 22 sur base de la photo - interprétation et qu'il a bien désignées par le terme « ravin.»

L'érosion de la drève de Selembao, commencée en 1990, longue de 1300 mètres et de largeur moyenne de 60 mètres avec une profondeur moyenne de 12 mètres, a déjà causé la mort des 6 personnes et la destruction de 71 logements (STEVENS, 2006). Cette érosion qui semble être maîtrisée pour l'instant grâce aux travaux de génie civil financé par la Banque Mondiale, menaçait de détruire tout un quartier résidentiel de haut standing, planifié, structuré. Au-delà, elle menaçait la route RN1 reliant la ville de Kinshasa aux villes portuaires de Matadi et Boma.

? L'ensablement

De nombreux ravins de grande envergure entaillent les altérites sableuses sur 40 m de profondeur dans la zone à collines de la ville, tandis que les déblais générés par le ravinement ensevelissent l'habitat dans la zone basse et y favorisent des inondations parfois catastrophiques (MITI & ALONI, 2005).

La plupart des bassins versants des parties ouest et sud sont ravinés : Lukunga, Lubudi, Bumbu, Funa, Matete, N'kwambila, N'djili, ... Généralement, ces rivières ont une pente suffisante pour qu'un écoulement puisse s'établir. Mais leur régime est perturbé par le phénomène d'érosion en amont de ces petits bassins versants qui fait naître un débit solide constitué pour la plupart de sable et secondairement de limons. Ce débit crée un encombrement progressif des lits de rivières et par conséquent, on assiste à la naissance de bancs de sable qui augmentent l'envasement des cours d'eau, exhaussent les lits des rivières et

10 Ravins qu'elle appelle érosion

 

32

accroissent le débit à pleins bords. Ce qui amoindrit le débit liquide en aval. L'exemple le plus frappant est celui de la rivière Lukunga où est implantée depuis 1932 la première usine de la régie de distribution d'eau potable de Kinshasa (Régideso) obligeant l'exploitant public de recourir au pompage d'eau du fleuve Congo, compliquant ainsi la chaîne de traitement. NTOMBI & TUMWAKA (2004) conclurent en ces termes : « en conséquence, il est plus que vraisemblable que les nombreux problèmes auxquels est confrontée la Régideso, notamment ceux aujourd'hui avec l'usine de Lukunga, procèdent fondamentalement d'une approche de la géologie environnementale urbaine et dont la mauvaise occupation des surfaces marginales constitue la clé de voûte ». Aussi, ce phénomène est accentué par l'apport des déchets ménagers et autres ordures. Ce qui accentue le phénomène d'inondations des quartiers de la plaine de Kinshasa : Bandalungwa, Lingwala, Ngiri Ngiri, Kasa Vubu, ... Perturbant parfois, la fourniture électrique sinon occasionnant des cas d'électrocution.

L'accumulation des matériaux arrachés sur les versants est matérialisée par l'envasement du réseau du drainage, débordement du débit à pleins à bords et par des pavages en bancs de sable. A Pompage, au quartier Kinsuka dans la commune de Ngaliema, le mesurage systématique dans le canal d'alimentation de la Régideso sur la rivière Lukunga pendant les mois de juillet, août, novembre et décembre 1998, donne un total de 4.035,6 tonnes de sable charrié par le cours d'eau (MAKANZU, 2004).

? Les inondations

Il existe différents types d'inondation à Kinshasa ; notamment :

- des crues de rivières : N'djili et le Pool Malebo dues aux pluies qui s'abattent en amont ;

- par des crues de remous de la N'djili dues aux inondations du Pool Malebo suite aux hautes eaux venant des affluents comme l'Oubangui ;

- par des débits à pleins bords des cours d'eau locaux dues aux pluies locales.

Ainsi, malgré une pente suffisante (2,3 - 7%) du réseau hydrographique pour évacuer les pluies les plus importantes dans un laps de temps évalué à 24 heures (VAN CAILLIE, 1983), on enregistre très souvent lors de pluies d'une certaine intensité des inondations dans la ville basse en novembre et décembre. Dans certains quartiers cependant, l'évacuation de plus fortes pluies est insuffisante, car les fossés de drainage sont encombrés de sable ou de débris divers. Ailleurs, l'érosion généralisée du sol a abaissé certains quartiers de 20 à 50 cm sous le niveau originel, favorisant leur inondation lors des pluies qui ne sont plus évacuées (VAN CAILLIE, 1983).

Les inondations provoquées par le débordement du débit à pleins bords et ensablements jamais vécus à Kinshasa se sont produits les 13 et 20 mai 1990 et le 17 mai 2001 en aval de la rivière Lubudi (appelé communément Makelele à Kinshasa). Ils ont gravement touché le quartier Lubudi et Makelele de la commune de Bandalungwa s'étendant sur une superficie de 11,2 hectares à une distance moyenne de plus ou moins 90 mètres du lit mineur où une

 

33

épaisseur moyenne de 66,5 cm d'enfouissement sableux des habitations a été calculée. On enregistra la mort de 33 personnes, d'une vingtaine des disparus, 1070 familles sinistrées et les pertes matérielles estimées à 1.005.800 dollars américains ; hormis les diplômes, brevets, attestations et autres documents de grande valeur difficile à estimer en terme monétaire (KODIAWILA, 2009). Ces catastrophes étaient dues à la suite des pluies diluviennes. Au pluviomètre, on enregistra 142,3 mm le 13 mai 1990, 96,7 mm au 20 mai 1990 et 212 mm le 17 mai 2001. Le phénomène n'est pas différent de celui qui est décrit par MOEYERSONS & TREFOIS (2008) : les lits de rivière, en aval des sources, s'adaptent aux nouvelles conditions hydrauliques créées par l'occurrence des inondations des cours d'eau. Dans les terrains plats, les crues subites conduisent à l'élargissement des chenaux de cours d'eau et l'installation des systèmes de rivières en tresse. L'érosion latérale va de pair avec une forte accumulation dans les radiers. Dans des zones escarpées, les crues subites contribuent à l'érosion verticale active, ce qui conduit la plupart du temps aussi à des instabilités de pente et par conséquent des mouvements de masse.

Les observations du niveau d'eau au port public de Kinshasa nous renseignent que sa variation annuelle entre les saisons des pluies et sèches est d'environ trois mètres et que la différence entre le niveau d'eau maximum et minimum connue est d'environ six mètres selon MBOKOLO (2003). En saison des pluies, une influence par remous, appelée aussi contre courant, dans la partie allant de Masina Pétro - Congo à Kingabwa-Pêcheurs et donc, en aval de quelques petites rivières traversant la ville de Kinshasa, crée durant des mois (Mi-novembre - début janvier) par moment des inondations des quartiers et périmètres maraîchers riverains du fleuve. Cette inondation par remous des eaux du fleuve Congo, remonte parfois sur la rivière N'djili jusqu'à inonder le quartier Limete/Salonga en aval du pont N'djili qui relie Kinshasa Est et Ouest. L'analyse de la Planche II Hydrologie de la carte géomorphologique et géotechnique de la ville de Kinshasa réalisée par VAN CAILLIE (1976/77) nous renseigne qu'en ces endroits, la profondeur de la nappe souterraine au repos varie entre 0 et 2 m voire 4 m. Ces inondations sont exacerbées par la saturation du sol due par des remontées de la nappe phréatique lors des événements pluvieux exceptionnels.

I.9 Conclusion partielle

De ce chapitre, nous pouvons retenir que beaucoup de difficultés environnementales de Kinshasa sont dues à l'extension de la ville dans les collines causée par une démographie sans cesse galopante. Si la ville s'était limitée dans la plaine, le ravinement et les ensablements ainsi que inondations corrélatifs en basse ville n'auraient pas lieu. Un autre problème se dessine également avec l'installation de la population dans les cirques d'érosion qui sont des formes de relief actives. Pourtant les cirques d'érosion se dégradent par glissements de terrain qui sont des phénomènes beaucoup plus catastrophiques que le ravinement.

 

34

CHAPITRE II : INVENTAIRE DES RAVINS À KINSHASA

II.1 Introduction

L'inventaire des ravins à travers la ville de Kinshasa est une des préoccupations principales de ce travail. Ce dernier est le premier qui aborde l'étude du ravinement en commençant par cet aspect et ce, à travers la ville. Car des études sectorielles ont souvent été menées par NTOMBI et al. (2004 ; 2006), MITI et al. (2004 ; 2005), LUKIDIA et al (1996 ; 2008), LELO et al. (2004 ; 2008 ; 2009) mais aucune d'entre elles n'intègre l'aspect cartographique spatial et quantitatif, se limitant à une description qualitative du phénomène et/ou des analyses empiriques. Excepté, l'étude que mène MWANZA (2010) parallèlement à celle - ci mais en ne considérant que le bassin versant de la Bumbu. L'inventaire établi par VAN CAILLIE (1977) est un point de référence mais est devenu obsolète. Le milieu ayant subi des transformations au fil du temps, une actualisation s'avère nécessaire.

Nous avons pensé que l'étude du phénomène de l'érosion hydrique et sa plus grande manifestation qu'est le ravinement devrait commencer par un inventaire basé sur un système d'information géographique (SIG). Cela permet d'estimer en termes quantitatifs la gravité ou l'ampleur du problème. Mais aussi montrer des relations intéressantes qui pourraient peut-être se révéler causales entre la localisation des ravins et les structures urbaines. Aussi, un autre aspect à vérifier est la topographie du terrain.

En considérant 2007 comme année de référence, nous avons vérifié si les ravins de 2007 étaient déjà visibles sur les photographies aériennes de 1957 quand de vastes étendues de la région actuellement urbanisée ou lotie étaient encore sous forêt ou sous plantations de palmiers.

II.2 Matériaux et méthodes

II.2.1 Généralités

La détection à distance appelée communément « télédétection » rassemble toutes les techniques employant les ondes électromagnétiques (lumière, chaleur, ondes radio, ...) permettant d'obtenir des informations relatives à un objet sans être en contact direct avec lui (OZER, 2009 ; CORNET, 2010). Le terme est réservé aux observations effectuées au départ de capteurs installés sur des vecteurs tels que les avions et les satellites (CORNET, 2010). La photographie aérienne et les images satellitaires en sont les principales applications et fournissent d'abondantes informations sur l'occupation du sol. Elles permettent ainsi un suivi régulier de différents phénomènes tant naturels qu'anthropiques se manifestant à la surface de la terre notamment les géo-climato-risques à l'instar des érosions ravinantes en milieu urbain.

 

35

Le Système d'Information Géographique (SIG) est un système informatique permettant, à partir de diverses sources, de rassembler et d'organiser, de gérer, d'analyser et de combiner, d'élaborer et de présenter des informations localisées géographiquement, contribuant notamment à la gestion de l'espace (Société française de photogrammétrie et télédétection, 1989 citée par HABERT, 2000). Par ailleurs, le Système d'Information Géographique peut être très simplement défini comme un outil informatique qui permet d'intégrer, de localiser, d'analyser et de représenter des données qui ont ou non une dimension géographique (MIDEKOR & WELLENS, 2007). Tandis que LEJEUNE (2010) le définit comme étant un « Système informatique conçu pour permettre la collecte, la gestion, la manipulation, l'analyse, la modélisation et l'affichage de données à référence spatiale afin de résoudre des problèmes complexes d'aménagement et de gestion.»

II.2.2 Acquisition des données pour l'étude

? Caractéristiques des données acquises

Les tableaux 2.1 et 2.2 reprennent les différentes caractéristiques des données qui nous ont servi à effectuer ce travail notamment les images, les photographies aériennes et les différentes cartes de Kinshasa.

Tableau 2.1 : Caractéristiques des images satellitaires

 

Satellite
et détecteur

Date d'acquisition

Heure
d'acquisition

Caractéristiques des bandes

Résolution
spatiale


 

Longueur
d'onde


 

Left : 10/03/2006

et

Right : 31/03/2007

09h35'10"

et

09h11'19"

Bande 5 (PAN)

0.48 - 0.71um

5 m

 

LANDSAT 2
MSS

18/03./1979

08h17'04"

Bande 1 (vert)

0.50 - 0.60um

60 m


 

0.60 - 0.70um


 

0.70 - 0.80um


 

0.80- 1.10um


 

N.B.: HRG = High Resolution Geometric MSS = Multi Spectral Scanner

Tableau 2.2 : Caractéristiques des autres données utilisées

 

Type de données

Année

Echelle

Auteur

Photographies aériennes

1957

1/20.000

I.G.C.B11

Feuille géologique de Kinshasa S5/15

1963

1/200.000

M..R.A.C

Planche géotechnique de Kinshasa

1976 - 1977

1/20.000

V. CAILLIE/T.P.A.T


 

 

11 I.G.C.B : Institut Géographique du Congo Belge.

 

36

? Matériaux et méthodes de traitement des données

Les données images dont nous disposions n'ont pas subi de traitements spéciaux. Pour ce qui est des images SPOT 5, étant donné qu'elles sont destinées au calcul du modèle numérique de terrain (MNT) de Kinshasa, leur prise de vue était oblique avec un angle d'incidence de + 25.16° pour l'image Left et - 22.18° pour l'image Right. De ce couple stéréoscopique, nous avons obtenu l'image SPOT 5 panchromatique (Annexe 2).

Nous trouvant dans la région de Kinshasa et ce, un peu plus éloigné de l'Equateur géographique, il aurait fallu travailler avec une Projection cylindrique Transversale soit avec Transverse Mercator TM16. Mais une convention de l'Institut Géographique Congolais (IGC) nous recommande d'effectuer la projection avec Universal Transverse Mercator UTM WGS 1984 Zone 33S. Sur base de 19 points de contrôle au sol (Ground control points - GCP) avec un DGPS12 Pathfinder Pro Series, l'image SPOT 5 a ainsi été géoréférencée. De là, nous avons importé la projection de notre image SPOT 5 géoréférencée à l'image LANDSAT 2 (Annexe 3) ainsi qu'à la mosaïque de photographies aériennes (Annexe 4) obtenue sur base d'une série de 321 clichés de Kinshasa (Léopoldville à l'époque), et toutes les autres cartes qui ont servi à ce travail notamment la feuille géologique, la planche géotechnique, etc. Toutes ces opérations ont été effectuées à l'aide du logiciel ArcGis 9.2 et 9.3.

Avec le logiciel ENVI 4.3, nous avons subdivisé l'image SPOT en grille de 600 pixels donnant un total de 129 stéréo - paires spatiales à la même échelle que les photographies aériennes pour faciliter l'observation avec le stéréoscope binoculaire. La validation des ravins identifiés s'est faite comme suit :

- par la vérité terrain étant donné que nous avions effectué au préalable quelques descentes sur les sites ;

- par une mosaïque Google Earth de 2008 avec une résolution de 1 m de la région de Kinshasa (Annexe 7) obtenue au MRAC ;

- dans la phase finale, nous avons interprété l'anaglyphe (Annexe 6), pour une vue stéréoscopique, fabriqué sur base des images SPOT 5 de 2006/2007 par Mr. Philippe TREFOIS, qui s'est avéré plus facile que le stéréoscope ordinaire.

Comme l'image SPOT avait une précision de 5 m, les ravins plus petits ne pouvaient pas être aperçus. Néanmoins, notre inventaire loin d'être exhaustif est réaliste car MWANZA (2010) travaillant sur le bassin de la Bumbu avec une image QUICK BIRD panchromatique à résolution spatiale de 0,6 m en a identifié 70 avec le logiciel ArcGis 9.2. Mais, il a atteint ce chiffre après avoir effectué l'étape de vérité terrain et de la cartographie participative avec les habitants des quartiers riverains.

12 DGPS : Differential Global Positionning System (Système de positionnement global différentiel)

 

 

Site Mataba

Lovanium = actuelle UNIKIN

Figure 2.1 : Sites Mataba et Laloux à Binza sur les photographies aériennes de 1957

Site Laloux

Figure 2.2 : Campus universitaire de Kinshasa au Mont Amba sur les photographies aériennes de 1957

37

II.3 Résultat : Inventaire sous SIG de ravins et leurs modes de développement

II.3.1 Elaboration de la carte de distribution spatiale des ravins

A l'aide du logiciel ArcGis 9.3, nous avons pu digitaliser les ravins perceptibles sur l'image Spot 5 de 2006/2007 à notre disposition. La carte 2 présente la distribution spatiale des ravins caractéristiques des zones collinaires de la ville de Kinshasa.

Il y a lieu de souligner qu'aucun de ces ravins n'existe sur les espaces lotis perceptibles sur la mosaïque des photographies aériennes de 1957. La plupart des sites ravinés à ces jours étaient sous couvert végétal en 1957. Excepté les sites Mataba/Djelo Binza (Figure 2.1), campus universitaire/Mont Amba (Figure 2.2) où l'on trouve déjà des constructions et le site Laloux/Binza Delvaux (Figure 2.1) qui est sous plantation.

38

Carte 2 : Distribution spatiale des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007

 

39

II.3.2 Distribution spatiale et caractéristiques des ravins inventoriés

La carte 3 présente la répartition des ravins par bassin versant. Tandis que le tableau 2.3 (Annexe 8) expose leurs caractéristiques que nous reprenons sur la carte 4 dans la zone d'étude. Nous y avons dénombré un total de 307 ravins. Cet inventaire, loin d'être exhaustif, présente d'ores et déjà une situation réelle sur le terrain : une situation préoccupante voire catastrophique.

Sur base de la distribution spatiale des ravins par bassin versant (Tableau 2.4), nous avons tiré les renseignements suivants :

· le bassin de la rivière Lukunga avec 68 ravins dont 49 actifs ;

· le bassin de la Lubudi (appelé communément Makelele) en compte 44 dont 8 actifs ;

· le bassin de la Bumbu en a 59 dont 39 actifs ;

· le bassin de la Funa compte 38 ravins dont 34 actifs ;

· le bassin de la rivière Matete (affluent de la rivière Nd'jili) : 31 ravins dont 17 actifs ;

· le bassin de la N'kwambila (petit affluent de la N'djili) : 12 ravins tous actifs ;

· le bassin de la Tshangu (cours supérieur) : 20 ravins tous actifs ;

· le bassin de la N'djili (à la hauteur de Kinshasa_N'djili où se trouvent les cimetières de Kimbanseke et Matete) : 19 ravins dont 17 actifs.

Tableau 2.4 : Distribution spatiale des ravins en bassin versant

 

Bassin versant

Ravin

Total

%

Actif

Stable

Bumbu

39

20

59

19.2

Funa

34

4

38

12.4

Lubudi

8

36

44

14.3

Lukaya

2

0

2

0.7

Lukunga (+ Binza)

49

19

68

22.1

Lutendele

6

0

6

2.0

Mampenza

1

0

1

0.3

Matete_N'djili

17

14

31

10.1

Mumfu_N'djili

3

2

5

1.6

N'djili (Aval)

17

3

19

6.2

N'kwambila_N'djili

12

0

12

3.9

Tshangu

20

0

20

6.5

Tshuenge

2

0

2

0,7

Total général

209

98

307

100

%

68.1

31.9

100

-

Par ravin « stable », nous désignons tout ravin qui est actuellement en non activité érosive suite à la colonisation par la végétation. Mais cet état change au cas où les conditions du milieu sont transformées. L'érosion hydrique peut reprendre après une forte pluie et le ravin devient actif. Ainsi, pour beaucoup de ravins à Kinshasa, leur stabilité n'est qu'apparente et temporaire.

40

Carte 3 : Répartition des ravins inventoriés en bassin versant

41

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007

42

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 (Zone 1)

43

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 (Zone 2)

44

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 (Zone 3)

45

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 (Zone 4)

46

Carte 4 : Caractéristiques des ravins inventoriés à Kinshasa en 2007 (Zone 5)

47

Légende

Symbologie Types de ravin

et route

Actif, Non

Actif, Oui_A

Actif, Oui_N

Stable, Oui_A

Stable, Oui_N

Explication

Ravin actif (Erosion en activité) et absence d'une route proche sur la mosaïque des photographies aériennes de 1957 et sur la SPOT de 2006/2007

Ravin actif et présence d'une ancienne route qui existe déjà sur la mosaïque des photographies aériennes de 1957 et existant toujours en 2007

Ravin actif et présence d'une nouvelle route remarquable sur la SPOT de 2006/2007

Ravin stable (Stabilité apparente et souvent temporaire) et présence d'une ancienne route qui existe déjà sur la mosaïque des photographies aériennes de 1957 et existant toujours en 2007

Ravin stable et présence d'une nouvelle route remarquable sur la SPOT de 2006/2007

48

II.4 Carte des ravins établie et l'inventaire de VAN CAILLIE

Nous menons une comparaison entre les ravins observés par VAN CAILLIE qui se trouvent sur la carte géotechnique qu'il a établie en 1976/77, à laquelle il se réfère dans sa thèse de doctorat (VAN CAILLIE, 1983) et qui a été publiée par l'IGNB/Bruxelles en 1988. Cette comparaison nous permet de tirer les enseignements suivants :

- toutes les zones ravinées de VAN CAILLIE (1977) sont confirmées par notre carte à l'exception de la zone est qui correspond à la rive droite de la N'djili dans la commune portant le même nom et dans les communes voisines de Kimbanseke et Masina. Pourtant cette partie de la ville ne peut pas présenter de ravinements si l'on s'en tient à sa morphologie générale qui est la plaine de N'djili - N'sele. Une analyse minutieuse nous permet de situer ce développement, pour la plupart de cas, sur des sites se trouvant aux approches des berges de cours d'eau. La topographie y permet un développement de l'écoulement des eaux à l'instar de la N'djili elle -même, la Tshangu et ses affluents dont Mangu ;

- dans la ville haute, notre carte de distribution spatiale (Carte 2) montre des ravins bien au-delà de ses observations surtout dans les zones sud-ouest, sud et sud-est. Ces zones seraient déjà loties en 1977 puisqu'elles sont contenues dans l'extension de la ville en 1979 et voire même quelques îlots (2 au total) dès l'extension de 1957 ;

- au total, il en a dénombré 317 mais nous n'en avons que 307. La différence de 10 ravins serait due à la méthode utilisée pour leur cartographie. VAN CAILLIE menait une cartographie participative sur terrain tandis que nous avons usé la télédétection. Il comptait les ravins par tête d'érosion ; ce qui n'est pas le cas avec nous qui regroupons les têtes d'érosion par ravin. Aussi, nous pensons que certains petits ravins en se développant se seraient capturés donnant naissance à des ravins de grandes dimensions. Ce qui expliquerait le nombre très réduit de ravins au moment où l'on s'attendrait à un chiffre beaucoup plus important.

II.5 Dimensionnement et détermination des volumes des ravins

Nous déterminons la longueur totale et les volumes totaux érodés par les méthodes ci-après :

- avec les polygones : sur base des mesures des ravins (longueur, largeur, on calcule la superficie) ;

- la table d'attributs avec l'outil de « calcul géométrique » par calcul automatique en ArcGis : on obtient aussi la superficie ;

- connaissant la forme en V de la plupart de ravins à Kinshasa, l'angle moyen formé est
de 35° ; la profondeur serait égale au produit de l'angle de la largeur sur deux soit

P?tang35?? l

2

49

Où = profondeur du ravin

= sa largeur

- de ce qui précède, on peut ainsi obtenir le volume des matériaux érodés.

En cumulant la distance longitudinale érodée par ces 307 ravins, nous obtenons 94 478 mètres soit environ 94,5 km. Leur superficie atteint 1 979 154 m2 soit 1,98 km2 (Cfr. Tableau 2.3). La profondeur moyenne et la largeur moyenne trouvées étant respectivement de 7,36 m et 20,95 m, le volume est d'environ 7 258 811 m3. La densité de ravinement est de 0,4 km par km2.

II.6 Impact économique du ravinement

Tout cela n'est pas exempt de conséquences sur le plan socio - économique et infrastructurel voire le développement urbanistique de Kinshasa.

Faute d'une enquête sur terrain, nous avons mené une simulation qui n'est pas loin de la réalité kinoise. Etant donné que ce phénomène de ravinement extrême se manifeste en plein espace habité, si nous considérons 25 maisons détruites par kilomètre de part et d'autre du ravin, nous obtiendrons 50 maisons détruites au kilomètre. Soit 50 maisons x 94.5 km = 4725 maisons détruites en 50 ans ou 94,5 soit 95 maisons par an. Une maison coûte en moyenne 12500 euros dans le quartier périphérique bien que certains ravins puissent se trouver dans des quartiers nantis de la ville de Kinshasa (Figure 2.3 à gauche). Il y aurait 12 500 euros13 x 95 = 1 187 500 euros soit environ 1 200 000 euros par an de perte en habitat (1 Euro = 1,20 Usd).

Figure 2.3 : Destruction des maisons dans le quartier Binza/Delvaux à gauche,
et à droite, route Kimwenza coupée (Photos Fils MAKANZU, CRGM_2009)

13 Ce montant est presqu'équivalent à un demi - terrain (20 m x 15 m) non encore mis en valeur dans les quartiers de bas standing de la ville de Kinshasa à l'instar de Kisenso, Kindele, ...

50

Ceci sans tenir compte de voies de communication détruites dont certaines étaient asphaltées telles que sur les avenues Laloux à Binza Delvaux (un tronçon de plus d'un km détruit), De l'école à Binza Ozone (un tronçon de 165 m de route détruite empêchant la mobilité dans ce quartier), Kimwenza (500 m de route coupée, Figure 2.3 à droite), Libération ou Ex - 24 Novembre (après un orage et en une nuit, emportée par la formation d'un ravin de 400 m de long et de 20 - 30 m de large en 1973 (PAIN, 1984)), ...

D'autres impacts sont :

- la chute des poteaux servant au transport des câbles électriques par la SNEL14 laissant des quartiers entiers dans l'obscurité et ainsi créant une insécurité croissante (Figure 2.4 à gauche) ;

- la coupure des tuyaux de raccordement de l'eau potable de la RÉGIDESO15 (Figure 2.4 à droite) obligeant les habitants à parcourir des distances énormes pour s'approvisionner. Parfois, ils recourent à des sources non protégées avec comme conséquence l'apparition des maladies hydriques (dysenterie amibienne, fièvre typhoïde, ...), etc.

Figure 2.4 : Chute des pylônes de la SNEL (Photo Ph. TREFOIS, MRAC_2003) à gauche, et à droite, tuyau de raccordement en eau potable en déséquilibre (Photo Aimé MWANZA, PIC KINEROSION_2007)

La Banque Mondiale par l'entremise du Programme Multisectoriel d'Urgence de Réhabilitation et de Reconstruction (PMURR) sous le projet de l'Association Internationale de Développement (IDA) a accordé un financement de 291 millions de dollars américains pour la réhabilitation de quelques infrastructures. De ce montant, 10 millions ont été alloués aux travaux de stabilisation de la seule érosion de la Drève de Selembao en 2004.

14 SNEL : Société nationale d'électricité

15 REGIDESO : Régie de distribution d'eau potable en République Démocratique du Congo

51

La Direction Générale de la Coopération au Développement du Royaume de Belgique (DGCD/Belgique) a alloué un montant de 3 millions d'euros au Fonds social urbain à Kisenso (FSU/Kisenso). De ce financement, 2,1 millions ont été destinés aux différents micro-projets pour lesquels 17% ont servi à la lutte anti-érosive entre 2001 et 2005.

L'érosion de Mataba I dans la commune de Ngaliema a déjà englouti 2 millions de dollars américains financés par la Belgique pour les études menées par l'OVD et le PNUD en 2003 et 5,8 millions de dollars américains des fonds Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) pour des travaux de stabilisation en début 2006 (STEVENS, 2006).

Nous ne disposons pas des données chiffrées engagées dans la lutte anti - érosive antérieure pour les autres sites. Nous présentons au Tableau 2.5 les frais prévus pour continuer la lutte et ainsi endiguer ce phénomène de ravinement spectaculaire à travers la ville de Kinshasa. Le montant recherché pour endiguer les ravins équivaut à 29.5% du budget quinquennal du gouvernement provincial qui est évalué à 1 527 892 349 dollars américains.

Tableau 2.5 : Budget projeté pour les travaux de lutte anti-érosive

 

Institution

Nombre de sites

Montant en USD16

Commission chargée de la LAE17

26

1

459

079,98

Programme quinquennal de l'OVD18

47

110

477

518,82

Hôtel de Ville de Kinshasa (HVK)19

2520

451

000

000,00

Au tableau 2.6, nous présentons des projets et les financements recherchés par l'Hôtel de Ville de Kinshasa pour leur réalisation. On comprend bien que les infrastructures de base font défaut dans cette ville. Les frais alloués jusqu'ici dans la lutte anti-érosive pouvaient tant soit peu soulager la misère des habitants. Aussi, le budget alloué pour ces projets sociaux soit environ 29,4% du budget quinquennal équivaut presque à celui recherché pour endiguer l'érosion.

16 USD : dollars américains

17 Commission chargée de la Lutte anti érosive, Tableau des répartitions financières des matériaux, du matériel végétal par site érosif, érosion pour la ville de Kinshasa, octobre 2007

18 OVD, Programme quinquennal : Etat de lieux des érosions dans la ville province de Kinshasa, décembre 2006

19 HVK, Programme du gouvernement provincial de Kinshasa 2007 - 2011, mai 2007

20 HVK a dû effectuer un regroupement par quartiers ainsi Kisenso seul en a 66

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Tableau 2.6 : Dépenses prévues pour quelques investissements dans la ville

 

Domaine

Quantité

Montant
en USD

1

Construction de quelques routes et ouvrages connexes à

travers la ville pour désengorger celles existantes et
désenclaver certains quartiers

247,3 km

237 682 786

2

Construction de quelques ouvrages de franchissement

12 ponts

6 050 000

3

Construction de logements de type « Habitat à loyer


 

 

 

modéré » HLM

-

65 000 000

4

Eau et énergie

-

58 265 270

5

Santé

-

81 772 225

Total

448 770 281

Source : HVK (2007)

II.7 Conclusion partielle

La télédétection et le SIG viennent de s'avérer comme étant des outils non négligeables d'analyse spatio - temporelle afin de suivre l'évolution diachronique de la dégradation du milieu urbain à l'instar de la ville de Kinshasa entre 1957 et 2007. Au total, nous avons décelé 307 ravins sur l'image SPOT 5 avec une précision de 5 m, déchirant la haute ville en 2007. Nous avons pu confronter notre inventaire à celui de 1976-77 mené par M. Xavier VAN CAILLIE. Contrairement à ce dernier, notre carte montre des ravins dans des zones situées bien au-delà de ses observations qui pourtant étaient loties bien avant qu'il établisse sa carte.

Nos calculs se basent sur la moyenne des cinquante dernières années. Aussi, nous sommes sans ignorer si l'intensité du ravinement n'a pas augmenté linéairement mais progressivement. Une perte d'investissements dans le secteur de l'habitat évaluée à environ 1 200 000 d'euros par an est énorme. Cela pourrait freiner considérablement le développement durable de la zone urbanisée de Kinshasa quand on sait que le pays n'a aucun projet en exécution dans ce domaine depuis plus de vingt ans.

Par ailleurs, des millions de dollars américains sont engloutis de temps à autre pour endiguer l'érosion ravinante. Pourtant, avec cet argent, la ville pourrait bien résoudre certains problèmes auxquels elle fait face. Nous pouvons citer le désenclavement de certains quartiers, la construction des logements sociaux, la réhabilitation des formations hospitalières et autres fournitures en eau et électricité, ...

53

CHAPITRE III : PRINCIPALES CAUSES DU RAVINEMENT A KINSHASA

III.1 Introduction

A partir de notre SIG, nous menons une analyse comparative entre la carte géologique (lithologie) et la carte des ravins d'une part et d'autre part entre la carte des ravins et la carte géotechnique (particulièrement la « pente » des versants) de la ville de Kinshasa. En plus, nous confrontons la carte de ravinement et la structure urbaine notamment les infrastructures routières afin de dénicher les éventuelles relations de causalité.

Nous exposons quelques techniques de lutte anti-érosive mises en oeuvre pour remédier à cette situation.

III.2 Comparaison de la distribution des ravins avec la géologie et la carte géotechnique

III.2.1 Géologie et ravinement

La combinaison de la carte de distribution spatiale des ravins et de la géologie de Kinshasa permet d'établir la carte 5 qui nous livre les renseignements ci -après :

- aucun ravin n'est perceptible ou ne se matérialise sur les alluvions de moyennes terrasses et alluvions anciennes du Pool Malebo datant de l'Holocène au Pliocène : c'est dans la zone de plaine peut-être comme elles ne sont pas mises en relief contrairement à Lisala (SMETS, 2009 sur www.metafro.be/geopic) ;

- le ravinement se manifeste à Ngaliema (Binza Ozone, Binza Delvaux, Djelo Binza, Binza UPN, ...) et à Mont Ngafula tout autour des sables plus ou moins argileux, reposant sur des aplanissements d'érosion datant de l'Holocène au Pliocène. Ces ravins se disposent sous forme d'une auréole sur les flancs des Monts Ngaliema et Ngafula ;

- le ravinement à Kisenso ne forme pas d'auréole mais attaque même le plateau des sables sur grès tendre ;

- ce phénomène de ravinement n'attaque pas la Série de l'Inkisi (faisant partie du Système schisto - gréseux) en bordure du fleuve Congo vers la partie ouest du Pool. Pourtant cette zone concentre déjà une forte urbanisation avec les quartiers Mbudi, Kinsuka et Lutendele.

Le sable étant du matériau meuble et non cimenté, il est susceptible à l'érosion hydrique alors que le sol n'est pas suffisamment couvert par la végétation. Ce sable repose très souvent sur substrat peu perméable avec une nappe phréatique perchée.

54

Carte 5 : Les formations géologiques de Kinshasa et la distribution spatiale
des ravins en 2007

55

CÉNDLOIQUE ET MESOZOÎQUE IPRECAMBRIEN

HOLOCENE A PLIOCENE 9Par 4 SYSTEPi E SCHISra.6RESEUx I-'

 


 

 

 

 

SÉRIE DE LkNKISI

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56

III.2.2 Géotechnique et ravinement

Excepté deux ravins stables dans le bassin inférieur de la Lubudi, qui ne sont pas dans la zone des collines, en ne considérant que l'aspect « pente de terrain » sur la carte géotechnique de Kinshasa, nous avons établi la Carte 6 qui nous montre les conditions dans lesquelles le ravinement apparait :

- entre 5 et 7,5% de pente, il y a quelques ravins déjà à Kimbanseke, Makala, ...

- entre 7,5 et 10% de pente, on perçoit assez de ravins notamment à Kisenso, Mont Amba (Campus universitaire de Kinshasa et environs), Mont Ngafula, Ngaliema, ...

- entre 10 et 12,5% de pente, le phénomène est très caractéristique à Kimbanseke, Kisenso, Mont Amba, Mont Ngafula, Bumbu, Selembao, ...

- entre 12,5 et 15% de pente à Ngaliema.

La pente considérée est celle des versants affectés et non celle du profil des ravins. Nous remarquons que les têtes de ravins Mataba et Laloux à Binza (Figure 3.1) se trouvent entre 5 et 7,5% de pente bien que celle de Laloux ait déjà dépassé cette zone pour inciser des parties moins pentues. Les têtes qui ravinent les sites de l'Arrêt CUK et du Home X au Mont Amba, à la rive gauche de la Funa en face du Monastère Notre Dame de PRIEURET et les Symphonies naturelles 1 sont sur une pente de 12,5 à 15%.

Figure 3.1 : Localisation des têtes de ravins Mataba et Laloux

100 m

Source : Copie d'écran sur Google Earth 2010/Image Digital Globe 2010

Un sol argilo-sableux tel que celui de Kinshasa est fortement érodable et décomposable sous l'action des eaux de ruissellement sur des pentes de plus de 9 à 12 voire 13% qui correspondent à la valeur limite de l'infiltration aisée des eaux et au début de la concentration du ruissellement (VAN CAILLIE, 1990).

57

Carte 6 : La géotechnique de Kinshasa (pente) et la distribution spatiale
des ravins en 2007

58

59

LA ZONE DES COLLINES

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60

III.3 Relations entre les trajectoires des ravins et les structures urbaines

En recherchant les indices qui peuvent nous aider à déceler les éventuelles causes de l'érosion ravinante dans cette ville, nous sommes arrivés à établir le tableau 3.1.

Tableau 3.1 : Route et érosion ravinante

 

Route

Ravin

Total

%

Actif

Stable

Non21

16

0

16

5,2

Oui_A22

37

34

71

23,1

Oui_N23

156

64

220

71,7

Total

209

98

307


 

général


 

 

 

100

%

68,1

31,9

100


 

Ce qui nous renseigne sur ce qui suit :

- 16 ravins sur 307 dont tous actifs représentant 5,2% se trouvent sur un espace loin d'une route ;

- 71 ravins sur 307 dont 37 actifs et 34 stables soit 23,1 % sont aux environs d'une route qui est déjà présente en 1957 ;

- 220 ravins sur 307 dont 156 actifs et 64 stables qui font 71,7% sont aux environs d'une route qui serait tracée après 1957 ;

- 291 sur 307 ravins représentant 94,8% de ravins se trouvent aux environs d'une route qu'elle soit ancienne ou nouvelle ;

- 209 ravins sur 307 représentant environ 68,1% sont actifs et 98 semblent être stables et c'est - à - dire qui ne sont pas actifs momentanément.

Le qualificatif « stable » utilisé désigne le ravin qui ne présente pas d'activité pour le moment mais qui pourrait changer selon les conditions hydrologiques du milieu. Ainsi, un ravin dit stable aujourd'hui, peut se révéler en activité demain. Quand il n'y a pas de traces fraiches d'incisions et que la végétation a colonisé le site ou les parois du ravin, nous le qualifions de « stable. »

21 Non = Absence d'une route (Route, rue, ruelle, piste piétonne, sentier, ...) ni en 1957 ni en 2007

22 Oui_A = Présence d'une ancienne route (Existant sur la mosaïque photo - aérienne de 1957 et qui existe toujours en 2007)

23 Oui_N = Présence d'une nouvelle route (Tracée après 1957 et donc présente sur la SPOT 5 de 2006 -2007)

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III.4 Techniques de lutte anti - érosive appliquées

La population s'organise avec des moyens de bord en communauté de base pour lutter contre l'érosion hydrique. Elle est appuyée par des représentations diplomatiques ou religieuses installées dans la ville. L'Office de Voirie et Drainage n'intervient que pour des cas où une route d'intérêt général est menacée d'être coupée ou un ravin qui se déclenche dans un quartier nanti à l'instar du site Mataba à Djelo Binza (Figure 3.2), Drève de Selembao à Binza/UPN, ...

Figure 3.2 : Localisation des têtes du ravin Mataba par rapport à la Route nationale 1

250 m

Source : Copie d'écran sur Google Earth 2010/Image Digital Globe 2010

La littérature scientifique signale une discussion sur le développement des ravins à la suite de l'érosion par le ruissellement à partir de la surface de pente ou à la suite d'un sapement par les eaux souterraines (VAN ASCII et al., 1999). A Kinshasa, le contexte hydrogéologique rend les deux possibles. Mais, curieusement, toutes les méthodes de lutte appliquées sont essentiellement destinées à freiner la puissance érosive du ruissellement dans le ravin d'abord et ensuite minimiser le ruissellement sur les parcelles et les rues et ses effets érosifs. Aussi, on ne retrouve pas souvent les mesures destinées à la prévention de l'origine des ravins. Ce n'est qu'au moment des premières manifestations du ravinement que les gens prennent des mesures.

De la parcelle habitée où tombe l'eau des pluies jusque sur les flancs de collines, nous pouvons classer les mesures ou les différentes techniques couramment utilisées en plusieurs groupes :

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III.4.1 Mesures destinées à couper ou réduire l'alimentation du ravin par l'eau de ruissellement (Mesures en amont du ravin)

Ces mesures sont appliquées essentiellement pour réduire ou arrêter le ruissellement qui arrive dans la tête ou sur le bord du ravin :

- plantation de la pelouse dans les parcelles d'habitation ;

- installation de puisards ou trous d'infiltration d'eau dans les parcelles (Figure 3.3) ;

Figure 3.3 : Puisards parcellaires à Kisenso (Photos Ph. TREFOIS, MRAC_2003)

- installation de bassin de rétention d'eau ou d'orage sur certaines grandes rues afin de ralentir la vitesse de ruissellement et faciliter leur infiltration (Figure 3.4) ;

Figure 3.4 : Bassins de rétention d'eau à COGELOS (Photos Aimé MWANZA,
PIC KINEROSION_2007)

- construction des réseaux de collecteurs ou d'égouts comme à Mataba, ...

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III.4.2 Mesures à l'intérieur du ravin

? Mesures pour stabiliser les versants (y compris la tête) du ravin (Mesures biologiques et mécaniques)

Pour freiner l'entaille verticale du ruissellement qui se comporte exactement comme un « ruisseau », on applique les techniques suivantes :

- entreposage des déchets ménagers à la tête des ravins. Cette technique est utilisée afin de fixer le sol et le protéger contre l'érosivité d'eau des pluies. Le ruissellement ne saura plus inciser à cause des matériaux beaucoup plus stables que le sable grâce à leur cohésion (Figure 3.5 à gauche). Sur la figure 3.5 à droite, on a appliqué la technique d'enveloppage de la tête des ravins par des bâches afin d'empêcher l'érosion régressive à la tête du ravin ;

Figure 3.5 : Têtes de ravin couvertes des déchets ménagers, bâches, ...
(Photos Fils MAKANZU, CRGM_2009)

- érection de barrières avec des pneus dans le ravin pour ralentir la vitesse de l'eau par

conséquent son érosivité (Figure 3.5 à droite) et empêcher l'élargissement du ravin ;

- érection de digues avec des sacs en polypropylène rempli de terre d'une capacité d'environ 25 litres par sac pour ralentir la vitesse de l'eau. Par conséquent, on réduit son érosivité. Cela facilite la sédimentation (Figure 3.6) : première mesure engagée par les riverains pour lutter contre le ravinement lorsqu'ils se sentent menacés ;

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Figure 3.6 : Digues faites en sacs de terre au fond des ravins (Photos Ph. TREFOIS,

MRAC_2003)

- plantation de végétation à la tête (Figure 3.7 à gauche) et sur les versants (Figure 3.7 à droite) du ravin et/ou réhabilitation de la couverture végétale dans les sites ravinés. Aussi, il y a la reprise spontanée de la végétation arbustive sur les versants ;

Figure 3.7 : Revégétation à Mataba (Photos Christophe TUMWAKA, CRGM_2009) - aménagement en escalier ou en gradins des versants de ravins (Figure 3.8) ;

Figure 3.8 : Versants de ravins aménagés à Kisenso (Photo Ph. TREFOIS, MRAC_2003)

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? Mesures pour protéger le substrat sableux contre l'incision verticale par l'eau

Les travaux de génie civil, voire militaire pour le cas de Livulu à Lemba, interviennent pour construire des systèmes de drainage d'eau par le caniveau ou des glissières métalliques comme c'est le cas à Laloux (Fig.3.9 à gauche). Les caniveaux sont implantés afin de drainer l'eau jusqu'à la vallée et ainsi stabiliser les versants (Figure 3.9 à droite).

Figure 3.9 : Glissière métallique au site Laloux à Binza Delvaux (Photo. Fils MAKANZU, CRGM_2008) à gauche et, à droite, caniveau avec chambres de chute à Selembao (Photo. C. KODIAWILA, IGC_2008)

En plus de ces travaux, il y a les déchets ménagers et les digues à l'intérieur de ravins.

La liste des mesures présentées ci-haut n'est pas exhaustive mais elle résume l'essentiel des techniques appliquées à Kinshasa dans la lutte anti-érosive.

III.4.3 Evaluation empirique de ces différentes méthodes

Toutes ces techniques engagées dans la lutte anti-érosive concourent au contrôle de l'eau de ruissellement en gérant leur drainage tout en ralentissant leur écoulement. Mais elles ne sont pas très efficaces :

? minimisation du ruissellement dans les parcelles et sur les avenues : les puisards dans les parcelles et les bassins d'orage dans les rues sont trop petits pour engorger toute l'eau des pluies et faciliter l'infiltration et ainsi diminuer sensiblement le ruissellement des eaux. Aussi, il se pose un problème de curage de ces puisards et des bassins de rétention d'eau parce que cette eau de ruissellement emporte avec elle les sables qui se déposent dans ce dispositif. Et par conséquent, il y a diminution de la capacité de rétention d'eau. Ces dispositifs sont creusés dans un sol sableux et leurs parois ne sont pas protégées de l'attaque par l'eau à l'instar des ravins de Kisenso et du quartier COGELOS au Mont - Amba ;

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y' la protection de la tête des ravins avec des déchets ménagers et les sacs plastiques semble tenir longtemps tel qu'au ravin Elimo Santu à Livulu. Mais cette technique est contradictoire avec les mesures de santé publique. Les autres dispositifs comme les bâches et les glissières métalliques ne résolvent pas les problèmes car ils ne couvrent pas tout le ravin. L'érosion reprend juste au bout de l'installation à l'instar de Laloux où l'érosion est stabilisée à la tête mais elle évolue latéralement au milieu du ravin par glissements des parois ;

y' les digues érigées dans le ravin ne peuvent être efficaces que si sa tête est stabilisée par les déchets ménagers et plastiques ainsi que par la végétation et qu'aucun ruissellement d'eau de pluies n'y arrive. Sinon toute autre stabilité s'avère temporaire et donc apparente. Aussi les joints de sacs ne sont pas cohérents car l'eau finit toujours par les déstabiliser à l'exemple de Kisenso, Mbanza Lemba ;

y' la végétation ne joue son rôle de fixation du sol que quand elle le couvre totalement surtout en zone de fortes pentes. Sinon le ruissellement profite toujours des espaces non couverts pour reprendre l'érosion. Il faut dire que la reprise de la couverture végétale à la tête du ravin Mataba grâce à la déviation du ruissellement constitue un succès énorme ;

y' le drainage des eaux par le système de caniveau ne tient que lorsqu'il est bien calibré et curé régulièrement, répondant aux intensités extrêmes et au volume d'eau à évacuer et, quand le drain arrive jusqu'à la vallée. Au cas contraire, tout dispositif de drainage qui s'arrête sur le versant constitue un danger énorme puisqu'il recueille déjà beaucoup d'eau qui reprenne l'érosion et emporte même ce caniveau dans sa progression par érosion régressive. Ainsi nous déplorons des pertes d'investissements faute d'avoir exécuté le projet jusqu'à terme à l'instar de Mataba et Laloux ;

y' le grand problème qui se pose actuellement dans les quartiers pourvus de caniveaux est le manque de curage. Ce qui réduit sensiblement leur capacité. Il y a aussi la cassure de ces drains par des inciviques ou par le sapement du sol à la base à l'instar du site de l'Université de Kinshasa menacé de tout bord par le ravinement.

Généralement, la conception des égouts ne tient souvent pas compte de la surface drainée. Les ingénieurs - concepteurs n'intègrent pas dans le calcul de dimensionnement ou calibrage des ouvrages le volume d'eau à évacuer, et ce, surtout pas les intensités de pluie exceptionnelles ou extrêmes.

Parfois, lors de l'exécution de ces travaux, l'eau de ruissellement est déviée de la tête de ravin. Ce qui constitue une très bonne action afin de stopper sa progression. Mais très souvent, ce détournement ne fait que déplacer le problème. L'eau érode le site où on la conduit si la canalisation n'arrive pas jusqu'au talweg ou à la vallée avant la saison des pluies. Cela est dû surtout avec la non-prise en compte de la quantité d'eau pouvant être drainée : cas

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du site Mataba très médiatisé où Google Earth 2010 avec sa fonction chronologique nous a aidé à reconstituer une partie de son histoire (Figure 3.10) :

Figure 3.10 : Reconstitution du ravin Mataba grâce à Google Earth 2010

Route Matadi reliant Kinshasa au port (situé à 350 km à l'Ouest) : situation harmonieuse

Fin saison sèche : stade #177; stable

Ravinement très manifeste (Tête stable) Petite saison sèche : Travaux de génie civil

de consolidation de la stabilité

100 m

100 m

Fig.3.10c (Image 2005 sur Google Earth 2010) Fig.3.10d (Anaglyphe_Spot 5 2006/2007)

100 m

Fig.3.10b (Image 2004 sur Google Earth 2010)

Fig.3.10a (Photo - aérienne 1957)

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Fin saison des pluies : digues ayant fonctionné correcte - ment (rétention d'eau ) et construction d'un caniveau

100 m

100 m

Début saison des pluies : situation stable + caniveau

Fig.3.10e (Image 2006 sur Google Earth 2010) Fig.3.10f (Image 2008 sur Google Earth 2010)

ept Jan Juin ept Mai 204 205 8 209 200

En plein saison sèche et donc situation héritée de la saison des pluies : stade de réactivité en suivant le profil du caniveau

Entretemps stabilité à la tête du ravin grâce à la déviation des eaux

Fig.3.10g (Image 2009 sur Google Earth 2010)

100 m

Lorsque la phytotechnie adaptée (bandes alternées) est incapable d'arrêter l'érosion des sols, notamment dans le cas de l'érosion en ravines, il est nécessaire de recourir à une modification radicale des modalités d'écoulement des eaux, via un aménagement du terrain (XANTHOULIS, 2010). Mais ces modifications devront tenir compte de tous les paramètres hydrologiques du site sinon elles engendrent d'autres catastrophes.

Le service étatique commis au drainage en RD.Congo et en particulier dans la ville de Kinshasa est l'Office de Voirie et Drainage (OVD). Face à la démission de l'Etat ou au non financement de ce service par le budget public vers les années nonante (à partir 1992), la société civile s'est constituée en organisations non gouvernementales (ONG) pour résoudre les problèmes qui se posent à la base avec des moyens financiers dérisoires. Par conséquent, une main tendue vers les missions diplomatiques qui ont coupé toute coopération structurelle avec l'Etat pour appuyer les ONG locales et plus tard via des ONG internationales comme les

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Agences locales d'exécution (A.L.E) qui semblent être beaucoup plus crédibles. Même à la reprise de la coopération bi-et/ou multilatérale, ces structures intermédiaires ont encore la confiance des bailleurs de fonds et des communautés locales.

Pendant plus de dix ans, la Fédération des ONG laïques à vocation économique du Congo (FOLECO) appuyée par la Coopération technique allemande (GTZ) au départ, puis par la Coopération technique belge (CTB), la Banque Mondiale (BM), ... joua un rôle non négligeable à la base et aida tant soit peu à la lutte anti-érosive (LAE). Elle emploie la méthode dite « Haute intensité de la main d'oeuvre » (HIMO) et utilise des techniques biologiques (reboisement) et semi-mécaniques (combinaison avec des sacs en terre). Aussi, le Fond social urbain/Kisenso financé par la DGCD/Belgique atténuera les dégâts dans la commune de Kisenso avec la méthode semi-mécanique (reboisement, sacs des terres, terrassements, ...).

Actuellement, le Ministère des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction a dû créer une Commission chargée de la lutte anti -érosive dont fait partie notamment l'OVD, la FOLECO, ...

Aucune mesure n'est envisagée pour lutter contre les effets à l'aval tels que les ensablements et les inondations dans les rivières Lubudi, Binza (affluent de Lukunga), Tshangu, Funa, ...

III.5 Conclusion partielle

L'outil SIG vient de nous aider à établir pour la plupart de cas des relations entre :

- la lithologie sableuse, la topographie et le ravinement ;

- la présence des ravins dès que la pente atteint 5% contrairement à VAN CAILLIE (1987) qui les prévoit à partir de 12,5% : ce qui signifierait un changement dans les conditions de genèse de l'érosion hydrique dans ce milieu ;

- les infrastructures routières et le ravinement : il y a un problème de drainage d'eau étant donné qu'elles sont des lieux de prédilection de l'origine et de la concentration des eaux de ruissellement pluvial.

Nous venons de montrer comment se passe la gestion des sites ravinés à travers la ville de Kinshasa où le budget alloué à la lutte anti - érosive pourrait servir à réaliser d'autres projets de développement. Sans ignoré que la passivité du pouvoir public a conduit aux conséquences désastreuses que nous décrions quotidiennement. Les techniques de lutte engagées contre l'érosion ravinante s'avèrent toujours inefficaces tant que l'eau de ruissellement arrive à la tête du ravin, la densité de couverture végétale étant faible et les caniveaux implantés étant sous - dimensionnés, incomplets et non curés régulièrement.

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CHAPITRE IV : ANALYSE, PREVENTIONS ET GESTION DES RISQUES DU
RAVINEMENT

IV.1 Analyse et cartographie des zones à risques

IV.1.1 Analyse des conditions

LATEEF et al. (2010) parlent d'un soulèvement tectonique régional qui serait à l'origine de l'érosion verticale et de la dissection du paysage observés à Kinshasa. Pourtant, nous ne voyons pas de linéaments sur les photographies aériennes et les images à notre disposition. Aussi aucune carte de Kinshasa ne signale la présence de failles qui seraient la preuve d'une tectonique active dans ce paysage. Cette région est réputée comme étant stable. Les risques géomorphologiques auxquels la haute ville de Kinshasa est exposée découlent des changements dans la réponse hydrologique du paysage de la ville aux conditions climatiques et environnementales qui se sont produits au cours de la construction de la ville et de son expansion.

Nous nous sommes rendus compte que les conditions de la manifestation de l'érosion ravinante dans le paysage de Kinshasa ont sensiblement changé par rapport à ce que décrit VAN CAILLIE (1990) : « quand le sol est dénudé, le rôle de la pente est fondamental. Le type de phénomène d'érosion lui est lié. Le ruissellement en filets d'eau apparait dès 5 à 9% de pente. Au-delà de 12,5%, ces filets d'eau creusent le sol, le ruissellement est alors érosif. A partir de 20 à 25% de pente, l'érosion linéaire prend le pas, le ruissellement concentré creuse alors en formant des ravines et des ravins dont les entailles remontent dans les versants. »

Pour les mêmes types de sols sableux, l'érosion ravinante se manifeste déjà à 5% de pente et devient très caractéristique à 10% de pente.

Les raisons de ce changement sont à trouver dans :

- l'accroissement du ruissellement qui est consécutif à la diminution de l'infiltration due à l'imperméabilisation excessive du sol résultant de son dénudement par le désherbage principalement pour l'implantation des parcelles d'habitation et à l'ouverture de voies d'accès dans la partie haute de la ville (TRICART, 1985) ;

- ce qui a pour conséquence le changement du régime hydrologique (écoulement, ruissellement sur les versants) qui est un impact dû à l'urbanisation non proportionnelle dans les bassins versants (GAUTHIER, 1998 ; VIRAMONTES et al., 2002 ; VALENTIN et al., 2005 ; BENABDESSELAM et al., 2009 PETIT, 2010).

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L'urbanisation (infrastructures routières, imperméabilisation des parcelles, ...) a engendré la vulnérabilité dans une région où l'aléa existait déjà et a conduit aux risques d'érosion hydrique avec comme conséquence :

- le ravinement sur les flancs de collines et les versants des rivières Lukuya, Lutendele, Lukunga, Binza, Mampenza, Lubudi, Bumbu, Funa, Matete, Mumfu, N'kwambila, N'djili, Tshangu, Tshuenge, ...

- l'ensablement de leurs vallées surtout pour ce qui est de Lukunga, Binza, Lubudi, N'djili où les conséquences sont très catastrophiques ;

- l'ensablement aux piémonts de Kisenso et sur la plaine engloutissant des maisons entières à l'instar de certains quartiers des communes de Matete ;

- l'ensablement conduit à l'exhaussement des cours d'eau et leur perte de compétence qui ont pour grave conséquence le débordement du débit à pleins bords, les inondations des plaines alluviales avec des dégâts matériels et des pertes en vies humaines sus-mentionnnés.

IV.1.2 Cartographie du risque

Nous pensons qu'il faut réfléchir sur l'expansion urbaine à Kinshasa en fonction de la pression de la population (pression immobilière) mais aussi de la vulnérabilité de son environnement. Toutes les collines qui parsèment les parties sud et ouest de la ville sont des zones à haut risque (Carte 7) d'érosion hydrique et par conséquent du ravinement. Comme l'érosion hydrique se manifeste maintenant dès que la pente dépasse 5% et est caractéristique à 10% de pente, des précautions sont à prendre au plan d'occupation de ces espaces.

En plus du ravinement sur ces versants, il y a les risques de glissements de terrain tels qu'au quartier Bukamikuwa à l'ouest dans les amphithéâtres des sources et cirques d'érosion. Ces derniers sont très visibles dans la zone sud après le cordon de collines.

Les sables décapés et transportés par les ruissellements sont déposés en bas de pente sinon ils sont déposés jusque dans les cours d'eau. Les rivières perdent leur compétence. Il y a exhaussement de leurs lits. Ce qui influence les débits à pleins bords et ainsi apparaissent les inondations dans les plaines alluviales.

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Carte 7 : Esquisse cartographique des zones de risques naturels à Kinshasa

73

IV.2 Gestion des risques du ravinement

IV.2.1 Quelques mesures préventives face à l'aléa « ravinement »

L'aménagement dans ces espaces devrait obéir à certaines nécessités ; notamment :

- l'intégration d'un SIG dans la gestion foncière et cadastrale de la ville ;

- le contrôle des conditions d'urbanisation afin d'éviter l'agglutination des populations et surveillance de la déforestation dans les zones à risques et en bordures des villes qui fragilise les sols (STEVENS, 2006) ;

- la réduction sensible des espaces imperméabilisés dans les parcelles par une couverture végétale à l'instar de la pelouse ainsi l'eau qui pourrait ruisseler ne puisse pas causer des dégâts ni transporter des particules des sols ;

- le drainage adéquat des eaux de pluies et usées (après traitement pour ce type d'eau) jusqu'à la vallée par un réseau de canalisation (égouttage) bien dimensionné tenant compte des pluies extrêmes et de la surface drainée ;

- la surveillance et l'entretien régulier du réseau de drainage ;

- la favorisation de l'infiltration au maximum pour la recharge des nappes souterraines au détriment du ruissellement ;

- l'ouverture du réseau routier d'une manière perpendiculaire par rapport à la pente générale et son aménagement de sorte qu'il ne concentre pas beaucoup d'eau ;

-

...

IV.2.2 Quelques mesures de gestion des sites ravinés

Pour ce qui est des espaces ravinés, leur traitement nécessite ce qui suit :

- la conception d'un plan de restructuration et d'aménagement intégré des bassins versants : incluant espaces lotis, espaces verts, bassins d'orage, réseau d'égouttage, réseau routier, ...

- les mesures transversales de gestion de l'espace : information, éducation des citoyens et communication ;

- la détermination des zones à haut risque sur base d'une cartographie SIG et les surfaces drainées de chaque ravin ;

- l'évacuation des riverains se trouvant plus proches de grands ravins et présentant un danger imminent vers des sites plus sûrs ; à l'instar de la ville orientale après l'aéroport international de Kinshasa ;

- la réhabilitation et/ou construction du réseau d'égouttage ou de drainage des eaux de pluie sur base des études récentes intégrant le facteur changement climatique (pluies extrêmes, exceptionnelles, ...) et calibrage adéquat du réseau ;

- la surveillance et curage régulier de ce réseau de drainage ;

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- la réduction sensible du ruissellement à travers le bassin versant afin de diminuer l'érosion hydrique potentielle par la construction de petits ouvrages de stockage d'eau de pluies et en enherbant une proportion plus importante de chaque parcelle. Au cas échéant assurer le drainage vers un fossé d'infiltration ou fossé d'orage en associant des plantes hygrophiles comme les Eucalyptus dont le bois peut servir de combustible tel que le signale VAN CAILLIE (1990) ;

- la coupure de l'alimentation en eau ou du ruissellement à la tête du ravin en drainant le maximum d'eau jusqu'à la vallée ;

- re-végétation des espaces avec des espèces autochtones sinon à croissance rapide ;

-

...

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DISCUSSION & CONCLUSION GÉNÉRALE

Ce travail consistait à mener une analyse spatio - temporelle afin de déceler les causes principales du ravinement à Kinshasa en se servant de la télédétection et du SIG. Nous avons préconisé que la structure urbaine était à l'origine du phénomène par le fait qu'elle a conduit à un changement du régime hydrologique sur les versants de cours d'eau. Il s'agissait d'établir au préalable un inventaire systématique des ravins qui parsèment les collines de Kinshasa dans la période allant de 1957 en 2007 et de les caractériser.

Dans un premier temps, nous avons retenu que beaucoup de problèmes environnementaux auxquels Kinshasa est confrontée sont dus à l'installation de la ville dans les collines. Si la ville s'était limitée dans la plaine, le ravinement et les ensablements ainsi que inondations corrélatifs en basse ville n'auraient pas eu lieu. Un autre problème se dessine également avec l'installation des gens dans les cirques d'érosion situés en majorité au sud du cordon des collines et qui sont des formes de relief actives. Pourtant les cirques d'érosion se dégradent par glissements de terrain qui sont des phénomènes beaucoup plus catastrophiques que le ravinement.

Les techniques de la télédétection et du SIG nous ont permis de constituer une bonne base de données en photographies aériennes, images et cartes disponibles. Mais aussi de mener cette étude diachronique sur l'expansion urbaine de Kinshasa et d'établir notre inventaire des ravins. S'agissant de l'inventaire, la télédétection et le SIG se sont avérés comme étant des outils non négligeables d'analyse spatio-temporelle afin de suivre l'évolution de la dégradation du milieu urbain à l'instar de la ville de Kinshasa entre 1957 et 2007. Grâce à l'image SPOT 5 avec une précision de 5 m, 307 grands ravins sont identifiés qui déchirent la haute ville en 2007. Contrairement à l'inventaire de 1976 - 77 établie par M. Xavier VAN CAILLIE, cet inventaire montre des ravins incisant des zones situées bien au-delà de ses observations. Pourtant ces zones situées au sud et à l'ouest étaient loties bien avant qu'il n'établisse sa carte. Nous avons estimé une perte d'investissements dans le secteur de l'habitat à environ 1 200 000 euros par an. Pourtant, le pays n'investit plus dans les logements depuis plus de deux décennies.

Cherchant à déceler la cause principale du ravinement à Kinshasa et à établir un lien direct entre la structure urbaine notamment les routes et le ravinement, l'outil SIG nous montre que 291 sur 307 ravins identifiés représentant 94,8% sont aux abords d'une route ou que c'est la route elle-même qui a été ravinée. Aussi, nous remarquons la présence de ravins dès la pente de 5% contrairement à VAN CAILLIE (1990) qui les prévoit à partir de 12,5% : ce qui signifierait un changement dans les conditions de la genèse de l'érosion hydrique dans ce milieu. Alors, il existe non seulement un véritable problème de drainage d'eau dans la ville mais aussi les routes sont des lieux de prédilection de l'origine et de concentration des eaux de ruissellement pluvial. Le système de drainage par caniveau étant dépassé ou défectueux ou encore inexistant, de fortes quantités d'eau se concentrent le long des routes. Par

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débordement, elles s'écoulent sur les versants qu'elles ravinent créant ainsi un paysage de bad land. Nous avons démontré l'inefficacité de multiples techniques employées dans la lutte anti-érosive. Tant que l'eau de ruissellement arrive dans le ravin, la densité de couverture végétale étant faible et les caniveaux implantés seront sous-dimensionnés, non curés et incomplets, la gestion du ravinement restera toujours un frein pour le développement de la ville de Kinshasa. Pourtant des sommes colossales évaluées à des millions des dollars américains sont engagées sans succès de temps à autre.

Par ailleurs, nous savons par les travaux de DE PLOEY & SAVAT (1968) que la forme convexe des collines s'est développée essentiellement par le splash accompagné de peu ou pas de ruissellement dans un environnement ouvert. Nous avons aussi pu constater sur les anciennes photographies aériennes de 1957 que la plus grande partie du territoire occupé aujourd'hui par la ville, étant encore sous bois naturel ou sous plantation de palmiers, connaissait peu ou pas de traces de ruissellement. Mais à l'heure actuelle, le coefficient de ruissellement dans la ville de Kinshasa est de 13% par la suite de constructions de surfaces peu ou pas perméables dans le processus de l'urbanisation (NTOMBI & MAKANZU, 2006). Nous avons travaillé sur base des données allant de 1971 à 2000. Cette précédente étude a démontré qu'entre 1971 et 1980, le taux de ruissellement était presque nul dans la ville de Kinshasa et en particulier dans le bassin versant de la Lukunga. Au cours de cette période, le taux le plus élevé était de 28,1% au cours de l'année hydrologique 1973 - 74 avec 2.092,9 mm d'eau bien au delà de la normale calculée soit 1.506,7 mm. Si l'on soustrayait cette année qui semble être exceptionnelle, le taux de ruissellement le plus élevé au cours de cette période reste d'environ 4,6% des précipitations. On peut actuellement s'attendre à un taux beaucoup plus élevé pour une ville où il y a beaucoup de surfaces imperméabilisées. En plus, l'évolution des précipitations dans le sens d'une contribution croissante des grands orages (NTOMBI et al., 2004) nous fait croire que les intensités de pic vont aussi en augmentant. Le débit de pic du ruissellement aurait suivi les intensités des pluies et par conséquent l'augmentation de l'érosivité.

On voit que le paysage urbanisé contrairement à celui d'avant, contient beaucoup d'aires de grande production de ruissellement. Si l'urbanisation n'avait pas d'impact sur le drainage superficiel, on pourrait encore espérer que la forme convexe et divergente des collines étalerait les eaux de ruissellement en largeur de façon à ce qu'elles perdent de leur potentiel érosif. Aussi, on sait bien que les routes, les égouts, ... concentrent les eaux des nappes diffuses.

Comme le signale STEVENS (2006), l'administration coloniale avait classé les zones collinaires comme non aedificandi et où la végétation était protégée et le développement urbain interdit. L'aléa « ravinement » était prévisible à Kinshasa. Cela est dû à son type de relief collinaire à forme convexe. Ce relief est combiné à un sol sableux sur de fortes pentes et recevant des précipitations orageuses et ce, surtout avec l'augmentation de la vulnérabilité créée suite à l'imperméabilisation du sol due à l'urbanisation en général et les infrastructures routières ainsi que les parcelles d'habitations en particulier. Cette vulnérabilité s'est accrue

77

lorsque l'Etat congolais a cessé de réglementer le lotissement de nouveaux terrains laissant libre cours aux chefs coutumiers d'une part et d'autre part par le manque d'éducation mésologique de la population. Les versants de collines de la ville de Kinshasa ont été envahis par une auto-construction qui désarticulent la structure urbaine et a exposé aux risques de ravinement des quartiers autrefois structurés et planifiés qui sont sur les sommets des collines. Sur ces versants des collines à forte pente, le plan des rues en damier a été calqué au modèle de la ville basse favorisant ainsi de fortes concentrations de ruissellement d'eau des pluies. Comme le dit PAIN (1984), les rues ont découpé les flancs des collines dans le sens de la plus grande pente engendrant des érosions catastrophiques. Cette urbanisation non contrôlée est due à l'ambigüité de la loi foncière dite Loi BAKAJIKA, au non respect du Schéma Directeur d'Aménagement Urbain de Kinshasa, à un exode rural massif entrainant une démographie galopante et au besoin manifeste d'être propriétaire d'une parcelle.

L'approche cartographique par la télédétection et le SIG s'est avérée être un outil d'aide à la décision dans la recherche de solutions au problème d'aménagement du territoire en général et de la restructuration des bassins versants ravinés à travers la ville de Kinshasa en particulier.

La ville ne pourrait s'en sortir que par une cartographie participative des risques aboutissant à un zonage selon le degré de vulnérabilité des populations qui se sont installées sur ce site. L'amélioration du réseau d'égouttage intégrant des dispositifs qui puissent favoriser l'absorption maximale des eaux de pluies. Le surplus du ruissellement pourrait rejoindre le réseau de drainage qui pour être efficace devrait bénéficier d'un concours des habitants. Ces derniers devraient gérer les eaux des pluies à partir de leurs parcelles en installant des puits d'eau et des fossés d'infiltration parcellaires ou des citernes d'eau des pluies. Ainsi, le taux de ruissellement serait réduit sensiblement à travers les infrastructures routières (pistes piétonnes, ruelles, rues, avenues et routes). Car l'érosion hydrique et le ravinement associé sont dus au ruissellement des eaux de pluies au détriment de l'infiltration dans sols et de leur drainage jusque dans la vallée.

Cela nous conduirait à maitriser le processus dès son origine ; à savoir : « étudier le développement du ruissellement des eaux de pluies et ses effets à Kinshasa » dans une étude plus approfondie à travers surtout des travaux de terrain, des simulations au laboratoire (géomorphologie expérimentale) et peut-être des modélisations.

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84

WEBOGRAPHIE

www.kinshasa.cd www.metafro.be/geopic

85

TABLE DES ANNEXES

V' Annexe 1 : Résultats d'analyse d'échantillons de sols de Mitendi/Kinshasa SW.

V' Annexe 2 : Image SPOT 5 HRG 2 - 5 m de 2006/2007 de Kinshasa

V' Annexe 3 : Image LANDSAT 2 MSS - 60 m de 1979 de Kinshasa

V' Annexe 4 : Mosaïque des photographies aériennes au 1/20 000 de 1957 de Kinshasa

V' Annexe 5 : Anaglyphe de la région de Kinshasa sur base de la SPOT 5 à 5 m

V' Annexe 6 : Mosaïque Google Earth de 2008 de la région de Kinshasa

V' Annexe 7 : Caractéristiques de ravins inventoriés

86

Annexe 1

Tableau 1.4 : Résultats d'analyse d'échantillons de sols de Mitendi/Kinshasa SW.

N°Echantillon

Texture en %

Dénomination de la
texture24 (Type de sols)

Argile

Sable

Limon

1/01

9,75

87,25

3,00

Sablo - argileuse

2/02

6,00

90,50

3,50

Sablo - argileuse

3/03

13,50

84,00

2,50

Argilo - sableuse

4/04

8,50

87,50

4,00

Sablo - argileuse

5/05

12,00

84,50

3,50

Sablo - argileuse

1/06

7,25

85,50

7,25

Sablo - argileuse

2/07

-

-

-

-

3/08

7,00

87,00

6,00

Sablo - argileuse

4/09

7,25

90,50

2,25

Sablo - argileuse

5/10

13,00

82,75

4,25

Argilo - sableuse

6/11

11,00

79,50

9,50

Sablo - argileuse

1/12

-

-

-

-

2/13

10,00

87,50

2,50

Sablo - argileuse

3/14

10,00

87,25

2,75

Sablo - argileuse

4/15

10,50

86,75

2,75

Sablo - argileuse

5/16

6,75

89,00

4,25

Sablo - argileuse

6/17

9,00

86,25

4,75

Sablo - argileuse

7/18

10,50

84,75

4,75

Argilo - sableuse

1/19

13,00

79,50

7,50

Argilo - sableuse

2/20

12,50

78,50

9,00

Argilo - sableuse

3/21

11,00

80,00

9,00

Sablo - argileuse

4/22

18,50

77,75

3,75

Argilo - sableuse

5/23

14,25

77,00

8,75

Argilo - sableuse

6/24

15,00

76,00

9,00

Argilo - sableuse

7/25

22,00

69,00

9,00

Argilo - sableuse

1/26

25,50

72,00

2,50

Argile sableuse

2/27

33,00

61,75

5,25

Argile - sableuse

3/28

41,25

53,25

5,50

Argile

4/29

35,50

59,25

5,25

Argile

5/30

53,75

41,50

4,75

Argile

6/31

50,00

45,50

4,50

Argile

7/32

51,75

42,75

5,50

Argile

8/33

40,25

56,50

3,25

Argile

9/34

49,75

40,75

9,50

Argile

10/35

69,25

27,50

3,25

Argile lourde

11/36

27,00

62,25

10,75

Argile sableuse

1/37

11,75

85,00

3,25

Argilo - sableuse

2/38

29,25

67,25

3,50

Argile sableuse

3/39

14,75

78,25

7,00

Argilo - sableuse

4/40

22,50

72,50

5,00

Argilo - sableuse

5/41

13,50

82,25

4,25

Argilo - sableuse

6/42

13,25

81,25

5,50

Argilo - sableuse

7/43

14,00

81,75

4,25

Argilo - sableuse

8/44

12,75

82,25

5,00

Argilo - sableuse

9/45

13,00

80,00

7,00

Argilo - sableuse

10/46

16,25

79,50

4,25

Argilo - sableuse

11/47

19,00

76,25

4,75

Argilo - sableuse

1/48

10,75

86,75

2,50

Sablo - argileuse

2/49

11,00

85,25

3,75

Sablo - argileuse

3/50

12,50

86,00

1,50

Argilo - sableuse

4/51

11,50

84,25

4,25

Sablo - argileuse

5/52

8,50

88,25

3,25

Sablo - argileuse

6/53

16,00

81,50

2,50

Argilo - sableuse

7/54

7,50

88,50

4,00

Sablo - argileuse

8/55

16,00

79,50

4,50

Argilo - sableuse

9/56

22,50

75,00

2,50

Argilo - sableuse

24 Dénomination selon le triangle de texture de S.HENIN/MASSON - 1969

87

 

10/57

48,75

46,75

4,50

Argile

1/58

9,50

87,75

2,75

Sablo - argileuse

2/59

5,00

89,25

5,75

Sable

3/60

11,25

85,50

3,25

Sablo - argileuse

4/61

12,50

82,25

5,25

Sablo - argileuse

5/62

8,00

88,50

3,50

Sablo - argileuse

6/63

27,25

66,00

6,75

Argilo - sableuse sablo -

7/64

8,75

89,75

1,50

argileuse

8/65

30,75

61,50

7,75

Argile sableuse

9/66

22,00

64,25

3,75

Argile sableuse

10/67

9,00

89,25

1,75

Sablo - argileuse

1/68

21,25

75,25

3,50

Argilo - sableuse

2/69

25,25

71,75

3,00

Argile sableuse

3/70

27,50

62,75

9,75

Argile sableuse

4/71

22,25

67,00

10,75

Argilo - sableuse

5/72

30,00

62,00

8,00

Argile sableuse

6/73

36,00

57,25

6,75

Argile sableuse

1/74

14,25

81,25

4,50

Argilo - sableuse

2/75

13,25

83,25

3,50

Argilo - sableuse

3/76

11,25

82,75

6,00

Sablo -argileuse

4/77

18,00

76,75

5,25

Argilo - sableuse

5/78

22,75

72,50

4,75

Argilo - sableuse

6/79

17,75

77,25

5,00

Argilo - sableuse

7/80

34,00

58,75

7,25

Argile sableuse

8/81

34,75

58,75

6,50

Argile sableuse

9/82

34,75

60,25

5,00

Argile sableuse

10/83

32,00

63,00

5,00

Argile sableuse

Source : Bulletin d'analyse n°MIN.ESURS/CRGM/100/PARII/PAUK/NMK/2008

88

Annexe 2 : Image SPOT 5 HRG 2 - 5 m de 2006/2007 de Kinshasa

89

Annexe 3 : Image LANDSAT 2 MSS - 60 m de 1979 de Kinshasa

90

Annexe 4 : Mosaïque des photographies aériennes au 1/20 000 de 1957 de Kinshasa

91

Annexe 5

Anaglyphe de la région de Kinshasa, 2006/2007

Sources :

Images SPOT5 HRG2 - 5 m (10/03/2006 & 31/03/2007) Partenariat CRGM/Kinshasa, RDC - MRAC/Tervuren, Belgique

Annexe 5 : Anaglyphe de la région de Kinshasa, 2006/2007

92

Annexe 6 : Mosaïque Google Earth de 2008 de la région de Kinshasa

93

Annexe 7

Tableau 2.3 : Caractéristiques de ravins inventoriés

 

Nom

Type

Route

Bassin

Longueur (m)

Surface
(m2)

1


 

Stable

Oui_A

Lukunga

376

11664

2


 

Stable

Oui_A

Lukunga

861

38149

3

UPN Ouest

Stable

Oui_N

Lukunga

443

14751

4

Laloux

Actif

Oui_A

Lubudi

1196

46233

5

Arrêt CUK

Actif

Oui_A

Funa

450

11483

6

Arrêt Home Plateau

Actif

Oui_A

Funa

384

6791

7

Arrêt 4Km

Actif

Oui_A

Funa

197

1809

8

Makaya

Actif

Oui_A

Funa

897

18399

9

Ecole Libiki

Actif

Oui_A

Funa

236

5668

10

Derrière Tabitha

Stable

Oui_A

Matete_N'djili

389

12492

11


 

Stable

Oui_N

Mumfu_N'djili

405

15223

12


 

Actif

Oui_N

N'kwambila_N'djili

379

8447

13


 

Stable

Oui_A

Lukunga

117

2806

14


 

Stable

Oui_A

Lukunga

420

9298

15


 

Stable

Oui_A

Lukunga

262

4439

16


 

Stable

Oui_A

Lukunga

239

8321

17


 

Stable

Oui_A

Lukunga

426

9348

18


 

Actif

Oui_N

Bumbu

159

2783

19


 

Actif

Oui_N

Bumbu

123

1137

20


 

Actif

Oui_N

Bumbu

65

269

21


 

Actif

Oui_N

Bumbu

71

556

22


 

Actif

Oui_N

Bumbu

80

1179

23


 

Actif

Oui_N

Bumbu

26

201

24


 

Actif

Oui_N

Bumbu

81

810

25


 

Actif

Oui_N

Bumbu

52

397

26


 

Actif

Oui_N

Bumbu

58

719

27


 

Actif

Oui_N

Bumbu

56

547

28


 

Actif

Oui N

Bumbu

25

180

29


 

Actif

Oui_N

Bumbu

33

252

30


 

Actif

Oui N

Bumbu

30

146

31


 

Actif

Oui_N

Bumbu

55

479

32


 

Actif

Oui_N

Bumbu

50

283

33


 

Actif

Oui N

Bumbu

83

1655

34

Avenue de l'Ecole

Actif

Oui A

Lukunga

165

1290

35


 

Actif

Oui N

Lukunga

338

5400

36


 

Actif

Oui_N

Lukunga

141

860

37


 

Actif

Oui N

Lukunga

142

1378

38


 

Actif

Oui_N

Lukunga

158

1483

39


 

Actif

Oui N

Lukunga

29

160

40


 

Actif

Oui N

Lukunga

276

4896

41


 

Actif

Oui_N

Lukunga

525

10752

42


 

Actif

Oui N

Lukunga

118

1798

43


 

Actif

Oui N

Lukunga

72

1114

44


 

Actif

Oui N

Lukunga

131

1384

45


 

Actif

Oui N

Lukunga

89

1070

46


 

Actif

Oui N

Funa

173

2248

47


 

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

31

189

48


 

Actif

Oui_N

N'djili

202

4177

49


 

Actif

Oui A

Matete N'djili

266

3460

50


 

Actif

Oui N

Funa

220

2154

51


 

Actif

Non

Lutendele

112

1135

52


 

Actif

Non

Lutendele

48

308

53


 

Actif

Oui_N

Lutendele

61

255

54


 

Actif

Non

Lutendele

36

308

55


 

Actif

Non

Lutendele

98

520

56


 

Actif

Oui N

Lutendele

35

166

57


 

Actif

Oui N

Lukunga

281

1069

58


 

Actif

Oui N

Lukunga

39

445

59


 

Actif

Oui N

Lukunga

84

563

60


 

Actif

Oui_N

Lukunga

106

296

61


 

Actif

Oui N

Lukunga

112

814

62


 

Actif

Oui_N

Lukunga

66

548

63


 

Actif

Oui N

Lukunga

130

1746

94

 

64


 

Actif

Oui_A

Lukunga

134

805

65


 

Actif

Oui_N

Lukunga

215

2440

66


 

Actif

Oui_N

Lukunga

99

990

67


 

Actif

Oui_N

Lukunga

184

1777

68


 

Actif

Oui_N

Lukunga

171

1762

69


 

Stable

Oui_N

Lukunga

79

470

70


 

Stable

Oui_N

Lukunga

65

356

71


 

Actif

Oui_N

Lukunga

474

3535

72


 

Actif

Oui_N

Lukunga

289

3616

73


 

Actif

Oui_N

Lukunga

426

8842

74


 

Actif

Oui_N

Lukunga

308

3955

75


 

Actif

Oui_N

Lukunga

236

2375

76


 

Actif

Oui_N

Lukunga

164

1738

77


 

Stable

Oui_N

Lukunga

391

18913

78


 

Stable

Oui_N

Lukunga

280

7761

79

Séminaire Jean XXIII

Actif

Non

Mampenza

266

2968

80


 

Actif

Oui_N

Lukunga

175

1950

81


 

Actif

Oui_A

Lukunga

298

9890

82


 

Stable

Oui_A

Lukunga

327

3971

83


 

Stable

Oui_A

Lukunga

433

8941

84


 

Actif

Oui_A

Lukunga

280

3361

85


 

Actif

Oui_N

Lukunga

331

5457

86


 

Actif

Oui_N

Lukunga

70

391

87


 

Actif

Oui_N

Lukunga

72

274

88


 

Actif

Oui_N

Lukunga

118

1729

89


 

Actif

Oui_N

Lukunga

72

394

90


 

Stable

Oui_N

Lubudi

415

8174

91


 

Stable

Oui_N

Lubudi

219

3765

92


 

Actif

Oui_N

Lubudi

312

12236

93

Drève Selembao

Actif

Oui_A

Lubudi

742

30114

94


 

Actif

Oui_A

Lubudi

259

9124

95


 

Actif

Oui_N

Bumbu

602

16383

96


 

Actif

Oui_N

Funa

250

4010

97

CNPP

Actif

Oui_N

Funa

148

1467

98

Sablière Kemi

Actif

Non

Funa

108

1044

99


 

Actif

Non

Funa

71

567

100


 

Actif

Non

Funa

52

284

101


 

Actif

Non

Funa

51

311

102


 

Actif

Non

Funa

59

478

103


 

Actif

Non

Funa

70

415

104


 

Actif

Oui N

Funa

181

1768

105


 

Actif

Oui_N

Funa

136

1081

106


 

Actif

Oui N

Funa

80

734

107


 

Actif

Oui_N

Funa

274

3498

108


 

Actif

Oui A

Funa

133

1430

109


 

Actif

Oui A

Funa

161

1488

110

Monastère ND, Prieuret

Actif

Oui_N

Funa

339

2727

111


 

Actif

Oui N

Lukaya

280

2078

112


 

Actif

Oui_N

Lukaya

156

945

113


 

Actif

Oui N

N'kwambila N'djili

172

924

114


 

Actif

Oui_N

N'kwambila_N'djili

64

364

115


 

Actif

Oui N

N'kwambila N'djili

239

5343

116

UPN Est

Actif

Oui_N

Bumbu

289

17904

117


 

Actif

Oui N

Bumbu

220

3106

118


 

Actif

Oui N

Bumbu

186

5140

119


 

Actif

Oui_N

Bumbu

132

3168

120


 

Actif

Oui N

Bumbu

89

1147

121


 

Actif

Oui_N

Bumbu

507

17644

122


 

Actif

Oui N

Mumfu N'djili

184

10916

123


 

Actif

Oui N

Matete N'djili

268

3578

124


 

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

274

3154

125

Elimo Santu

Stable

Oui N

Matete N'djili

148

1233

126


 

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

152

1311

127


 

Actif

Oui N

Matete N'djili

66

576

128

Ecole Kinduku

Actif

Oui A

Matete N'djili

107

558

129

Mutshoko/Livulu

Stable

Oui N

Funa

256

1715

130


 

Actif

Oui N

Bumbu

322

5673

131


 

Actif

Oui_N

Funa

328

1712

132

Mataba

Actif

Oui A

Lukunga

1640

168121

133


 

Actif

Oui_A

Lukunga

385

17656

95

 

134


 

Actif

Oui_A

Lubudi

358

11929

135


 

Actif

Oui_A

Lubudi

2129

75787

136


 

Actif

Oui_N

Lukunga

591

12873

137


 

Actif

Oui_N

Lukunga

232

2834

138

Symphonie Naturelle_1

Actif

Oui_N

Lukunga

600

126699

139


 

Actif

Oui_N

Lukunga

294

2823

140


 

Stable

Oui_A

Lukunga

437

32653

141


 

Actif

Oui_N

Lukunga

705

30184

142


 

Stable

Oui_N

Lukunga

204

7226

143


 

Stable

Oui_N

Lukunga

129

2450

144


 

Actif

Oui_N

Lukunga

202

2898

145


 

Actif

Oui_N

Lukunga

367

16343

146


 

Stable

Oui_A

Lukunga

313

6411

147


 

Actif

Oui_N

Lukunga

676

21880

148


 

Stable

Oui_N

Lukunga

225

5560

149


 

Stable

Oui_N

Lubudi

447

13423

150


 

Stable

Oui_N

Lubudi

815

21449

151


 

Stable

Oui_N

Lubudi

390

10276

152


 

Stable

Oui_N

Lubudi

272

6258

153


 

Stable

Oui_N

Lubudi

1340

40728

154


 

Stable

Oui_N

Lubudi

230

7628

155


 

Stable

Oui_A

Lubudi

534

11576

156


 

Stable

Oui_N

Lubudi

551

13261

157


 

Stable

Oui_N

Lubudi

457

14315

158


 

Stable

Oui_A

Lubudi

827

24712

159


 

Actif

Oui_A

Lubudi

196

6088

160


 

Stable

Oui_A

Lubudi

589

7975

161


 

Stable

Oui_A

Lubudi

479

5941

162


 

Stable

Oui_N

Lubudi

660

8739

163


 

Stable

Oui_N

Lubudi

307

5130

164


 

Stable

Oui_N

Lubudi

308

3514

165


 

Stable

Oui_N

Lubudi

288

4045

166


 

Stable

Oui N

Lubudi

330

3944

167


 

Stable

Oui_A

Lubudi

556

7986

168


 

Stable

Oui_A

Lubudi

1068

21339

169

Symphonie Naturelle 2

Actif

Oui N

Lukunga

528

4347

170


 

Stable

Oui_A

Lubudi

326

7967

171


 

Actif

Oui_A

Lubudi

345

3529

172


 

Stable

Oui_N

Bumbu

430

7072

173


 

Stable

Oui_N

Bumbu

262

4279

174


 

Stable

Oui N

Bumbu

580

12383

175


 

Stable

Oui N

Bumbu

476

6484

176


 

Stable

Oui_N

Bumbu

874

10649

177


 

Actif

Oui N

Bumbu

911

10522

178


 

Actif

Oui N

Bumbu

725

8229

179


 

Stable

Oui_A

Matete_N'djili

534

12265

180


 

Stable

Oui A

Matete N'djili

441

8071

181


 

Stable

Oui_A

Matete_N'djili

1274

24850

182


 

Stable

Oui N

Lubudi

687

13247

183


 

Stable

Oui N

Lubudi

496

8014

184


 

Stable

Oui N

Lubudi

424

9363

185


 

Stable

Oui N

Lubudi

539

5146

186


 

Stable

Oui_A

Lubudi

168

1931

187


 

Stable

Oui A

Lubudi

624

6239

188


 

Stable

Oui_A

Lubudi

182

1996

189


 

Stable

Oui N

Bumbu

704

7139

190


 

Stable

Oui N

Bumbu

643

6489

191


 

Stable

Oui_N

Bumbu

710

5322

192


 

Stable

Oui A

Bumbu

487

6049

193


 

Stable

Oui_N

Bumbu

225

1652

194


 

Stable

Oui N

Bumbu

574

8053

195


 

Stable

Oui N

Bumbu

230

3122

196


 

Stable

Oui_N

Matete_N'djili

329

4000

197


 

Stable

Oui A

N'djili

1074

53385

198


 

Stable

Oui_N

Lubudi

213

2998

199


 

Stable

Oui N

Lubudi

359

5791

200


 

Actif

Oui N

Bumbu

285

4930

201


 

Actif

Oui N

Bumbu

321

7649

202


 

Actif

Oui N

Bumbu

282

9648

203


 

Stable

Oui_N

Bumbu

329

4340

96

 

204


 

Stable

Oui_N

Bumbu

268

3640

205


 

Stable

Oui_N

Bumbu

221

3996

206


 

Stable

Oui_N

Bumbu

235

2174

207


 

Actif

Oui_N

N'djili

402

7796

208


 

Actif

Oui_N

N'kwambila_N'djili

426

10112

209


 

Actif

Oui_N

N'kwambila_N'djili

331

4101

210


 

Stable

Oui_N

Bumbu

1057

25231

211


 

Actif

Oui_N

Bumbu

186

3985

212


 

Actif

Oui_A

Bumbu

389

8039

213


 

Actif

Oui_A

Bumbu

313

6799

214


 

Actif

Oui_N

Bumbu

386

4847

215


 

Actif

Oui_N

Bumbu

389

7285

216


 

Stable

Oui_N

Lubudi

681

7454

217


 

Stable

Oui_N

Lubudi

692

3209

218


 

Stable

Oui_N

Lubudi

762

12077

219


 

Stable

Oui_N

Lubudi

374

4576

220


 

Actif

Oui_N

Bumbu

385

7425

221


 

Actif

Oui_A

Funa

154

2248

222


 

Stable

Oui_A

Funa

221

5025

223

Boulevard Salongo

Stable

Oui_N

Matete_N'djili

501

8840

224


 

Stable

Oui_N

Lubudi

427

5773

225


 

Actif

Non

N'kwambila_N'djili

488

7456

226

Home X

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

177

2309

227


 

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

356

7521

228


 

Stable

Oui_N

Bumbu

598

5074

229


 

Stable

Oui_N

Bumbu

636

4717

230


 

Actif

Oui_N

Bumbu

249

2325

231


 

Stable

Oui_N

Bumbu

338

3018

232

Pompe Funèbre CUK

Actif

Oui_A

Funa

228

4487

233

Morgue CUK

Stable

Oui_A

Funa

128

2189

234


 

Actif

Oui_N

Bumbu

710

13266

235


 

Actif

Oui_A

Bumbu

142

1725

236


 

Stable

Oui A

Matete N'djili

369

7474

237


 

Stable

Oui_A

Matete_N'djili

674

11435

238


 

Stable

Oui_N

Matete_N'djili

352

5409

239


 

Stable

Oui A

Matete N'djili

182

3780

240


 

Actif

Oui_A

Matete_N'djili

383

6690

241


 

Actif

Oui_A

Matete_N'djili

269

4623

242


 

Stable

Oui_A

Matete_N'djili

381

7604

243


 

Actif

Non

N'djili

257

2695

244


 

Stable

Oui N

N'djili

382

8610

245


 

Stable

Oui N

Matete N'djili

255

5637

246


 

Actif

Oui N

N'djili

244

4064

247


 

Stable

Oui_N

Mumfu_N'djili

389

4670

248


 

Actif

Oui N

N'kwambila N'djili

118

2109

249


 

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

175

2648

250


 

Actif

Oui N

Matete N'djili

243

3922

251


 

Actif

Oui N

Matete N'djili

265

3390

252


 

Actif

Oui_N

Matete_N'djili

210

2113

253


 

Stable

Oui N

N'djili

399

5641

254


 

Actif

Oui_N

N'kwambila_N'djili

130

1930

255


 

Actif

Oui N

Mumfu N'djili

97

1435

256


 

Actif

Oui N

Mumfu N'djili

298

5812

257


 

Actif

Oui A

Funa

402

5186

258


 

Actif

Oui A

Funa

105

1215

259


 

Actif

Oui_A

Funa

153

1457

260


 

Actif

Oui A

Funa

221

2814

261


 

Actif

Oui A

Funa

134

939

262

Eglise PPUKIN

Actif

Oui A

Matete N'djili

191

1965

263


 

Actif

Oui A

N'kwambila N'djili

208

3064

264


 

Actif

Oui_N

N'kwambila_N'djili

81

919

265


 

Actif

Oui N

N'kwambila N'djili

282

3660

266


 

Actif

Oui_N

Bumbu

221

3785

267


 

Actif

Oui N

Funa

154

2174

268


 

Actif

Oui N

Matete N'djili

318

3609

269


 

Actif

Oui_N

N'djili

304

4430

270


 

Stable

Oui N

Funa

193

1949

271


 

Actif

Oui_N

Funa

349

3707

272


 

Actif

Oui N

N'djili

167

2296

273


 

Actif

Oui_N

N'djili

193

2682

97

 

274


 

Actif

Oui_N

N'djili

154

4011

275


 

Actif

Oui_N

N'djili

177

2034

276

IG UNIKIN

Actif

Oui_N

Funa

229

4048

277

CRENK

Actif

Oui_A

Funa

379

5580

278


 

Actif

Oui_N

N'djili

178

1870

279


 

Stable

Oui_A

Matete_N'djili

427

5330

280


 

Actif

Oui_N

N'djili

269

2030

281


 

Actif

Non

N'djili

57

522

282


 

Actif

Oui_N

N'djili

124

941

283


 

Actif

Non

N'djili

126

1465

284


 

Actif

Non

N'djili

66

683

285


 

Actif

Oui_N

N'djili

213

2520

286


 

Actif

Oui_N

Tshangu

519

4822

287


 

Actif

Oui_N

Tshangu

265

3050

288


 

Actif

Oui_N

Tshangu

139

3444

289


 

Actif

Oui_N

Tshangu

687

9268

290


 

Actif

Oui_N

Tshangu

467

8051

291


 

Actif

Oui_N

Tshangu

321

7485

292


 

Actif

Oui_N

Tshangu

91

1691

293


 

Actif

Oui_N

Tshuenge

135

3701

294


 

Actif

Oui_N

Tshuenge

126

2034

295


 

Actif

Oui_N

Tshangu

165

2598

296


 

Actif

Oui_N

Tshangu

131

1306

297


 

Actif

Oui_N

Tshangu

151

2276

298


 

Actif

Oui_N

Tshangu

98

951

299


 

Actif

Oui_N

Tshangu

54

513

300


 

Actif

Oui_N

Tshangu

114

1522

301


 

Actif

Oui_N

Tshangu

49

855

302


 

Actif

Oui_N

Tshangu

142

1062

303


 

Actif

Oui_N

Tshangu

69

959

304


 

Actif

Oui_N

Tshangu

80

1379

305


 

Actif

Oui_N

Tshangu

61

433

306


 

Actif

Oui N

Tshangu

84

813

307


 

Actif

Oui_N

Tshangu

92

1024

Total général

94,5

1 979 154



 
 
 






 

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