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Documents de Tradition de l'Académie Militaire de Kananga
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
FORCES ARMEES
COMMANDEMENT GENERAL DES ECOLES MILITAIRES
ACADEMIE MILITAIRE
mots pour comprendre la tradition de l’Académie Militaire de Kananga EFO
Edition: Septembre 2016
A toutes ces âmes honnêtement tombées, armes à la main, pour la défense de la Patrie.
TABLE DE MATIERES
AVANT-PROPOS 3
Première partie
HISTORIQUE DE L’ACADEMIE MILITAIRE DE KANANGA 5
Liste de commandants depuis la création de l’EFO-AcaMil 8
Deuxième partie
DEFINITION DE TERMES 9
Troisième partie
LA TRADITION DE L’ACADEMIE MILITAIRE 15
A l’aéroport 15
Avant-bivouac 16
Le bivouac 17
La mue 19
Le procès 21
Le stiquage 22
L’intégration 22
La vie à l’AcaMil 23
Quatrième partie
SERMENT DE MUANTS 28
LES DIX COMMANDEMENTS DE MUANTS 28
LES CHANSONS 28
Amis Efoïstes (Hymne des Efoïstes) 28
Mon copain 29
Faut-il nous quitter sans espoir 30
Honneur à la Nation 31
Nous irons au bout du monde 31
A l’EFO tout s’arrache 31
Dans mon pays, le Congo 32
EFO 32
Chanson de la mue 33
Time is Bible 33
La signification de l’exemplot ‘’Honneur Fidélité’’ 34
AVANT-PROPOS
L
’académie Militaire : de nombreuses bouches l’appelleraient volontiers le porte-étendard de la destinée d’une armée. C’est au sein de l’utérus que se développe un œuf après fécondation comme le savoir militaire s’épand dans les âmes d’académiciens à partir de ce gigantesque symbole des FARDC.
Durant des décennies, la sève qui coule dans ses branches éparses, lui a permis de subsister à travers les âges, de connaître la régénérescence. Par plusieurs fois, elle fut la cible d’agresseurs sans constance aucune, d’agrégat d’opportunistes dont la jalousie mal couvée avait abouti à l’avortement.
Elle mérite d’être la locomotive en effet, cette Académie Militaire ! Ou mieux, elle se veut la cartouche de lancement sans laquelle l’obus que crache avec furie un canon, ne peut atteindre sa portée maximale. Seuls les servants de cette pièce ont le sacré devoir d’ajuster la lunette et de faire au mieux l’encadrement de l’objectif sur lequel ils espèrent voir s’abattre le projectile. De toute évidence, cela nécessite une connaissance sans faille du fonctionnement de cette arme de première ligne qu’est l’Académie Militaire pour les FARDC.
Autrefois Ecole de Formation d’Officiers, l’Académie Militaire s’est gravé une réputation sur des rocs durs pour une série de raisons. Au premier chef, sa progéniture telle du feu le long d’une mèche, s’est répandue à travers toute la République, laissant derrière une empreinte de vaillance que ni la pluie de la couardise, ni le vent de la lâcheté n’ont réussi à effacer.
Ensuite, les besoins qu’elle satisfait au grand bénéfice de la Nation, n’ont cessé de faire parler d’elle. Dans un sous-continent, le besoin qui se fait sentir est celui de disposer d’une armée à la dimension continentale. Une grande armée pour un grand pays. A la manière de la tortue aquatique, l’Académie Militaire s’approche continuellement du littoral océanique où elle pond des œufs qui, éclos, essaimeront plus tard le titanesque océan congolais.
Enfin, sa sève régénératrice facilite sans répit la circulation aisée des substances vitellines en elle. Quand l’Académie Militaire saigne par des actions peu conformes, cette sève mouille à petit feu la fondation de cet édifice, prêt à s’effondrer ; et, hypothèque son avenir entre les mains de Minotaures. Comme cette sève bouillante goutte à pas de tortue sur la fondation du grand édifice d’espoir, sa chute nous torture sans arrêt les cœurs. Le seul malheur qui nous fasse craindre le lendemain !
Dans chaque milieu, il y a ipso facto une soupape qui règle la vie d’ensemble. Cette soupape est cette sève régénératrice. Celle qui, par des années de veilleuse, a permis au Fleuron du savoir militaire de survivre et rajeunir. Enfin, cette soupape est la tradition de l’Académie Militaire.
Cette tradition intéresse plus d’une âme parce qu’elle est le gouvernail qui, au fil des années, scelle sur le front invisible de ses partisans une marque indélébile de son existence. Nul ne la connaît en entier du moment qu’elle n’a jamais été l’œuvre d’un seul humain. Elle s’est, comme toutes les autres règles grégaires, faite progressivement ; accueillant tout partisan qui voulait en apporter un plus.
Du nombre, les six mains – Kimenga Bwalantama, 12ème session spéciale ; Muhemedi Numbi, 28ème Promotion et Kambale Kiberiti, 29ème Promotion – qui graffitent sur ces pages font partie. Elles n’ont point l’intention de finir la guerre, mais plutôt amorcer la première bataille. D’autres mains, espérons-le, se joindront à ces six premières pour nettoyer les dernières poches de résistance au cours de l’ultime bataille de cette guerre aujourd’hui enclenchée. Daignez nous tenir compagnie dans ce voyage qui démarre avec cette page le long de la route de la tradition de l’Académie Militaire, mais de laquelle nous ignorons la destination…
Les auteurs
Première partie
HISTORIQUE DE L’ACADEMIE MILITAIRE DE KANANGA
L’établissement que l’on baptise de nos jours Académie Militaire, fut connu autrefois sous l’appellation de l’Ecole de Formation d’Officiers.
Le besoin se faisant trop sentir, il fallait à tout prix doter la jeune République des années 1960 d’une école de formation d’officiers aux fins de compenser au système d’envoi de jeunes officiers à l’étranger y être formés.
Le processus devait s’annoncer long et exténuant. La génération qui, de retour au pays, avait réussi à déflorer cette catégorie virginale d’hommes en armes fut celle du colonel retraité Kaniki, le lieutenant Monga (plus tard premier ministre du gouvernement provisoire de salut public au cours de la rébellion de Jean Schramme et Bob Denard en 1967 ; puis assassiné peu après), le premier président du Burundi Michel Micombero (1966) et alii. (Voir photo).
La formation reçue avait beau s’affirmer de haute qualité, elle n’était pas souvent adéquate aux réalités propres à chaque pays dont le nôtre particulièrement. Il n’était donc point étonnant qu’après l’Ecole Royale Militaire en Belgique, West Point aux Etats-Unis ou Saint-Cyr en France ; le nouvel officier se sentît déséquilibré.
En effet, les équipements militaires en vogue sur ces entrefaites provenaient pour la plupart de pays d’Europe Orientale tandis que nombre d’officiers étaient formés à l’Occident. Ce décalage ne pouvait pas ne pas laisser son nom sur la page douloureuse de l’histoire militaire du pays.
Aussitôt l’indépendance acquise que sous la houlette de la communauté internationale, l’ONU voulut doter la République du Congo d’une Académie Militaire. Etant donné que jusqu’au 30 juin 1960 il n’y avait point d’officiers noirs congolais, le fossé qui s’était creusé entre la classe d’officiers et celle de sous-officiers se montrait infranchissable.
L’idée de créer une Ecole d’officiers sous la supervision de la Communauté internationale ayant répugné à la plupart d’autorités politico-militaires d’alors notamment le chef d’Etat-Major colonel Mobutu, celui-ci ainsi que certains de ses satellites en déclinèrent l’offre.
Le manque d’officiers compétents et formés selon les réalités locales devait donc continuer à se faire sentir un lustre durant.
Entre-temps, le bâtiment qui abrite aujourd’hui l’Académie Militaire, construit dans le site du camp Bobozo de 1947 à 1957 par le major du Génie A. Barbanson, accueillait l’école de pupilles qui deviendra vers 1959 l’école de cadets suite à l’initiative du roi de Belges, Baudouin I, en référence à l’école de cadets de la Belgique.
A l’indépendance, le programme fut interrompu brutalement et les cadets furent d’abord disséminés chacun dans sa province parce qu’étant en vacances sur ces entrefaites, ensuite envoyés achever l’année scolaire au collège Boboto à Léopoldville pour les uns – un nombre insignifiant à Brazzaville pour le compte du gouvernement sécessionniste du Sud-Kasaï – et à l’école de cadets en Belgique pour les autres de la terminale (première, seconde et troisième).
Cette école de cadets et pupilles formait enfin des enfants désireux de se spécialiser en art militaire, et ils étaient pour la plupart, issus de familles de militaires. Après le collège Boboto, nombreux autres rejoignirent l’ERM en Belgique après avoir réussi au concours. Une courte tentative de réorganiser l’école de cadets après l’indépendance, échoua en 1964 par manque de moyens à remettre aux professeurs. Cela n’était guère suffisant pourtant.
C’est enfin l’année 1969 qui verra l’ouverture officielle de l’EFO sous le commandement du major belge Veron. Recrutés à travers toute la république, seuls les adjudants étaient admis au concours d’entrée. Le premier recrutement de civils intervint en 1973, soit avec la 5ème promotion pour une formation qui durait deux ans environ (plus tard vers 1984, les civils recrutés devaient suivre au préalable des cours de sous-officiers pour une année au CFSO avant d’arriver à l’EFO). Les promotions encore en formation furent engagées sur le front ouest pendant la guerre de 1977 contre les rebelles venus de l’Angola (Guerre de 80 jours). Du nombre, figurent la 7ème promotion dont le général major Kibonge est issu ; la 8ème promotion – dont est issu le colonel Kongolo-A-Kongolo et la 9ème promotion –dont le major Kabamba, au cours de la guerre de six jours (1978). Cependant, vers 1986-1987, soit avec la 18ème promotion, la formation fut prolongée d’une année. D’ores et déjà, les Elèves Officiers devaient passer trois ans à suivre des cours académiques et militaires. Cette année coïnciderait avec le recrutement de premières filles à l’EFO, plus précisément la 19ème promotion (vers 1988-1989).
L’école ainsi fondée, organisait d’abord des sessions ordinaires ; et ensuite des sessions spéciales dont la première promotion a été recrutée vers les années 1986 pour entamer la formation vers 1987-1988. Les sessions ordinaires auparavant formées pour deux ans, durent actuellement trois ans ; tandis que les sessions spéciales ne durent que de neuf à douze mois. A l’approche de soubresauts de 1997, l’école fut fermée alors qu’elle était à son 25ème recrutement pour les promotions ordinaires et, quatrième pour les sessions spéciales sous le commandement du colonel E’Mpolo.
Les infrastructures furent impitoyablement pillées et toute l’école sombra dans l’oubliette durant une décennie près.
A la place des élèves-officiers, quelques agents qui travaillaient pour le service national, lequel venait à son tour, de décliner ; se pavanaient à travers le site d’une EFO en ruine.
C’est en 2005 que, visitées par la nymphe d’heur, les autorités politico-militaires initièrent le projet de réformes des FARDC qui devait, ipso facto, passer par la réouverture de l’EFO.
Même si la volonté de rouvrir cette majestueuse école était ostensible, les moyens faisaient défaut. Sur le plan humain, les FARDC de ces années-là étaient composées d’une cohue de personnels hétéroclites, pour la plupart sans formation ; pendant que sur le plan matériel, le pays sortait d’une guerre civile sans précédent et son économie se refaisait à pas de tortue.
Face à cette situation complexe ; les partenaires du pays, l’Union Européenne notamment, prirent la balle au bond. Enfin, grâce aux contrats divers, le gouvernement du pays pouvait espérer ouvrir un de ces jours cette oasis de savoir militaire, sous la nouvelle dénomination d’Académie Militaire sous le commandement du général major Kibonge Mulomba Gédéon, alors général de brigade.
La 5ème session spéciale fut alors recrutée. Vinrent ensuite la 6ème, 7ème – dont les élèves officiers étaient majoritairement envoyés en Europe Orientale, Ukraine précisément, poursuivre leur formation en aviation militaire – la 8ème qui, à son tour, accueillit la première promotion ordinaire depuis la réouverture ; soit la 26ème promotion qui commença son cursus en 2011.
Les promotions ordinaires n’accueillent que les célibataires, âgés de 18 à 25 ans, détenteurs d’un diplôme d’Etat (baccalauréat) ; tandis qu’aux sessions spéciales, les candidats doivent normalement avoir suivi avec succès un cursus universitaire auparavant.
Sont ensuite venus la 9ème Session spéciale puis la 27ème promotion (2012); la 10ème session spéciale avec la 28ème promotion ordinaire peu après (2013) ; la 11ème session spéciale avec la 29ème promotion ordinaire (2014) ; la 12ème session spéciale avec la 30ème promotion ordinaire (2015).
Entre l’EFO et l’Académie Militaire, on a jeté un pont, à coup sûr ! L’unique différence ne tient que sur la dénomination, sinon les mœurs, les coutumes et la TRADITION demeurent inchangées.
Sur cette page, nous n’avons pas raconté l’histoire de l’EFO-AcaMil, nous en avons plutôt retracé une partie du parcours sur l’interminable sentier de la destinée…
Liste de commandants depuis la création de l’EFO-AcaMil
Nom
Nationalité
Années
Major Veron
Belge
1969-1973
Major Kilolo
Congolais
1973- vers 1980
Major puis colonel BEM Bondjuka W’Otunga
Idem
vers 1980 – 1991
Colonel BEM Kisempya Sungilanga Lombe
Idem
1991-1993
Colonel E’Mpolo
Idem
jusque vers 1997
Colonel Muipatayi
Idem
avant 2005
Général de Brigade, puis Général Major Kibonge Mulomba Gédéon
Idem
2005-2014
Général de Brigade Tabu Mayuto Etienne
Idem
2014 à nos jours
Deuxième partie
DEFINITION DE TERMES
Abeilles (Guêpes): ce terme désigne les anciens. A l’approche d’un ancien, son jeune doit s’enfuir de peur que celui-là ne le pique. Les anciens, contrairement aux ancêtres, ne peuvent pas cohabiter avec leurs jeunes.
Aïeul : c’est tout celui qui est ancien à l’ancien. C’est-à-dire ancêtre.
Ancêtre : tout EO qui à déjà passé trois ans à l’AcaMil. Il est venu une année avant l’ancien, et deux ans avant les plus jeunes. Auparavant, même les EO de sessions spéciales étaient ancêtres de la plus jeune promotion ordinaire. Les ancêtres de promotion ordinaire portent le passant rouge (auparavant réservé aussi à la session spéciale).
Ancien : tout EO qui a déjà fait deux ans à l’AcaMil. Il est venu une année avant ses muants et porte le passant jaune.
Badibanga : nom donné au réfectoire de l’AcaMil en mémoire de ceux qui sont tombés pendant la guerre de 1977 ; dont l’EO Badibanga.
Bambou : autre appellation des muants, pour désigner par plaisanterie celui qui ne réfléchit pas.
Base de feu : ce terme a deux sens au réfectoire; d’abord, il désigne un groupe d’EO qui ont l’habitude de quitter le réfectoire au même moment que l’intermédiaire des ménages car ils doivent manger le repas des absents ; ensuite, il s’utilise pendant les épreuves où l’on doit se placer d’après les affinités pour s’entraider.
Bichebechebe : c’est l’ensemble d’exercices physiques le plus souvent exécutés dans le cadre d’une punition.
Bijabujabu : repas supplémentaires qu’on se trouve en dehors du repas règlementaire. C’est comme le quatrième repas.
Bivouac : lieu aménagé pour accueillir les candidats EO où ils suivent la Phase d’Initiation à la vie Militaire (PIM) pendant huit semaines. Il s’organise d’ordinaire aux chutes Katende, retranché du monde.
Bourreau : celui qui punit en toute circonstance ; auparavant le bourreau faisait partie de l’équipe de PM.
Brouette : sorte de punition par laquelle on traîne le concerné au sol en lui tenant les jambes pendant qu’un autre bourreau se pose sur sa poitrine pour augmenter la charge. On l’appelle alors brouette avec charge.
Canal de Suez : conduit long d’environ 200 mètres et large de quelques centimètres, par lequel passent les muants pendant la mue. On doit toujours le garder sale (eau stagnante, détritus,…) pour y plonger à tout moment les récalcitrants.
Carotier : terme qui désigne un paresseux.
Cercueil en bambou : expression utilisée pour faire peur aux nouveaux venus en leur disant qu’on va les enterrer dedans.
Champs-Elysées : c’est la résidence des nobles finalistes qui doivent rester à l’écart de fous de Katuambi. Ici, le calme de responsables doit régner.
Cocobar : terme affectueux par lequel les Efoïstes plus jeunes désignent ceux plus âgés. Un cocobar est un ancêtre qui a déjà terminé. Terme uniquement utilisé par ceux qui ont terminé, entre eux.
Contre-mue : ce terme désigne l’inverse de la mue. Il intervient à la fin de la formation (soit 3 ans, soit 9 mois) et est opéré par les jeunes qui, cette fois, chassent leurs ancêtres déjà en galon du réfectoire pour s’emparer de leur repas. Une autre version explique cependant qu’une contre-mue peut être organisée à l’égard de promotions indisciplinées.
Corbeau : comme cet oiseau qui reste perché sur les cimes d’arbres cherchant les poussins au sol, ce terme désigne tout muant qui, au réfectoire, soulève sa tête à la recherche d’une table sur laquelle un ancien à par inadvertance ou consciemment, abandonné son repas.
Crapolus : terme propre aux Efoïstes qui signifie un vaurien dans le langage académique. Il est utilisé surtout pour désigner un EO de la promotion plus jeune que soi.
Dakota ou église de noirs : une punition au cours de laquelle l’on prend une section ou un peloton d’EO formant deux colonnes de part et d’autre et un couloir au milieu où le puni passe en vitesse réelle, tout en recevant des coups et frappes jusqu'à saigner.
Dernier kapuepue : terme de plaisanterie par lequel on désigne l’EO qui passe pour le moins valeureux de sa promotion, en référence au sous-officier Kapuepue ; le cuisinier de l’AcaMil.
Deux doigts : terme par lequel on demande l’autorisation d’aller faire ses petits besoins ou fumer la cigarette.
Dindon : le repas le plus prisé de l’AcaMil préparé à base de haricots. ‘’Dindon’’ serait inspiré de la présence d’insectes qui rongent les haricots et s’y cachent. Alors, les EO d’autrefois les considérèrent comme les dindons : ‘’haricots viandés’’.
Doublette : terme qui désigne la chance qu’on a de manger deux boules, soit deux plats en général et simultanément.
Efoïsant : tout celui qui est passé par l’AcaMil-EFO mais a été éliminé pendant la partie.
Efoïste : tout celui qui est issu de l’AcaMil et a été commissionné sous-lieutenant.
Equipe dirigeante : c’est un groupe d’EO choisis dans leur propre promotion pour commander/diriger leurs collègues. La première équipe se constitue en tenant compte de pourcentages obtenus au bivouac ; et aussi la dernière. Cependant, celles qui suivent sont laissées à l’appréciation du commandant de Promotion, soit les membres de l’équipe sortante peuvent proposer à leur commandant ceux de l’équipe entrante. Dans les conditions normales, le projet de nomination d’une nouvelle équipe dirigeante est soumis par le commandant de promotion au commandant de bataillon qui, à son tour, le présente au commandant AcaMil pour approbation. Le retrait du brassard à un des membres risque d’entraîner son échec en cotation caractérielle ; on est nommé dans l’équipe dirigeante pour trois mois, et normalement une seule fois durant son séjour à l’AcaMil à moins que la promotion soit moins nombreuse. Cette équipe remplace le commandant de promotion à son absence.
Fou : autre terme de plaisanterie par lequel on désigne ceux qui habitent le grand bâtiment Katwambi qui est le village de fous. Seuls les ancêtres ne sont pas de fous car ils habitent les Champs-Elysées.
Général Bobozo : désigne un EO qui fréquente une veuve au camp.
Grand sorcier : qualificatif pour un cocobar plus expérimenté, ayant tant vu de choses.
Guantanamo : site où l’on amenait les récidivistes à l’écart de tout cadre susceptible de lever la punition. Le Guantanamo était situé au terrain de football AcaMil, à côté de la tribune ; là-bas, les chicotes étaient permises.
Guérison miracle : c’est la conséquence normale après avoir pris le yokamicine.
Herbologie : encore appelée mumbembe, elle est le cours le plus vaste qu’on étudie aussi longtemps qu’on est à l’AcaMil. Elle consiste à couper les herbes dans des secteurs et ce, tous les jours si besoin est.
Hôtel Nyoka : terme utilisé pour indiquer la brousse où certains EO amènent leurs petites amies pour leur plaisir charnel. Ils risquent de se faire mordre par le serpent ; d’où le désignatif nyoka. On parle aussi de manganga, ou encore hôtel du gouvernement pour désigner le grenier du grand bâtiment où sont graffités les noms de certains cocobars datant de leur passage à l’AcaMil.
Ikya/Likya : terme récent qui désigne le poisson salé (makayabo) maigrelet qui avale des milliers de boules d’ugali au réfectoire.
Incirconcis : tout celui qui n’est pas passé par l’AcaMil.
Inspection poche : terme affectueux par lequel les jeunes demandent à leurs anciens et ancêtres de l’argent.
Jeune gens : terme générique qui désigne tout EO de la promotion inférieure. Parfois, même les cadres peuvent appeler tout EO ‘’jeune gens’’.
Katuambi : terme par lequel on désigne le grand bâtiment. C’est le village de fous ; Katuambistes.
Katumanga : terme qui désigne le grade de sous-lieutenant en référence à la dernière station ferroviaire sur la voie ferrée Lubumbashi-Kananga. Cela signifie que les galons sont déjà tout proches de Kananga. La prise d’arme s’annonce.
L’eau claire ou le manganèse : c’est la boisson alcoolique traditionnelle ; le lotoko. Elle dévient la manganèse quand on y ajoute le jus du citron.
Libele : insigne d’honneur et fidélité dont sont décorés les officiers issus de l’Académie Militaire. Encore appelés par certains cocobars brélock.
Malheureux : terme qui désigne un EO plus jeune que soi.
Malhonnête : terme par lequel on désigne un Efoïste plus ancien que soi ; souvent utilisé à l’égard de ceux ayant terminé.
Masolo : terme qui désigne l’EO qui fait des négoces avec ses collègues, leur prêtant de l’argent et autres divers à rembourser avec intérêt.
Mayeye : celui qui n’a rien compris de sa formation militaire, du début à la fin ; un inapte.
Menton au sol : expression pour se railler de celui qui vient d’échouer dans une entreprise ; soit qui n’arrive pas à répondre à une question. Cette expression s’accompagne souvent d’un geste de main.
Moineau : comme cet oiseau qui fouille dans les poubelles d’hôpitaux, ce concept désigne tout EO qui ne se rassasie pas avec son plat. Il recourt aux mêmes techniques que le ramasseur.
Muant : c’est le nouveau venu que l’on doit transformer, dont on doit ôter la peau civile. On reste muant par rapport à son ancien pour toute la vie. On dit souvent : puant muant : c’est-à-dire les muants dégagent souvent une mauvaise odeur par des exercices multiples qu’ils font le long de la journée pour ne se laver que tard. Il porte le passant blanc (promotion ordinaire) ou multicolore (session spéciale).
Mubwabwa : terme provocateur et humiliant par lequel on désigne un EO de la jeune promotion. C’est une plaisanterie.
Mue : phase importante dans la vie d’un EO au cours de laquelle il ôte sa peau civile pour acquérir le véritable esprit militaire. Instituée auparavant pour 21 jours, puis dix jours, ensuite pour six heures ; la mue actuelle est revenue à vingt-et-un jours.
Mufulungu : désigne tout EO ne faisant pas partie de l’équipe dirigeante. Il ne vaut rien, il garde silence dans le rang.
Ngurutage : système qui consiste à s’endetter ; manger dans un restaurant du site à crédit, souscrivant sur une liste pour la paie à la fin du mois. On dit souvent : kombo nayo ezà libendè té qui veut dire que tout EO est ngurutable.
Noble : terme qui désigne tout EO, aspirant officier.
Parrainage : cérémonie au cours de laquelle on rapproche l’ancienne promotion de ses jeunes en attribuant à chaque parrain au moins un filleul. Le parrainage poursuit un double objectif : d’abord, faciliter l’intégration des timides dans la famille d’AcaMil en les ouvrant aux autres ; ensuite, amener les parrains à combler les besoins spirituels, financiers… de leurs filleuls qui ne sont pas encore payés en leur prodiguant conseils, orientations et directives. Autrefois, les sessions spéciales étaient parrainées indirectement. On remettait à chacun le numéro téléphonique d’un ex-EO de la session spéciale précédente qu’il était tenu de chercher de ses moyens. cela s’est fait jusqu’à la 10ème session spéciale. Cependant, depuis 2015, les sessions spéciales sont parrainées autant que les sessions ordinaires. Les 11ème et 12ème sessions spéciales ont été parrainées par la 28ème promotion bien que les ancêtres d’habitude, ne parrainassent pas auparavant. On n’est parrainé qu’une fois dans sa vie et le parrainage continue même au-delà de l’AcaMil. Seule la 26ème promotion ordinaire n’a pas pu être parrainée. Tout effort fourni s’était avéré vain.
Pipe de pantalon : type de punition en usage jusqu’en 2014, qui consistait à faire agenouiller le supplicié sur le macadam tandis que son bourreau le frappe de ses pieds par derrière aux talons de façon à frotter contre le macadam ses genoux pour être blessés.
Piscine de la Nganza : étangs piscicoles situés dans la vallée de la Nganza, à l’est de l’AcaMil, dans lesquels sont trempés certains punis spéciaux pour qu’ils puent.
Pongologue : terme désignant un EO qui passe la journée à dormir dans la salle de cours au lieu de suivre les leçons. Il est professeur en pongologie ; c’est-à-dire il a défendu sa thèse de doctorat à force de somnoler.
Porter le Congo : punition exécutée tête et jambes au sol, les deux bras croisés au dos, tandis que les fesses sont surélevés.
Procuration : papier qu’untel remet à son collègue/filleul, autorisant celui-ci de demander le repas de l’intéressé.
Pronto : désigne l’EO qui rapporte tout chez son commandant en accusant ses collègues.
Quartier libre : congé de fin de semaine qu’on accorde circonstanciellement aux EO pour aller se défouler en ville mais avec la restriction de revenir passer nuit au casernement. Il dure de 6 à 12 heures.
Quatrième repas : ce terme désigne tout ce qu’on trouve d’excédent après les trois repas règlementaires. Au bivouac, c’est par le quatrième repas qu’on désigne les amandes de noix de palme (ndika) ou les mangues qu’on ramasse dans la brousse.
Ramasseur : ce concept commence dès le bivouac pour désigner ceux qui sillonnent autour de la tente de la cuisine pour glaner le reste, et il se poursuit jusqu’au réfectoire de l’AcaMil.
Repas politique : concept par lequel on désignait autrefois le plat de l’ugali à la viande de chèvre. Ce repas est politique pour deux raisons : d’abord, on le mangeait souvent quand il y avait la visite d’une ou des autorités politiques ; ensuite, c’est le repas qu’on préparait souvent le jour de la mue : alors les anciens s’emparaient de plats de leurs jeunes pour les laisser affamés.
Repos de femme libre : type de punition qui consiste à faire coucher dorsalement le supplicié en l’obligeant de surélever ses jambes et les maintenir largement écartées.
Repos de muants : autre punition que l’on exécute en se pliant, tête vers le bas serrée contre les genoux, les touts tenus par les mains qui touchent les oreilles pendant que les fesses sont surélevées.
Sepelas : abréviation de Sepela, Pema, Lala et Sukula ou Sanza.
Soutenez la tente : un SOS d’entraide mutuelle au sein de la promotion inspiré de l’expérience vécue au bivouac pendant les vents violents. ‘’Soutenez la tente’’ permet aux collègues de s’expliquer les matières avant l’épreuve, mais quand celle-ci commence, chacun se terre dans son trou de fusilier.
Stiquage : phase au cours de laquelle on renvoie de l’AcaMil ceux qui ont échoué. Les stiqués de la session spéciale redeviennent civils tandis que ceux de sessions ordinaires sont mis à la disposition de l’EMG FARDC pour d’autres écoles de sous-officiers.
Temps flamand : terme aujourd’hui révolu qui justifiait la chicote à l’EFO vers les années 1970. Le supplicié s’étalait à plat ventre tandis que son bourreau le fessait avec son ceinturon.
Têtard : un nouveau venu qui ne sait encore rien de l’AcaMil.
Triple salut : punition par laquelle les muants surtout, saluent de deux mains de part et d’autre au niveau de tempes, tandis qu’ils maintiennent une jambe au sol et une autre soulevée à 45°.
Trois doigts : terme par lequel on demande l’autorisation d’aller faire ses grands besoins.
Trous de fusilier : terme par lequel on désigne les installations au bivouac.
Tungu na nyele : cette expression désigne la position dans laquelle étaient assis les premiers EO à la réouverture de l’AcaMil (2005-2011) : par terre ou sur des briques dans les salles de cours ou au réfectoire (autrefois sis au foyer). Du dialecte bangala ; tungu : les derrières et nyele : le sol.
Veuve : une femme, souvent plus âgée que soi, qu’on a reçue en héritage de son parrain.
Wadamas : terme par lequel les EO désignent la solde.
Weekend libre : congé de fin de semaine circonstanciel au cours duquel les EO sont autorisés de dormir pendant une nuit à l’extérieur et revenir le lendemain à l’heure fixée.
Yokamicine : une sorte de punition qui consiste à aller se faire mouiller en tenue militaire correcte, sur ordre de son instructeur pendant qu’on est sous une forte fièvre ; déformation de Yoka, le moniteur d’EPS.
Zombie : une fille de mœurs légères –souvent civile – qui traîne avec n’importe quel EO. Autrefois, ce terme se limitait aux seules filles qui se présentaient comme volontaires au centre de recrutement de troupes.
Troisième partie
LA TRADITION DE L’ACADEMIE MILITAIRE
Dans ses limites sémantiques précises, tradition ; du latin tradere : transmettre ; est perçue comme la transmission de doctrines, d’opinions diverses de génération en génération, soit une manière de penser et d’agir habituelle dans une collectivité.
Pour qu’elle se transmette d’une génération à une autre, la tradition nécessite la présence de canons observés par les gens qui vivent dans le milieu considéré.
Dans tout espace, aussi exigu soit-il, il y a des bornes qui rendent la coexistence entre individus harmonieuse.
Etant un espace social où se rencontrent les citoyens congolais de tous horizons, toutes cultures ; l’AcaMil s’est taillé au fil des ans une règle, au mieux une tradition dont la valeur conditionne l’harmonie à son sein. Elle n’a pas été le fruit d’une seule nuit, moins encore d’une seule âme.
Les promotions antérieures ont conçu la tradition à l’EFO – puis l’AcaMil – pour répondre au besoin impérieux inhérent à toute structure, a fortiori militaire.
Parce que cette institution militaire façonne dans son four les officiers dignes de servir loyalement la République, elle accueille les pâtes de tout genre ; quitte à elle de leur conférer une forme pour les frire. Au cours de cette opération, la discipline doit être l’affaire de tous.
Aussi, la tradition vit-elle le jour pour maintenir par-dessus tout la discipline au sein des promotions, ordinaires ou spéciales soient-elles.
Il fallait de ce fait, un principe de conduite qui tracerait les lignes à suivre par tous et reconnaîtrait ipso facto le statut de chacune des promotions en elles-mêmes et entre elles. Le souci des aïeux de 1969 a été perpétué par les promotions qui se sont suivies depuis, pour étayer cette tradition jusqu’à ces jours.
L’observance de celle-ci requérait, qui plus est, une application uniforme et juste de sanctions ou de grâces en reconnaissant exactement sans iniquité la place de chacun.
Le cœur humain est cependant, une forge où se fondent de multiples intentions, ou bonnes ou mauvaises. Néanmoins, en suivant un itinéraire bien tracé, la tradition de l’EFO-AcaMil devait devenir la sève grâce à laquelle l’institution devait subsister au-delà des âges.
A l’aéroport
Pour la plupart, les candidats élèves-officiers, en plein concours, connaissent très peu, sinon rien, de l’école où ils souhaitent poursuivre leurs formations soit trisannuelle, soit annuelle. Seuls ceux qui sont retenus finiront par délier ces arcanes. Ils passent d’ores et déjà pour des candidats aptes à tout entraînement physique à leur niveau, bien sûr.
C’est ainsi qu’à l’atterrissage de l’appareil qui amène pour la première fois lesdits candidats à Kananga, ceux-ci se retrouvent abandonnés entre les mains de leurs anciens, leurs abeilles, qui les font exécuter des exercices élémentaires tels que les culbutes, le cross-run à courte distance, marche à genoux…
D’habitude, un camion disponibilisé par l’AcaMil attend les bagages de nouveaux venus de l’autre côté de l’aéroport, ce qui permet à ceux-ci d’entreprendre leur marche quelque peu dégagés, mais toujours sous les quolibets de leurs bourreaux ; les anciens.
Après le contrôle de l’effectif qui débarque de l’avion, le chemin de la croix démarre. Durant cette phase, bien que la force et le moral soient nécessaires, l’endurance morale et le courage valent plus. Cela est l’unique moyen pour échapper et résister aux railleries des anciens.
Chemin faisant, sous l’égide de quelques ancêtres et cadres, jouant le rôle de garde-fou pour éviter tout dérapage, les anciens obligent leurs jeunes à exécuter tout mouvement. Ceux qui s’exécutent mollement sont alors isolés et le châtiment qu’ils ont à subir est pire que celui qu’ils feraient normalement.
Ainsi, les colonnes de recrues partent de l’aéroport et s’acheminent le long de la route Mbuji-Mayi – Kananga, dans une marche entrecoupée de brèves haltes dont la première est observée au niveau de la pancarte qui porte l’inscription ‘’Bienvenue à Kananga’’, sous laquelle ils passent à genoux, mains en l’air ; tandis que la seconde intervient devant l’auditorat militaire supérieur où les muants couchent sur la pelouse, face contre terre, chacun priant dans sa langue.
A la reprise de la marche, les colonnes prennent la direction du camp lieutenant général Bobozo, traversent le pont Nganza pour enfin s’arrêter en plein cœur de l’AcaMil où l’on procède à la distribution de bagages aux propriétaires qui sont ensuite amenés prendre le repas (surtout le souper).
Ceux qui sont venus par de moyens autres que l’avion connaissent un parcours bien différent et souvent irrégulier.
A ce premier jour, l’encadrement des anciens est poursuivi par l’adjudant de promotion désigné qui répartit les nouveaux venus dans leurs chambrées. Ainsi s’achève le premier jour.
Avant-bivouac
Le lendemain à l’aube, les jeunes sont réveillés non sans brutalité par les anciens qui les accompagnent aux trois doigts dans la brousse vers quatre heures du matin, et les conduisent ensuite à la rivière Nganza, prendre bain ; sinon en compagnie de l’adjudant de promotion et de quelques anciens, ils effectuent un cross-run à travers le camp, lequel cross renforcera leur résistance physique au bivouac.
Au contact avec leur commandant de promotion, celui-ci répartit sa promotion en pelotons. Toutefois, la journée commence d’habitude par la prise d’un déjeuner composé d’un pain et une tasse de café au lait bien chaud.
En cette période, les muants ne peuvent entrer au réfectoire ; ils mangent leur repas et boivent à l’extérieur sous l’œil menaçant d’anciens qui les obligent parfois à manger l’assiette déposée sur la tête tandis qu’ils dansent. Sinon, ils mangent pendant que les anciens comptent les secondes ; la durée écoulée, ils sont obligés de tout abandonner. Voilà, le rythme qui anime le premier contact à l’AcaMil.
Aussi, ces nouveaux venus passent-ils la journée à faire des corvées tout autour du site dans le souci de les occuper. Néanmoins, dans les mêmes conditions, ils mangent trois repas par jour.
Quand la journée décline, les anciens qui ont été désignées dans leur promotion respective, récupèrent leurs jeunes et restent ensemble au cours de la soirée culturelle agrémentée par des chansons tamisées de toute obscénité, preuve de la discipline qui doit les accompagner le long de leur cursus. D’habitude, cette soirée prend fin autour de dix heures du soir ou à l’appréciation de l’ancien du jour. Celui-ci amène les jeunes dans leurs chambrées, en attendant la levée du jour suivant, jumeau du précédent.
Nonobstant, l’encadrement des anciens consiste en l’apprentissage préliminaire de quelques drills du REEI ou règlements généraux ou chansons aux nouveaux venus, ou tout autre notion nécessaire pendant l’encadrement.
Cette période d’avant-bivouac est aussi celle au cours de laquelle on reprocède au contrôle de dossiers de nouveaux venus.
Têtes rases, les muants passent la plupart de leur temps diurne sous soleil, cernés d’anciens qui, tels des fauves, cherchent les proies sur lesquelles ils peuvent jeter leur filet.
Quelques jours avant le bivouac, les muants reçoivent les équipements militaires et s’affairent à aller affronter le bivouac, une autre épreuve au cours de laquelle la concentration est requise.
Le bivouac
Le départ pour le bivouac a souvent lieu dès l’aurore quand l’obscurité est encore épaisse et le froid glacial. Cela se fait pour une série de raisons ; d’abord, éviter que les faibles d’esprit ne soient tentés de fuir en suivant le sens inverse de l’itinéraire d’aller ; ensuite, une façon de les entraîner à une marche nocturne.
Ainsi, abandonnés à eux-mêmes dans une contrée étrangère et peu hospitalière, les candidats élèves officiers n’ont d’autres choix que d’endurer.
Cependant, il est de promotions qui échappèrent à cette règle non qu’elle fût transgressée mais parce qu’elle devait suivre un itinéraire détourné. Du nombre, il y eut la 28ème promotion qui dut faire la marche diurne en pleine ville de Kananga avant de faire le cap vers le bivouac.
A la veille du départ, les muants abandonnent tous leurs sacs de voyage au gardien du Quartier-maître (QM) qui les garde jusqu’à leur retour, et il est interdit à quiconque parmi les jeunes de se munir de son téléphone. Coupés du monde, ces candidats élèves-officiers s’avancent vers les chutes Katende où ils passeront huit semaines de Phase d’Initiation à la vie Militaire dans un bivouac administratif (la première promotion à bivouaquer aux chutes Katende serait la 9ème promotion, en 1977).
Le premier jour au bivouac voit des tentes montées, celles de l’Etat-Major, de promotions et du dispensaire. Une source d’eau est aménagée dans la vallée pour la cuisson, la boisson ou la toilette. Le mât du drapeau est planté dans la cour, en son plein milieu. Les stands qui tiennent de salles de cours sont arrangés sous les manguiers et les matelas/lits de campagne sont disposés de part et d’autre sous les tentes. Si les travaux ont été intenses au premier jour, on les poursuit le jour suivant. Bref, les premières heures au bivouac sont consacrées au service de campagne. (Voir le dessin ci-dessous).
Les travaux d’installation finis, la formation démarre. Elle porte sur la Phase d’Initiation à la vie Militaire au cours de laquelle les candidats sont instruits à la manière d’évoluer individuellement pendant le combat.
Les anciens ne suivent pas leurs jeunes au bivouac ; même s’ils peuvent parfois les visiter. Ainsi, l’encadrement au bivouac reste l’apanage de moniteurs d’EPS et chefs de pelotons cadres ou commandant de promotion qui entraînent les jeunes à l’endurance et au self-défense.
La journée commence très tôt par un cross-run en compagnie de moniteurs d’EPS ou chefs de pelotons cadres et se termine par une soirée culturelle aux environs de 22 heures. Comme d’habitude, trois repas sont observés le matin, à midi et le soir.
Le week-end est uniquement réservé aux activités sportives telles que les marches d’endurance ou les matchs d’équipe (football, handball, rugby,…) ; soit à la toilette personnelle incluant la lessive et le rasage des cheveux à la lame de rasoir.
Les corvées sont organisées le matin et le soir surtout à la recherche de bois morts dans la brousse.
Par temps de pluies violentes, les compagnons en formation sont appelés à s’épauler en soutenant la tente de peur qu’elle ne soit arrachée par le vent. C’est ainsi que, placés sous les mêmes conditions, les futurs EO s’initient à l’esprit d’équipe qui les accompagnera au cours de toute la période de leur séjour à l’AcaMil.
Au cours de dernières semaines, les moniteurs d’EPS accélèrent la formation dont la piste d’obstacle, pour préparer les candidats EO à la mue qu’ils vont devoir affronter.
La fin de la formation est sanctionnée par une série d’épreuves auxquelles il faudra réussir pour rester dans la partie.
Les épreuves terminées, le dernier jour, quelque 24 heures de joie et réjouissance collective, se caractérise par le démontage de tentes, bref on procède aux activités inverses de celles qu’on avait faites le premier jour.
Après le troisième repas, au soir, les candidats EO sont réunis autour d’un feu du camp en chantant et dansant, veillant ainsi jusqu’à ce que l’aube poigne.
Aussi, avant que les oiseaux ne se réveillent de leurs nids, doivent-ils se mettre en route pour le retour à l’AcaMil, mais entre temps, ils doivent franchir une étape : la mue.
La mue
Avançant en rangs serrés le long d’une route en terre battue, et pleins d’angoisse ; les futurs EO s’encouragent pour affronter vaillamment ce qui les attend. Comme l’obscurité de l’aurore enténèbre leur parcours, ainsi les âmes d’aucuns sont obscurcies par la peur et l’anxiété qu’inspire la mue.
Embusqués quelque part le long de la route, les anciens, désireux de surprendre leurs jeunes qu’ils n’ont pas revus deux mois durant ; ne parviennent à retenir leur souffle. Tapis sous les herbes, ils attendent impatiemment l’approche de muants à qui ils promettent déjà sans les voir une journée longue et pénible.
Soudain, c’est la pagaille. Courant tous azimuts sans succès, les candidats EO se retrouvent dans la gueule de leurs anciens qui s’empressent déjà à les sommer à bouche ouverte. Ainsi, commence le calvaire du Golgotha pendant que le soleil, dans son gîte, ne rêve même pas encore d’éclairer le monde.
Exécutant divers types d’exercices physiques dont les culbutes, marche à quatre pattes, ramping, rolling, porter-pompier, repos de muant…Les muants se laissent conduire docilement par les anciens sous les huées de ceux-ci. A ces exercices, s’ajoutent les divers drills du REEI.
Arrivés à mi-chemin, les anciens sous la supervision de quelques ancêtres, font arrêter les colonnes de Mubwabwa à une école sise à quelques mètres du marché Nkonko. Sur place, une parade est tenue, présidée par le chef de bourreau, un des anciens désignés par le commandant de l’ancienne promotion à l’honneur (le chef spirituel ou président de la mue). Une adresse pleine de mots décourageants pour abattre le moral de muants.
Après le contrôle des effectifs, la parade est levée et la mue reprise. Passant à travers les flaques d’eau, les muants comme des monstres humains, s’efforcent de tenir le coup.
Suivant l’itinéraire normal – Tshikaji-Nkonko – les suppliciés sont conduits au cimetière où chacun se choisit un sépulcre sur lequel il s’allonge en pleurant à tue-tête son mort dont le nom est gravé à l’épitaphe. Sous le contrôle des anciens, tous les muants sont obligés de verser des larmes chaudes.
Au départ du cimetière, les anciens et jeunes supervisés par leurs ancêtres, prennent l’itinéraire du camp 3ème bataillon qui le conduit jusqu’à l’AcaMil en exécutant toujours les mêmes exercices en cours de route et en dansant. A l’AcaMil, c’est le canal de suez qui les attend.
Un conduit ténu, long d’à peu près 200 mètres et large de quelques centimètres seulement, accueille les jeunes essoufflés que l’on précipite dedans, et obligés par les anciens qui les surveillent, d’exécuter le ramping très bas du début à la fin en traversant des tunnels étroits de quelques centimètres de diamètre. A la fin du canal, ils sont recueillis par les anciens qui réorganisent leurs rangs avant de les conduire au pas de course jusqu’au pont Nganza.
Sous le pont, ils sont baptisés et rebroussent chemin vers l’AcaMil.
Après le baptême, vu la fatigue ; il est interdit de faire exécuter aux jeunes des exercices plus exténuants ; mais d’ordinaire, du pont Nganza à l’AcaMil ; on fait la marche normale en chantant. Une maxime dit : ‘’avant la mue = après la mue’’ pour garder les récalcitrants de dérailler.
De l’endroit où les anciens avaient tendu l’embuscade (vers Tshikaji-Tshibambula) jusqu’au pont Nganza, les activités de la première étape de la mue ne doivent pas excéder 6 heures, soit de 06 heures à 12 heures.
A leur arrivée, les candidats EO mangent le deuxième repas à l’extérieur et sont obligés de toujours se déplacer au pas de course en respectant scrupuleusement les dix commandements de muants ; et cela durant 21 jours à venir.
Au 21ème jour, une mue sommaire est exécutée dans le site-même de l’AcaMil avant d’être couronnée par une autre étape non moins importante : le procès.
Le procès
Il a lieu le dernier jour de la mue et se tient à la parade de l’AcaMil. A la tribune, trônent quelques anciens avec deux avocats ; l’un de la partie civile et l’autre défenderesse – les promotions muantes.
A l’avant-plan, les accusés – les jeunes promotions – sont assis en tirailleur en forme d’U, portant leurs casques et webbing par-dessus leur équipement normal.
Le procès tient à raviver un sentiment d’effroi dans le cœur de muants. Ils sont accusés entre-autre d’avoir brisé le magasin d’armement, d’en avoir soustrait frauduleusement armes et munitions, de s’être ensuite retranchés en brousse où ils ont suivi une formation militaire aux fins de revenir attaquer l’AcaMil. Selon la tradition, toutes les charges retenues doivent peser sur les jeunes promotions.
Par surcroît, quel qu’éloquent qu’ait été l’avocat de la partie défenderesse ; le procès doit se clôturer par l’échec des muants. Sur-le-champ, quelques muants, les plus âgés surtout de leurs promotions, sont décoiffés et acheminés au cachot d’où ils seront libérés au bout de quelques heures.
En plein procès, les accusés peuvent être obligés de se lever, ou de se tenir en triple salut, ou de ‘’porter le Congo’’…
Au terme du procès, sous l’initiative de commandants de promotions respectifs, les muants peuvent recevoir leur diplôme de la mue ; entrer enfin au réfectoire manger avec leurs anciens.
La mue n’a lieu qu’une fois dans la vie et elle marque la rupture d’avec la vie et l’esprit civils.
Certains pour une année et d’autres pour trois ans, ils vont devoir ensemble se battre pour arracher leurs passants – et enfin leurs galons ; sinon les moins résistants seront stiqués au cours de la partie.
Le stiquage
Il intervient par étape. Après la PIM, seuls ceux qui se sont classés dans l’ordre utile peuvent espérer passer du statut de candidat EO à celui d’EO, sinon ils rentrent à la vie civile.
C’est pourquoi, un dicton souligne :’’ cette parade a vu les gens tomber, même les TEM’’. En effet, les proclamations ne se font qu’à la parade, moment de joie pour ceux ayant réussi et de tristesse pour les échouants.
Bref, c’est au cours du stiquage qu’on ôte de l’AcaMil la paille pour garder le riz que l’on présentera à l’intégration.
L’intégration
Elle a lieu en présence de hautes autorités du pays dont le ministre de la défense nationale. Elle joue un double rôle : d’abord, elle marque l’ouverture officielle de l’année académique ; ensuite elle vise à accueillir officiellement les nouveaux EO au sein de la grande famille d’Efoïstes (FARDC).
Auparavant, vu les contraintes circonstancielles, seules les promotions ordinaires étaient intégrées. La première cérémonie d’intégration à avoir vu la présence d’une session spéciale – la 11ème – eut lieu le 20 janvier 2015.
Au cours de l’intégration, l’ancienne promotion remet le fanion à la jeune promotion par le truchement d’un EO par chacune des promotions. Ainsi, l’EO de l’ancienne promotion, à la remise du fanion, prononce ces mots :
« Jeune, voici le fanion d’intégration ; signe de commandement. Dorénavant, c’est votre fanion ; il incarne les valeurs de notre école : Honneur et Fidélité. Soyez-en fiers et respectueux ; protégez-le jusqu’au sacrifice suprême ».
Le délégué de la jeune promotion ordinaire à l’honneur répart :
« Cher ancien, au nom de la …promotion ordinaire (et la …Session spéciale), je m’engage solennellement à respecter scrupuleusement les valeurs qu’incarne ce fanion ».
Après, au rythme du tambour et au pas cérémonial, ils regagnent leurs rangs respectifs.
L’EO qui reçoit le fanion est celui qui doit le remettre à l’intégration prochaine. D’habitude, on tient compte soit de l’application (le meilleur élève au bivouac), soit de la parité.
Après la cérémonie, c’est le cocktail en compagnie des invités. Les jeunes promotions, bien qu’à l’honneur, n’ont pas droit à la fête. Elles ne mangeront que tard dans la nuit, souvent à l’extérieur, les miettes qu’on leur aura laissées. Seules les promotions d’anciens et ancêtres peuvent festoyer avec les convives. Cependant, de nos jours, on tolère.
Dans l’ancien temps, l’intégration était précédée du port de passant qui avait lieu après la cérémonie de parrainage. Aussi, chaque parrain avait-il le devoir de faire porter les passants à son filleul. Consécutivement, une première équipe dirigeante devait être mise en place.
De nos jours, le port de passants est simultané à la cérémonie d’intégration, et parfois loin de parrains.
Enfin, l’intégration annonce le retrait de l’équipe de bourreaux des anciens en inaugurant l’investiture d’une équipe dirigeante. Les muants peuvent enfin se dire Elèves-Officiers et se présenter à la parade générale (auparavant, la première entrée à la parade se faisait sous-forme d’une mue sommaire : marche à genoux, ramping…). Ils entrent les premiers, suivis de leurs anciens et viennent ensuite les ancêtres. La sortie de la parade se fait dans l’ordre inverse : les muants sortent les derniers. Avant la parade générale, ils tiennent une parade primaire au hall des jeunes.
La vie à l’AcaMil
Après l’intégration, les jeunes promotions (ordinaire et spéciale) sont accueillies dans la grande famille d’Elèves officiers. Elles sont conduites à la grande parade par leurs anciens au pas de course, marche à genoux, culbute, ramping, etc.
Chaque jeune a droit à un parrain. Le parrainage, c’est pour toute la vie. Chaque promotion est commandée par des hommes à brassard qui forment l’équipe dirigeante ainsi qu’une équipe de semaine. Les journées sont monotones à l’AcaMil, excepté le samedi et le dimanche.
La journée normale débute en principe à 4 heures du matin et comporte une diversité d’activités réparties comme suit :
4 heures : réveil musculaire ou cross matinal ;
6 heures : mini-parade ou parade primaire : les anciens au hall des anciens, les jeunes de la promotion ordinaire au hall des jeunes tandis que la session spéciale se rassemble au terrain de basketball (ce qui n’est cependant pas rigide) ;
6 heures 30 : premier repas dont le petit déjeuner fait du pain à une tasse de café au lait ;
7 heures : entrée de la plus jeune promotion ordinaire à la grande parade ;
7 heures 10 : entrée à la grande parade de la session spéciale ;
7 heures 15 : entrée des anciens ;
7 heures 20 : entrée des ancêtres. Plus aucun élève officier jeune ne peut entrer, à moins qu’il ait une justification convaincante.
7 heures 30 : la montée du drapeau par une équipe composée d’élèves officiers de l’une de deux jeunes promotions qui le hissent souvent à tour de rôle.
Le commandement de la parade est confié à la plus ancienne promotion, soit les ancêtres ; à leur absence, ils sont remplacés par les anciens. Sauf le dimanche, le commandement de la parade revient à l’une de deux jeunes promotions.
Le déplacement se fait en bloc commandé, rang serré, pour les salles de cours. A 8 heures, c’est le début de cours et le chef de la salle nomme chaque jour un élève du jour qui affiche la situation d’exercice de la salle au coin du tableau et justifie l’actualité de la salle. En outre, il présente la salle au professeur ou à l’instructeur selon que l’on est en phase scientifique ou militaire. Après toutes les cinquante minutes, il y a un break de 10 minutes.
Les évaluations (interrogations ou examens) se faisaient dans l’ancien temps en plein air ; de nos jours, elles se font au réfectoire et peuvent se faire en plein air circonstanciellement.
A 11 heures 50, c’est la grande pause d’une heure et simultanément le moment du deuxième repas. Les élèves officiers se rangent en bloc commandé pour le réfectoire. En silence absolu, seule la voix de l’élève de semaine de peloton (ESPl) se fait entendre. Les jeunes promotions se déplaçaient toujours au pas de course et en chantant ; de nos jours, on tolère parfois qu’elles marchent aux pas ordinaires.
Le réfectoire pour élèves officiers à l’AcaMil est un bâtiment subdivisé en deux parties dont la première – et la principale – accueille les anciens et leurs jeunes – sessions ordinaire et spéciale.
Les anciens se mettent le long de la rangée du milieu, de part et d’autre, pour mieux contrôler leurs muants, car cette partie est constituée de trois rangées. Les anciens imposent le silence, l’ordre et la discipline au sein du réfectoire. Chaque promotion a sa porte d’entrée. Un muant ne peut aucunement franchir la porte d’anciens tandis qu’il y a un principe qui stipule à l’AcaMil : ‘’l’ancien n’a pas de limites’’ sauf devant les ancêtres.
La deuxième partie du réfectoire est uniquement réservée aux ancêtres qui sont les garants de la tradition – ils l’occupent après le retour du bivouac de leurs petits-fils. La partie des ancêtres est inviolable par toutes les jeunes promotions mais un jeune peut y accéder sous l’autorisation d’un cadre ou d’un ancêtre. Tout ancien est bourreau et peut punir tout jeune fautif. La relation entre jeune et ancien est caractérisée par les liens de respect et subordination tandis qu’elle est caractérisée par les liens de familiarité entre les petits fils et leurs ancêtres.
Après le réfectoire, les promotions se rangent derechef en bloc commandé pour retourner dans les salles de cours.Salle de cours 26èm prom ord. A 16 heures 50, le cours ou le programme de la journée prend fin. En bloc commandé, on va prendre au réfectoire le troisième et dernier repas de la journée ; d’habitude le foufou aux dindons.
Les jeunes sont appelés ‘’affamés éternels’’ ; ils ramassent sur les tables de leurs anciens les miettes et ont pour devise : ‘’pour la bouffe, nous mourrons’’. Après le troisième repas, vient l’heure de la parade de garde. La garde du site est assurée par les élèves officiers : c’est le service intérieur de l’école ; les jeunes promotions font à tour de rôle, office de sentinelles et organisent la patrouille, tandis que les anciens sont chefs de poste et les ancêtres officiers de garde.
La parade de garde a lieu au corps de garde et est présidée par l’officier de garde. Les non-concernés par la garde rejoignent alors le casernement en bloc commandé et profitent du temps d’avant 19 heures pour aller se baigner et puiser de l’eau à la rivière Nganza.
A 19 heures, c’est l’étude obligatoire exigée particulièrement pour les jeunes promotions et à 21 heures 30 on effectue le contre-appel et enfin c’est l’extinction de la lumière.
Les jeunes promotions et les anciens sont logées à Katuambi, le grand bâtiment, mais occupant les halls différents. Quant aux ancêtres et personnels militaires féminins (PMF), ils sont logés aux Champs Elysées.
La caserne des anciens est inviolable pour les jeunes de même que les Champs Elysées aux jeunes et anciens du village Katuambi.
Les activités prennent réellement fin plus tard dans la nuit par l’appel au lit effectué par l’officier de garde. Vers la fin de l’année, la session spéciale exerce le rôle d’officier de garde ; dès lors, les anciens cessent d’être chefs de poste.
Les samedi et dimanche, il n’y a pas cours. La journée du samedi a ses activités particulières. Après la montée du drapeau, c’est l’entretien du site académique ; chaque promotion dans son secteur pour l’herbologie bien qu’autrefois les jeunes promotions fussent appelées les tracteurs. Ensuite, c’est le sport, soit la corvée corporelle et vestimentaire. La coiffure autorisée pour les anciens et ancêtres, est le ras français ou pelouse ; pendant que les muants se coiffent le covo jusqu’à la fin de l’année. Enfin, on peut suivre une conférence à l’amphithéâtre si jamais elle est programmée.Elèves officiers en pleine conférence dans l'emphithéatre de l'AcaMil avec le géneral LOMBE
Les dimanches, les anciens et ancêtres ne participent pas à la grande parade et, entrent au réfectoire en tenue civile correcte (avec le temps, les jeunes aussi bénéficient de ce privilège). Dans l’ancien temps, le repas politique était fréquent ; de nos jours, il s’est raréfié. Parfois, on autorise les quartiers libres après la paie mensuelle et même les weekends libres.
La réussite à l’AcaMil est conditionnée par au moins la satisfaction dans quatre disciplines ci-après :
La Phase scientifique ;
La Phase militaire ;
L’éducation physique et sport ;
La Cotation caractérielle.
En cas d’échec dans l’une de ces phases, on ne monte pas dans la classe supérieure ou on n’obtient pas le grade et, on est remercié de l’AcaMil. La session spéciale connaît une courte phase scientifique de trois cours à peu près (Histoire militaire, informatique et initiation à la géostratégie). Les critères de délibérations varient d’après les années et l’appréciation des dirigeants. Autrefois, le nombre d’échecs maxima pour réussir était fixé à 5 ; et pas de deuxième session.
A la fin de l’année académique, après la délibération ; les promotions se présentent à la parade tour à tour devant le commandant de l’école pour la proclamation. Souvent, seuls les noms de ceux qui ont échoué sont cités. Ceux-ci sont alors écartés du gros et les passants leur sont enlevés. C’est à ce moment qu’intervient la phrase : ‘’cette parade a vu les gens tomber’’.
Les échouants sont isolés et écartés de toutes les activités de l’AcaMil. Plus de bisseurs depuis l’année 2013-2014. L’année académique est clôturée par la cérémonie de prise d’arme.
La promotion qui passe en 3ème année abandonne le quartier Katuambi pour aller vivre aux Champs-Elysées.
Ce quartier est inviolable. Malgré la présence d’un bloc abritant les EO féminins – toutes promotions confondues – l’accès est interdit à tout EO de la jeune promotion (ancien ou jeune). Tout irrespect à cette règle entraîne des bichebechebe. L’inviolabilité de Champs-Elysées s’explique par deux raisons :
D’abord, c’est dans le souci de garder une bonne distance d’avec les jeunes, nécessaire pour le maintien de la discipline ;
Ensuite, c’est pour inciter les jeunes promotions à étudier sans relâche, engoués par l’espoir de se voir un de ces jours occuper le même bâtiment de Champs-Elysées où chacun est chef de sa chambrée.
Après la prise d’arme, cérémonie au cours de laquelle on fait porter le grade de sous-lieutenant aux lauréats en leur remettant les diplômes des sciences sociales et militaires pour la promotion ordinaire et les brevets pour la session spéciale, en présence d’autorités nationales ; intervient la contre-mue.
Cette étape est là parce qu’il y avait eu une mue. Bien qu’à ces jours, elle s’observe à peine ; la contre-mue existe cependant.
C’est alors le tour de jeunes promotions de chasser – mais poliment – la promotion lauréate du réfectoire et de manger son repas parce qu’elle aussi, le jour de la mue, l’avait fait contre sa jeune promotion.
Les portes de Champs-Elysées sont alors ouvertes aux jeunes : ils peuvent y entrer et en sortir comme ils veulent. Les lauréats lèguent à leurs jeunes les veuves. La tradition se poursuit aussi en dehors de l’AcaMil. Les jeunes devenus anciens, et, les anciens devenus ancêtres ; s’en prennent en vacances à leurs cocobars à qui ils lancent ‘’inspection poche’’.
Et parce que tout avait commencé à l’aéroport de Kananga ; les ex-EO terminent leur parcours à l’aéroport où ils seront embaqués à bord d’un appareil mais avec une différence : la joie du retour qui remplace les bichebechebe d’arrivée.
Quatrième partie
SERMENT DE MUANTS
Nous, muants, nous nous engageons à avoir foi en nos honorables chers anciens et chers ancêtres ; de ne jamais abandonner nos compagnons de rang sur le champ de bataille ; pour défendre la cause de la mue jusqu’au dernier souffle ; c’est notre serment de muants !
LES DIX COMMANDEMENTS DE MUANTS
Tout ancêtre, tout ancien au-dessus de toi, tu respecteras et par cher ancêtre, cher ancien ; tu les appelleras ;
Après le réveil, point ton lit tu ne toucheras ;
Point tu ne fumeras ni boiras, seule l’eau claire de la Nganza sera ta boisson ;
Mélancolie tu banniras et sourire tu arboreras en tout lieu ;
En français tu parleras et silence tu garderas ;
Les nécessaires à coudre et à écrire avec toi partout tu porteras ;
Lieu de plaisir tu fuiras et de loisir tu détesteras ;
Tout camp Bobozo parfaitement tu connaîtras ;
La compagnie sera tienne mais tu la chercheras et l’ordre sera ton arme;
Les dix commandements seront ta prière et ton dictionnaire.
LES CHANSONS
Amis Efoïstes (Hymne des Efoïstes)
Amis Efoïstes, qu’est-ce que l’EFO ? L’EFO !
C’est un paradis, mais c’est aussi l’enfer, X 2
Il suffit de vivre dans sa famille
Pour la connaître jusqu’aux entrailles.
Vouloir c’est pouvoir, dit-on, mais ne perdons jamais de vue ; X 2
Pour y réussir, il faut beaucoup d’esprit.
A cela ! A cela s’ajoutent l’endurance morale, l’endurance physique et le caractère.
Ses qualités réunies nous seront gratifiées
Et nous partirons heureux
Rendre service
La nation a besoin de nous, dignes officiers
Pour sa défense.
Anciens et nouveaux
Soyons tous unis, partout nous serons la main dans la main
Oublions les promotions
Amis Efoïstes
Partout animons-nous de cet idéal.
Unissons nos voix, chantons la devise
Notre devise à l’EFO ; honneur, fidélité
Honneur, fidélité
Ooh ooh ooh ooh
Notre devise à l’EFO ; honneur, fidélité ! Honneur, fidélité !
HONNEUR – FIDELITE !
Mon copain
Oh mon copain, pourquoi tu es à l’EFO X 2
Chaque jour après le travail, je fais des sorties
Mais toi vraiment à l’EFO tu ne sors presque pas
Si ce n’est que mercredi, samedi et dimanche
Vois-tu mon frère que tu n’es qu’un vendu !
Malgré ça sa famille s’agrandit chaque année
Qu’est-ce que l’EFO ?
Que fais-tu là-bas ?
Je voudrais savoir ce qui se passe à l’EFO
J’ai l’envie vraiment de venir à l’EFO.
Refrain : A l’EFO, à l’EFO ; mon frère ; c’est l’honneur et l’espoir du Congo. X 2
Travail, discipline et endurance ; voilà ce que c’est l’EFO.
Efoïste, sois fier ; ton insigne tu porteras X 2
Partout où tu passeras, montre la valeur de l’EFO.
Chantons tous, crions tous la devise de l’EFO : honneur, honneur ; fidélité ; oooooh,
Chantons tous, crions tous la devise de l’EFO : honneur, honneur ; fidélitéééééé…
Faut-il nous quitter sans espoir
Refrain :
Faut-il nous quitter sans espoir, sans espoir de retour ;
Faut-il nous quitter sans espoir, sans espoir de nous revoir un jour.
Ce n’est pas un adieu, mes frères
Ce n’est qu’un au revoir, X 2
Oui, au revoir, oui nous nous reverrons un jour
Ce n’est qu’un au revoir.
Car Dieu qui nous a mis ensemble et qui va nous bénir
Car Dieu qui nous voit tous ensemble
Saura nous réunir.
Formons de nos mains qui se lassent
Une chaîne d’amour ;
Formons de nos mains qui se lassent
Une chaîne d’amour.
Refrain :………………………………………………………………………………..
Honneur à la Nation
Honneur, honneur à la Nation
Fidélité à notre président
Honneur, honneur à la Nation
Honneur, fidélité !
Tous ensemble, honneur fidélité
Tous unis, défendons la Patrie
Pour la vie, honneur fidélité…
Nous irons au bout du monde
Nous irons
Nous irons
Au bout du monde X 2
Par la force X 2
Et le travail X 2
En comptant X 2
Chaque seconde
Nous serons des conquérants…
A l’EFO tout s’arrache
A l’EFO, tout s’arrache, tout s’arrache X 2
Travaillons pour gagner nos passants,
J’ai la mission de défendre mon pays dans toute son intégrité X 2
Jusqu’au péril de ma vie.
C’est une mission qui demande sacrifice, X 2
Il faut être patriote pour défendre sa Nation.
Refrain :
Mes amis, prenons courage ; défendons le Congo,
Quand je pense à ………………………, président RDC
Quand je pense à …………………………………, Commandant Académie
Quand je pense à …………………………………, Commandant Promotion
Quand je pense à Kananga, je pense à l’EFO
Mes amis, prenons courage, défendons le Congo…
Mes amis, ne pleurons pas…
Dans mon pays, le Congo
Refrain : Dans mon pays, le Congo, X 2
Mon père est là, ma mère est lààààà.
Oh, ouia, ouia eh !, ouia, ouia eh !,ooooooooh, ouia, ouia eh !
Mon père est lààà…
Refrain : Dans mon pays, le Congo…
EFO
Refrain :
EFO, oui ! AcaMil, oui !
Avez-vous formé la …promotion (ordinaire)
Oui ! Oui !oui !oui ! Nous avons formé !!!
A l’EFO, nous sommes décidés à être officiers
Physique honorable et caractère ;
Nous saluons le Président de la RD Congo,
Egalement le Commandant de l’Académie
Nous saluons le commandant ….promotion,
Egalement tous les instructeurs de l’Académie.
Refrain :………….
Chanson de la mue
Vive la mue X 2
Vive la mue
Vive la mue à l’EFO
Paix, Justice, Travail X 2
NB : On chantait Paix-Justice-Travail parce que c’était la devise de la deuxième république. De nos jours, on peut donc bien logiquement chanter Justice-Paix-Travail.
Time is Bible
Refrain: Time is Bible X 2
In my life
Can make me bay bay X 2
I’m efoist. X 2
And everywhere we’ll go X 2
And you say once again X 2
Efoist!! X 2
Refrain: ……..
La signification de l’exemplot ‘’Honneur Fidélité’’
Honneur, Fidélité : devise de l’AcaMil ; honneur à la Nation et Fidélité au Président de la République.
Etoile : symbole de grade d’
Les palmes : autrefois symbole de officier général
grade d’officier subalterne
La tête de léopard : symbole de grade
d’officier supérieur
Le sabre : symbole du pouvoir de commandement
Le fond bleu : symbolise la couleur du drapeau du pays. Autrefois, pendant la deuxième République ; le fond était en vert.
Les informateurs
Sans l’apport de ces noms illustres, le travail que vous tenez en mains ne rêverait jamais de paraître :
Le colonel Kongolo-A-Kongolo R. (8ème Prom Ord);
Le colonel Kaniki (école de cadets, puis ERM, Belgique) ;
Le major Kudiengoso Sylvain (7ème Prom Ord);
Le major Mwasa Ekway (13ème Prom Ord );
Le major Umba Kazadi (1ère session spéciale);
Le major Kabamba Kaseba (9ème Prom Ord);
Le capitaine Sambu (7ème Prom Ord)
Le capitaine Kankole Lobo John (5ème session spéciale);
Le lieutenant Nyakataba (10ème session spéciale) ;
Le sous-lieutenant Basubi Robert (9ème session spéciale);
Le sous-lieutenant Ndarifite Hangi (26ème Prom Ord);
Le sous-lieutenant Bwato Mukulutake (26ème Prom Ord);
L’Elève Officier Ngoma Lusala (28ème Prom Ord);
L’Elève Officier Kulondwa Mubembe (28ème Prom Ord);
L’Elève Officier Abubakar Ikos (29ème Prom Ord);
L'élève Officier Tshiananga Aaron (30eme Prom Ord);
Etc.
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