Jacques Beauchamp
Chercheur au Département de Préhistoire, Muséum National d'Histoire Naturelle
Professeur de géologie, Université de Picardie, Amiens, jusqu'en 2004
Expert évaluateur auprès de la Communauté Européenne, 5ème RTD (1998-2002), thème « Sustainable Marine Ecosystems (Monitoring and managing coastal processes and the coastal zone) ».
Reconnaissance des climats anciens en Préhistoire.
L'environnement climatique de l'homme au Quaternaire peut être reconstitué à partir des caractères des sédiments continentaux. Le matériel d'étude est d'abord constitué par de nombreux planchers stalagmitiques prélevés dans les sites préhistoriques. Leur analyse radiochronologique par spectrométrie alpha (Uranium/Thorium) et istopique (isotopes stables de l'Oxygène et du Carbone) a permis de reconstituer les grandes variations climatiques qu'ont connues les hommes de la Préhistoire dans les 400 000 dernières années. Ces recherches sont effectuées par l'équipe du Département de Préhistoire du MNHN dans de nombreuses grottes, notamment en France et en Italie.
Ce thème a reçu l'appui du CNRS pour l'étude d'un plancher stalagmitique très épais d'une grotte italienne (La Basura, Ligurie) qui a enregistré les variations climatiques depuis -720 000 ans.
Les autres sédiments carbonatés continentaux peuvent donner également les mêmes informations. Des tufs calcaires et des travertins collectés au Maroc ont ainsi fourni des précisions sur les fluctuations climatiques ayant sévi sur les marges sahariennes depuis le Pléistocène moyen. D'autres travaux sont en cours qui portent sur les travertins du Maroc septentrional. Ces recherches sont faites en collaboration avec des équipes d'universités marocaines.
La chronologie des fluctuations climatiques enregistrées dans les sédiments continentaux, notamment l'alternance des périodes glaciaires et interglaciaires, est mise en parallèle avec la charte climatique établie à partir des carottes marines.
Sujet de recherche :
Tout en travaillant sur la sédimentation littorale, en particulier sur le littoral picard, je me suis intéressé depuis quelques années aux sédiments continentaux récents, et tout particulièrement aux concrétions des grottes, afin de mieux comprendre la signification climatique de ces dépôts. C'est un des sujets de recherche de l'équipe du Département de Préhistoire du Muséum National d'Histoire Naturelle qui travaille en collaboration avec de nombreux laboratoires d'analyses, tant français qu'étrangers.
Connaissance de l'environnement en Préhistoire.
Certaines grottes ont livré des traces d'activité humaine (outils en silex, en os, traces de foyers, traces de découpe sur des os d'animaux...) et plus rarement des restes humains (os, dents) qui ont permis de reconstituer l'allure et la vie des hommes préhistoriques. Mais dans quel environnement vivaient-ils? En forêt, dans la steppe? Sous quel climat? Glaciaire, tempéré, tropical? Ce climat était-il toujours le même ou a t'il changé? Et s'il a changé, à quelle époque se sont produits ces changements? Il est possible de répondre à ces questions en étudiant les dépôts qui sont accumulés dans les grottes et les restes des animaux et des plantes qu'ils contiennent.
Les os et les dents d'animaux donnent une indication sur le type de climat et de végétation: une couche très riche en restes de bovidés indiquent des zones herbeuses, des os ou des dents d'ours des cavernes un climat froid... Les types de plantes qui poussaient à l'époque du dépôt de la couche peuvent être connus si des pollens sont trouvés. L'aspect même des dépôts est utile, comme par exemples des blocs de roches brisés par le gel, mais ce sont les analyses chimiques de ces dépôts qui donnent les meilleurs résultats, et, parmi ces dépôts, les encroûtements carbonatés que sont les stalagmites et les planchers stalagmitiques (stalagmite en nappe sur le sol). En effet, le carbonate apporté par l'eau d'infiltration dans la grotte précipite en enregistrant certaines caractéristiques existant au moment de la précipitation. En particulier, les rapports isotopiques de l'oxygène et du carbone du carbonate donnent des informations sur la température et le type de végétation de l'époque, des substances organiques comme les stérols caractérisent la présence de certaines plantes ou certains animaux. De plus, les stalagmites renferment un peu d'uranium apporté en solution par les eaux. Cet uranium se décompose lentement et à vitesse constante pour donner du thorium: le rapport uranium/thorium est donc proportionnel à l'âge de la stalagmite, il permet de donner un âge chiffré à la stalagmite.
D'autres techniques de datation très élaborées peuvent être appliquées sur les dépôts et les restes osseux et dentaires. Ces analyses permettent ainsi de reconstituer la succession des types de climats et de végétation au cours des temps préhistoriques.
Toutes ces études, qui demandent des moyens humains et techniques considérables, ont abouti à reconstituer la chronologie des périodes glaciaires et interglaciaires en Europe, à mieux connaître le milieu de vie des Néanderthaliens et des Hommes modernes. Elles sont maintenant appliquées à d'autres dépôts continentaux comme les travertins (carbonates de sources ou de lacs) dans d'autres régions et d'autres continents.
Puisse le site Futura-Sciences compenser les sources d'informations scientifiques approximatives, inexactes, tronquées ou manipulées dont est abreuvé le public.
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