L'ail, ail commun ou ail cultivé (Allium sativum) est une espèce de plante potagère vivace monocotylédone dont les bulbes, à l'odeur et au goût forts, sont souvent employés comme condiment en cuisine.
Une tête d'ail se compose de plusieurs caïeux ou gousses d'ail.
Sommaire
Description[modifier | modifier le code]
Plante herbacée, bulbeuse et vivace assez grande à nombreuses feuilles engainant le bas de la tige. Elle mesure 5 à 12 cm de hauteur.
L'inflorescence est rare chez beaucoup de cultivars et n'apparait qu’occasionnellement en cas de stress. Elle est enveloppée d'une spathe en une seule pièce tombant assez rapidement. Les fleurs sont groupées en ombelles. Assez peu nombreuses, elles sont de couleur blanche ou rose et s'épanouissent en été.
Le fruit est une capsule à 3 loges, mais celle-ci est très rarement produite et la hampe florale donne plus souvent naissance à des bulbilles florales sauf pour les cultivars originaires d'Asie centrale et du Caucase qui sont proches du type sauvage.
La multiplication végétative est plutôt la règle par le biais des bulbes formés à la base de la tige. Ce sont des bulbes composé de 3 à 20 bulbilles (gousses) arquées appelés caïeux. Chacun est entouré d'une tunique parcheminée et le groupe d'un même pied est lui-même inclus dans une tunique identique à multiples couches.
Sous-espèces et variétés[modifier | modifier le code]
La classification traditionnelle distingue les cultivars selon des critères morpho-physiologiques en fonction de leur période de végétation et de la couleur de la tunique du bulbe et des bulbilles.
- L'ail d'automne est planté de septembre à novembre, c'est de l'ail blanc ou violet qui est souvent plus précoce mais supporte moins bien le froid. Il produit très rarement des hampes florales. La récolte s'étale sur deux mois de mi-avril à mi-juin pour la récolte en frais et de mi-mai à mi-juillet pour la récolte en sec. Il se conserve jusqu'en décembre-janvier.
- L'ail de printemps est planté entre décembre et janvier avec un mois en plus ou en moins selon les variétés et le climat et parfois même jusqu'en mars. Lui aussi ne produit que très rarement des hampes florales. C'est de l'ail rose qui se récolte presque toujours en sec en juillet. Il se conserve jusqu'en mars-avril de l'année suivante.
- L'ail à bâtons est dit alternatif car pouvant être planté de novembre à février. Il produit couramment des hampes florales. Ce sont des ails roses récoltés généralement en sec de la mi-juin à la mi-juillet.
Chacun des groupes comporte ses propres cultivars, en grande partie cultivés dans les régions d'Europe méridionale.
Actuellement près de 130 cultivars sont inscrits au Catalogue européen des espèces et variétés et près de 35 au Catalogue officiel français.
Dans le cas de la France, en fonction du terroir où elles sont cultivées et de leur couleur spécifique, ces variétés sont parfois labellisées :
- Ail blanc de Lomagne (Midi-Pyrénées), IGP
- Ail d'Auvergne
- Ail de Cherrueix (Bretagne).
- Ail de la Drôme, IGP
- Ail de Provence
- Ail fumé d'Arleux (Nord-Pas-de-Calais, demande d'IGP en attente[1]) ;
- Ail rose de Lautrec (Midi-Pyrénées), IGP et Label rouge
- Ail rose du Var (synonymes : Rose de Brignoles ou Moulinen)
- Ail violet de Cadours (Midi-Pyrénées)
En se basant sur les isozymes, une classification scientifique récente délimite plusieurs groupes et sous-groupes variétaux.
- Variété botanique Allium sativum var. sativum. Les deux premiers groupes ont le même profil enzymatique.
- Groupe I : méditerranéens, hampe florale, 2 feuilles fertiles. Dormance moyenne. Principalement présent en Espagne mais se rencontre aussi en France, en Italie, Croatie, Algérie. Aussi une variété présente au Sénégal et au Niger et un clone connu en Indonésie. Appelé n°IV, colorados, créole par certains auteurs. Connus en France avec le type Rose de Lautrec et les clones : 'Goulurose', 'Ibérose', 'Jardirose', 'Morasol', 'Morasur', 'Sultop' tous à tunique rose.
- Groupe II : climats tempérés ou méditerranéens à hivers froids, pas de hampes florales, plus de 3 feuilles fertiles. Dormance moyenne. 10-12 bulbilles à tunique rose ou nacrée. Profil enzymatique IIb. Principalement en Italie du Nord; présent dans de nombreux pays tempérés et aussi en Afrique de l'ouest. Appelé groupe III, blancos, silverskin par certains auteurs. Présent en France avec le Rosé du Var, Ail du Nord, Rose d'Auvergne et les clones : 'Arno', 'Printanor', 'Cristo', 'Gayant' à tunique nacré et 'Flavor', 'Fructidor', 'Jardinor', 'Moulinor' à tunique rose.
- Groupe III : méditerranéens, pas de hampes florales, plus de 3 feuilles fertiles. Grosses bulbilles. Dormance assez faible. 8-12 bulbilles à tunique blanches. Profil enzymatique IIc. Présent en Espagne du Sud, Roumanie, France, Californie également dans quelques zones en Afrique subtropicale. Appelé blancos, artichoke par certains auteurs. Connus en France avec les Blancs de la Drôme et de Limagne et le violet de Cadours et par les clones : 'Corail', 'Dario', 'Jolimont', 'Messidor', 'Thermidrôme' à tunique blanche et 'Germidour' à tunique violette.
- Sous-groupe tropical : plus précoces avec des variétés de Chine du Sud et de Taïwan.
- Groupe V : sud-méditerranéen ou tropical de plaine, hampe florale parfois présente, 3 feuilles fertiles. Dormance très faible. Nombreuses bulbilles (20-40) à tunique blanche ou rose incluse dans une tunique blanche ou violette. Profil enzymatique IIa. Présent dans les zones chaudes (Sud et est Méditerranée jusqu'au Yémen, Guinée, Antilles, Réunion, Inde du Sud, Amérique du sud. Nommé no II, subtropical par certains auteurs. Représenté en France par la variété 'Ramsès'.
- Sous-groupe "asiatique précoce" : hampe florale parfois présente, 2 feuilles fertiles, besoin en froid plus prononcé. Dormance très faible. Bulbilles plus grosses que le groupe IV. Appelé turban par certains auteurs. Connus en France avec les clones 'Primor', 'Sprint' tous à tunique violette et hampe florale.
- Variété botanique var. ophioscorodon
-
- Groupe IV : climat continental, hampes florales, 2 feuilles fertiles. Bulbilles plus grosses que le groupe I. Profil enzymatique III. Présent principalement en Europe de l'Est. Appelé rocambole, colorados, ruso, no III par certains auteurs. Comprend deux types différentes Rocambole et Continental.
- Variété botanique var. pekinense
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- Groupe de Chine du Nord et du Japon : hampes florales, 2 feuilles fertiles. Ils peuvent être blancs ou roses rappelant dans ce cas certains cultivars du groupe I mais se conservent moins bien. Profil enzymatique IVb.
- Variété botanique var. longicuspis (voir chapitre "Origine")
-
- Groupe type sauvage : hampes florales vigoureuses, bulbes violets, 2 feuilles fertiles. Certains auteurs les appellent porcelaine pour le type produisant de grosses bulbilles peu nombreuses ou purple striped pour le type produisant de nombreuses petites bulbilles. Profil enzymatique très varié : Ia, Ib, Ic, Id, IVa, IVb, IVc, IVd, IVe.
- Groupe variétal subtropical
-
- Groupe VI : tropical de montagne, hampe florale, plus de 3 feuilles fertiles, précoces, besoin en froid assez élevé. Bulbilles plus grosses que le groupe V et moins nombreuses (5-10) à tunique bulbaire violette. Dormance faible. Profil enzymatique Vb, Va. Rencontré au Mexique, Pérou, Égypte, La Réunion, Madagascar, Thaïlande, Viet-Nam. Nommé tropical, n°I par certains auteurs.
Principaux constituants[modifier | modifier le code]
- Huile essentielle (disulfures de diallyle, allicine (antibiotique), alliine, alliinase, inuline)
- Glucides
- Sélénium
- Vitamines A, B, C et E
- Composés soufrés
La plante donne en moyenne par distillation 0,25 % d'huile essentielle (soit environ 7,5 mg par gousse d'ail d'environ 3 grammes, très loin du seuil de toxicité létale des sulfures d'allyle, qui nécessiterait l'ingestion de près de 200 gousses d'ail et par kilo, ou plus de 14 000 gousses d'ail pour un adulte de 70 kilos, ce qui n'est pas réalisable). Toutefois sous la forme concentrée de l'huile essentielle distillée, le produit peut facilement devenir toxique et fortement allergène, par ingestion d'une quantité voisine du gramme. Des allergies peuvent cependant se développer avec au fil des années par des contacts sans protection, répétés et fréquents avec l'ail frais.
La cuisson de l'ail ôte la plus grande partie de sa toxicité allergène (mais ne le rend pas plus digeste pour ceux qui ont du mal à métaboliser ses composés organosoufrés trop concentrés). Cependant, la préparation initiale en écrasant la gousse d'ail fraîche (plus facile à réaliser en ôtant le germe central un peu trop ligneux, ce qui ne réduit pratiquement pas la quantité d'organosoufrés encore présents dans la gousse) et en laissant la purée d'ail s'oxyder à l'air pendant 15 minutes avant consommation (le temps que soient libérés les produits volatils les plus actifs et que s'effectue la transformation des alliines libérées) suffit généralement à lui ôter son caractère potentiellement allergène ou les intolérances digestives ; la faible toxicité relative du produit naturel est également réduite à néant dans un pH acide inférieur à 3 (par exemple dans l'estomac) et ne représente aucun danger spécial (ce n'est pas le cas de l'huile essentielle par un contact direct avec la peau et les muqueuses, sur lesquelles il peut provoquer des inflammations, dangereuses sur les muqueuses respiratoires : l'huile essentielle ne devrait pas être inhalée directement ou seulement à très faible dose et en diffusion lente).
Composition[modifier | modifier le code]
- 64 % d'eau
- 27,5 % de glucides
- 6 % de protéines
- 3 % de fibres
- Divers : prostaglandine, acide phénols, phytostéroïdes, polyphénols, flavonoïdes…
- Vitamines (mg par 100 g) : B1 (0,2), B2 (0,08), B3 (0,65), B5 (0,6), B6 (1,2), C (30), E (0,1), A…
- Minéraux (mg par 100 g) : Potassium (446), Soufre (200), Phosphore (144), Calcium (38), Magnésium (21), Sodium (10), Chlore (30)…
- Oligo éléments : Fer (1,4), Zinc (1), Manganèse (0,46), Bore (0,4), Cuivre (0,15), Nickel (0,01), Molybdène (0,07), Iode (0,003), Sélénium (7 à 20 ppm)
Composition de l'huile essentielle :
Composé | pourcentage |
---|---|
disulfure de diallyle | 54,25 |
trisulfure de diallyle | 1,34 |
tétrasulfure de diallyle | 6 |
sulfure de diallyle | 5,7 |
trisulfure de méthyl-allyle | 1,34 |
disulfure de allyl-propyle | 0,13 |
disulfure de méthyl-allyle | 1,94 |
Parasites et maladies[modifier | modifier le code]
La mouche des truffes et des Amaryllidaceae, Suillia lurida Meigen (= S. univittata (von Roser)) (Diptera Heleomyzidae) est nuisible à l'ail et à l'oignon.
La rouille, provoquant des baisses de rendement, apparait fréquemment à cause de trop d'humidité.
Le virus de la mosaïque de l'ail provoque des stries et marbrures jaunes sur les feuilles. Suivant les variétés, les symptômes peuvent être discrets (mosaïque diffuse) ou très graves (plantes déformées et chétives).
La pourriture blanche de l'ail est provoquée par un champignon du sol (Sclerotium cepivorum), qui se transmet aussi par les bulbes.
La liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les parasites de l'ail est la suivante :
L'ail et l'homme[modifier | modifier le code]
Origine[modifier | modifier le code]
Le centre de primo-diversification se situe en Asie centrale (Kazakhstan, Tadjikistan, Xinjiang) avec une branche secondaire en Méditerranée et dans le Caucase et une autre en Afghanistan et nord de l'Inde. Ces souches sauvages ont une morphologie assez peu diversifiée qu'on peut décrire en trois groupes : les "asiatiques précoces" présents dans le centre de l'aire, le groupe IId à l'est et le groupe probablement originel à grandes hampes florales et bulbes violets représenté par trois types l'un à bulbilles peu nombreuses (4-6) et assez grosses, un autre à bulbilles plus nombreuses (8-12) et plus petites et un troisième à bulbille très petites (taille d'un pois) et encore plus nombreuses.
Ce troisième groupe a des hampes à fleurs soit mâles-stériles soit mâles-fertiles. Certains clones produisent des graines normalement. Ils sont très proches morphologiquement mais en fait assez diversifiés génétiquement et sont regroupés sous le nom de variété botanique var. longicuspis.
Diffusion[modifier | modifier le code]
Il est utilisé depuis 5 000 ans. On a retrouvé des gousses d'ail en argile datant de 3 750 ans av. J.-C.. Il était largement cultivé en Égypte. Hérodote rapporte que le premier conflit social de l'histoire de l'humanité fut provoqué par la ration d'ail supprimée aux ouvriers égyptiens construisant la pyramide de Cheops[2].
Le papyrus Ebers mentionne l'ail dans une quarantaine d'indications. Les Grecs et les Romains lui prêtaient un pouvoir fortifiant et le donnaient à manger à leurs soldats en campagne. Les athlètes grecs en consommaient de grandes quantités, pour son pouvoir fortifiant (les propriétés de vasodilatation, de broncho-dilatation de l'ail revêtent effectivement un intérêt évident pour améliorer les performances sportives). Dans l'Odyssée, Hermès en donne à Ulysse qui l'utilise comme antidote pour ne pas être changé en pourceau par Circé. Dans son Ploutos, Aristophane raconte, pour faire rire le public, que l'ail pouvait être utilisé par certains masochistes de la manière suivante :
« Nous ne nous torchons plus avec des cailloux : / par raffinement nous n’utilisons plus que des têtes d’ail ! »
— Traduction P. Thiercy, La Pléiade, 1997, v. 817
Après avoir fui l'Égypte, une partie des Hébreux regrette l'alimentation du temps de l'esclavage. Au nombre des denrées citées apparaît l'ail :
« [...] et même les enfants d'Israël recommencèrent à pleurer et dirent : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte, et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. »
— Nombres 11.4-5
Tout le monde connaît l'odeur de l'ail, excepté celui qui en a mangé et qui ne se doute pas pourquoi chacun se détourne à son approche. Athénée raconte que ceux qui mangeaient de l'ail n'entraient point dans les temples consacrés à Cybèle. Virgile en parle comme d'une plante utile aux moissonneurs pour augmenter leurs forces dans les grandes chaleurs, et le poète Macer, pour les empêcher de s'endormir dans la crainte des serpents. Les Égyptiens l'adoraient, les Grecs, au contraire, le détestaient, les Romains en mangeaient avec plaisir. Horace qui, le jour même de son arrivée à Rome, avait pris une indigestion d'une tête de mouton à l'ail, l'avait en horreur.
Alphonse, roi de Castille, l'avait en si grande aversion, qu'en 1330 il institua un ordre dont les statuts portaient que ceux des chevaliers qui auraient mangé de l'ail ou de l'oignon ne pourraient paraître à la cour ni communiquer avec les autres chevaliers, au moins pendant un mois.
« La cuisine provençale est basée sur l'ail. L'air, en Provence, est imprégné d'un parfum d'ail qui le rend très sain à respirer : il entre pour principal condiment dans la bouillabaisse et dans les principales sauces. On en fait, écrasé avec de l'huile, une espèce de mayonnaise que l'on mange avec du poisson et des escargots. Le déjeuner des Provençaux des classes inférieures, se compose souvent d'un croûton de pain, arrosé d'huile et frotté d'ail. »
— Alexandre Dumas, Grand Dictionnaire de cuisine, 1re édition, éd. Alphonse Lemerre, Paris, 1873 ; préface de Daniel Zimmermann, éd. Phébus, Paris, 2000 (ISBN 978-2-85-940684-4), notice « ail », p. 91–92.
« Les Anciens tenaient l'ail en haute estime ; Hippocrate le classait parmi les médicaments sudorifiques, assurant que l'ail était « chaud, laxatif, et diurétique ». Grâce aux croisés, qui contribuèrent à le diffuser en Europe, l'ail ne tarda pas à faire figure de panacée, même contre la peste et les possessions démoniaques.
L'une des sauces médiévales les plus employées était la « sauce d'aulx », où l'ail pilé s'alliait au persil et à l'oseille, pour accompagner les poissons, ou au vinaigre et à la mie de pain, pour les grillades. »
— Larousse gastronomique, éd. Larousse, Paris, 1996 (ISBN 2-03-507300-6), notice « ail », p. 28.
Il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).
Il semblerait que ce soit Christophe Colomb qui ait introduit l'ail aux Amériques, en important des gousses d'ail à Saint-Domingue d'où la plante aurait été diffusée sur les continents américains[3].
Il est maintenant cultivé dans le monde entier sous presque tous les climats sauf polaire.
Culture[modifier | modifier le code]
La plante aime les sols légers, profonds, riches en éléments nutritifs anciens et bien drainés. Les semences sont enfouies à 3-5 cm de profondeur, les plants espacés de 10-15 cm et les lignes espacés de 25-30 cm. Les bulbes d'ail pourrissent dans les sols lourds et glaiseux, surtout s'ils restent humides. Il ne faut pas cultiver dans les sols organiques ni utiliser de fumiers frais, cela les fait pourrir. L'ail préfère les engrais granulaires minéraux. Ne jamais rechausser les bulbes d'ail, la surface du bulbe doit se trouver à l'air. Utiliser les parties extérieures pour la plantation et le centre pour la consommation.
En France, on peut le planter à partir de mai. Dans les régions plus chaudes, la plantation peut se faire jusqu'en automne si elle est faite dans un sol qui se drainera bien en hiver. Les plantations automnales donnent de meilleures récoltes.
Au Canada, la plantation se fait généralement en octobre sous un paillis qui est retiré au printemps. Certains préfèrent planter au printemps dès que le sol est dégelé. La récolte se fait fin juillet, début août.
Récolte : à la fin de l'été, « nouer » le feuillage (le coucher sur le sol) afin de faire mûrir les bulbes et d'augmenter la récolte.
Les gousses des épiceries sont souvent traitées aux anti-germinatifs et ne peuvent donc pas être replantées.
Production[modifier | modifier le code]
Production en tonnes. Chiffres 2012-2013[4] |
|||||
2012 | 2013 | ||||
Chine | 18 429 500 | 79 % | 19 168 800 | 79 % | |
Inde | 1 228 000 | 5 % | 1 259 000 | 5 % | |
Corée du Sud | 339 113 | 1 % | 412 250 | 2 % | |
Égypte | 309 155 | 1 % | 234 164 | 1 % | |
Russie | 239 312 | 1 % | 232 843 | 1 % | |
Bangladesh | 233 609 | 1 % | 224 000 | 1 % | |
Birmanie | 213 000 | 1 % | 212 000 | 1 % | |
Éthiopie | 222 548 | 1 % | 170 000 | 1 % | |
États-Unis | 195 910 | 1 % | 175 445 | 1 % | |
Ukraine | 171 400 | 1 % | 185 600 | 1 % | |
Autres pays | 1 848 314 | 8 % | 1 981 200 | 8 % | |
Monde | 23 429 862 | 100 % | 24 255 303 | 100 % |
Indication géographique protégée[modifier | modifier le code]
Plusieurs cultures ont reçu le label IGP pour l'ail[5] : ail rose de Lautrec, cultivé dans le département du Tarn, en 1996 (Label rouge depuis 1966), ail blanc de Lomagne (2008), Ail fumé d'Arleux (2010)[6], ail de la Drôme, .
Génétique[modifier | modifier le code]
Malgré son très grand intérêt alimentaire et thérapeutique, l'ail n'a fait l'objet que de peu de recherche d'amélioration à part la sélection très souvent massale et empirique des cultivars existant actuellement. La mise en observation de cultivars issus de graines collectés en Asie centrale commence à peine (Japon, États-Unis, Europe, Israël) pour trouver des variétés résistantes aux maladies ou pouvant être reproduites par graines. Une variété mexicaine fertile vient d'être découverte pouvant déboucher sur une amélioration destinée aux pays tropicaux.
L'hybridation intra- ou interspécifique sexuel ou somatique, puisqu'il est souvent stérile, est pour le moment très confidentielle voir inexistante. Les seuls essais d'hybridation ont eu lieu avec le poireau d'été (Allium ampeloprasum) et avec l'oignon (Allium cepa) et ont été effectués uniquement à des fins d'étude du matériel génétique. Il n'existe aucun hybride commercialisé.
Sa numération chromosomique est 2n=2x=16. Il n'y a pas de polyploïdes connus.
Utilisations[modifier | modifier le code]
Utilisation culinaire[modifier | modifier le code]
Quelques recettes :
- l'aïoli ;
- le beurre d'escargot ;
- l'Aigo boulido ;
- la rouille (cuisine) :
- la fondue au fromage ;
- la pasta cu l'agghia (pâtes à l'ail, recette sicilienne) ;
- la knoblauchsuppe (soupe à l'ail autrichienne) ;
- la knoblauchbagette (pain frotté à l'ail puis passé au four, recette autrichienne) ;
- le tourin, soupe à l’ail, spécialité de la cuisine gasconne ;
Quand on cuisine de l'ail, certains conseillent de retirer le germe, qui serait moins digeste que le reste de la gousse (en raison d'une plus grande concentration de produits organo-sulfurés[7]).
L'aillet[modifier | modifier le code]
L'aillet ou ail vert est une jeune pousse d'ail d’environ 3 mois et 20 cm de haut, qui n'a pas encore formé ses gousses et ne se trouve donc qu'au printemps. On en utilise le fût et les feuilles. Découpé en fines rondelles, on l'utilise pour parfumer les salades, vertes ou composées et les omelettes. Sa saveur est assez prononcée et se rapproche de celle de l'ail. Il peut être également utilisé en cuisson, dans des plats de printemps, avec des légumes nouveaux. Il se congèle bien.
L'aillet est surtout apprécié en France du Poitou-Charentes au Languedoc. Pour les amateurs, c'est un ingrédient indispensable du chevreau, disponible lui aussi à la période de Pâques.
Valeur nutritive et médicinale[modifier | modifier le code]
L'utilisation médicinale est importante : des extraits d'ail sont ingérés pour des raisons médicales par un peu plus de 4 % de la population américaine[8] et 10 % de la population australienne[9].
L'ail renferme des vitamines A, B1, B2 et C, divers antibiotiques naturels dont l'ajoène[10] (ce dernier, instable, serait retrouvé à de trop faibles doses dans l'organisme après ingestion d'ail pour avoir une réelle efficacité[11]) ainsi que des agents anticholestérolémiants (cette dernière propriété n'ayant pas été confirmée[12]).
Il contient de l'inuline, qui est un prébiotique (stimule le développement des bactéries bénéfiques de la flore intestinale).
Il possède des agents anticoagulants[13], pouvant potentialiser les risques de saignement en cas d'association avec des médicaments antiagrégants plaquettaires[14].
Les extraits d'ails sont utilisés communément dans le traitement du rhume. Dans une étude randomisée en double aveugle, les personnes qui avaient pris de l'ail tous les jours pendant trois mois avaient 2,7 fois moins de risques d'avoir un rhume, et lorsqu'elles tombaient malades, le rhume durait un jour de moins. Les auteurs concluent cependant en indiquant qu'il manque d'études concernant les effets de l'ail sur le rhume[15].
Il pourrait avoir une efficacité modérée pour réduire le risque d'hypertension artérielle[16],[17].
Sur la base de cinq études[18],[19],[20],[21],[22], une synthèse statistique internationale estime qu'il existe suffisamment de preuves pour affirmer que la consommation régulière d'une gousse d'ail (3 g) par jour réduirait de moitié le risque de cancer de l'estomac, du colon et du rectum[23]. L'enzyme alliinase, qui produirait ces effets, nécessite d'attendre 15 minutes après avoir écrasé de l'ail cru, avant sa consommation[24],[25]. Les cancers de la tête, du cou, du poumon, du sein et de la prostate seraient aussi réduits[26].
Un article de 1988 du JAMA indique des effets hypolipidémiant, anticoagulant (tous deux ayant un effet contre l'athérome), antihypertenseur, chélateur (contre certains métaux lourds et toxines), antioxydant, immunostimulant et anti-cancer[27].
Tradition[modifier | modifier le code]
Les « capitales de l'ail »[modifier | modifier le code]
En France, de nombreuses villes et villages se donnent volontiers le titre de « capitale de l'ail » :
- Arleux, dans le Nord, capitale de l'ail fumé.
- le village de Piolenc est la capitale de l'ail provençal (festival de l'ail, chaque année le dernier week-end d'août).
- dans le Gers, Saint-Clar est la capitale de l'ail blanc, titre également revendiqué, dans la même zone géographique, par Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne).
- dans la Haute-Garonne, Cadours, la capitale de l'ail violet.
- dans le Tarn, Lautrec, capitale de l'ail rose.
- Dans le Puy-de-Dôme, Billom est la capitale de l'ail auvergnat.
- À La Réunion, c'est Petite-Île qui est la capitale de l'ail.
Aux États-Unis, la capitale de l'ail est Gilroy (Californie).
Célèbres foires à l'ail[modifier | modifier le code]
Cette section adopte un point de vue régional ou culturel particulier et doit être internationalisée (mars 2à16). |
- En Champagne Ardennes, La foire à l'ail de Givet, chaque 11 novembre.
- En Auvergne, La foire à l'ail de Billom, chaque mi-août
- Dans le nord de la France, à Arleux, chaque premier dimanche de septembre
- Au sud, à Uzès : tous les 24 juin, foire à l'ail à l'occasion de la Saint-Jean
- Dans l'ouest, à Cherrueix, fin juillet
- Dans le Tarn, à Lautrec, chaque premier vendredi d'août
- En Tarn-et-Garonne : Beaumont-de-Lomagne
- Dans le Gers : Saint-Clar
- A Tours (Indre-et-Loire) le jour de la Sainte Anne (juillet) autour des halles
En Charente et en Charente Maritime, le matin du 1er mai, la coutume perdure[réf. nécessaire] dans des villages de se rassembler pour manger le brin d'aillet avec du pain, du saucisson, du grillon et un verre de vin.
A Pâques, on prépare aussi le gigot de chevreau rôti avec de l'aillet.[réf. nécessaire]
Étymologie et linguistique[modifier | modifier le code]
« [Ail] (…) (XIIIe siècle), d'abord al (XIIe siècle), (…), est issu du latin allium (…). La forme classique en latin est alium, mot probablement autochtone (italique) (…).
Il a eu des emplois figurés en locution, ne… pas un ail (XIIe siècle) signifiant « très peu de choses », avec diverses variantes pittoresques (ne pas valoir la queue d'un vieil ail, d'un ail pelé, pourri…) cf. des prunes, des nèfles. Des locutions désignent d'autres plantes : herbe aux aulx (1564), arbre à l'ail (1877), ail de serpent (1549), etc.
Le pluriel, des aulx, d'abord alz (1165–1170), est en concurrence avec ails, utilisé en botanique. »
— sous la dir. d'Alain Rey, Le Robert Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, nouvelle édition janvier 1994, tome I, p. 37.
Ail possède deux pluriels. Le plus ancien, « des aulx », a tendance à disparaître. On utilise plus fréquemment la forme botanique « des ails » mais les deux formes sont correctes.
Symbolisme[modifier | modifier le code]
Pline nota que l'ail éloignait les serpents ainsi que la folie.
En Sibérie, selon les croyances des Bouriates, l'approche des âmes des femmes mortes en couche, et qui reviennent la nuit persécuter les vivants, se reconnaît à l'odeur d'ail qu'elles répandent.
Les Bataks de Bornéo accordent à l'ail le pouvoir de retrouver les âmes perdues.
C'est parce que l'ail protégerait du mauvais œil que l'on retrouve en Sicile, en Italie ainsi qu'en Grèce et en Inde, des bouquets de têtes d'ail attachés avec de la laine rouge. En Grèce le simple fait de prononcer le mot « ail » (en grec le mot : skordo) conjure les mauvais sorts.
Les bergers des Carpates, avant de traire pour la première fois leurs brebis, se frottent les mains avec de l'ail béni, afin de protéger le troupeau contre les morsures de serpents.
Dans les pays catalans, l'ail protège du mauvais œil. En Roussillon, on faisait porter un collier d'ail aux enfants pour les délivrer des sorts qu'ils avaient reçus. Ce même collier, confectionné à partir de sept gousses cueillies un samedi et assemblées sur une corde de chanvre, pouvait être portée par une personne sept samedis d'affilée pour éloigner les être maléfiques. De même, on frottait à l'ail les pieds du cochon dont on venait de faire l'acquisition avant de le faire entrer dans la porcherie à reculons. Enfin, frotter les branches d'un arbre fruitier avec de l'ail permettait d'éloigner les oiseaux[28].
Dans toutes les pratiques, l'ail se révèle un agent protecteur contre les influences néfastes ou les agressions dangereuses.
À Rome, l'entrée du temple de Cybèle était interdite à ceux qui venaient de consommer de l'ail. Comme il entrait dans la nourriture ordinaire des soldats romains, l'ail est devenu le symbole de la vie militaire.
Au Moyen Âge, les enfants portaient des tresses d'ail au cou pour se protéger des sorcières. La légende de l'ail « anti-vampires » y prendrait ses origines[réf. nécessaire] à moins qu'elle ne vienne de l'habitude — encore en vigueur — de donner de l'ail aux chevaux pour éviter les piqures de tiques[réf. nécessaire].
D'anciennes superstitions de marins veulent que l'ail éloigne la malchance, les tempêtes et les monstres marins : c'est pourquoi on ne devrait jamais manquer d'en avoir à bord…
L'ail a enfin la réputation de repousser les vampires, les zombies et sans doute le diable lui-même[réf. nécessaire].
Proverbes[modifier | modifier le code]
- Le mortier sent toujours les aulx.[réf. souhaitée] Signifie que l'on conserve les habitudes de son milieu d'origine
- Qui a de l'ail dans son jardin n'a pas besoin de médecin.[réf. souhaitée] En raison de ses vertus médicinales
- Pour que ça aille, il faut de l'ail[réf. souhaitée]
- L'ail est la pénicilline des pauvres[réf. souhaitée]
- L'ail, c'est pour faire fuir les chiens-loups[réf. souhaitée] (citation agenaise)
Calendrier[modifier | modifier le code]
Dans le calendrier républicain français, le 27e jour du mois de Messidor est dénommé jour de l'Ail[29].
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Ail du nord, INRA, par René Stievenard du CRRG (Centre régional de ressources génétiques) du Nord-Pas-de-Calais
- Garlic: a taste for health
- Yve-Marie Allain, D'où viennent nos plantes ?, Calmann-Lévy, , 223 p. (ISBN 2702134440), p. 144
- « FAOSTAT », sur faostat3.fao.org (consulté le 17 octobre 2015)
- Tableau es IGP
- Arrêté du 12 juillet 2010 portant homologation du cahier des charges de l'indication géographique protégée (IGP) « Ail fumé d'Arleux »
- L'ail plus digeste sans germe ?
- (en) Barnes PM, Powell-Griner E, McFann K, Nahin RL, « Complementary and alternative medicine use among adults: United States, 2002 » Advance Data 2004;343:1-19
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