La géologie des comores

L'archipel des Comores forme un ensemble d'îles situées au sud-est de l'Afrique, à l'est du Mozambique et au nord-ouest de Madagascar. Elles sont partagées entre deux pays indépendants, l'Union des Comores à l'ouest, et la République française, dont le département d'outre-mer de Mayotte forme la partie la plus orientale. Cette présence française aux Comores a été condamnée à plusieurs reprises par la communauté internationale. Selon les sources, l'îlot du Banc du Geyser et les îles Glorieuses peuvent ou non être rattachées à l'archipel.

 

Géographie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Géographie de l'Union des Comores.

Les Comores se trouvent dans le canal de Mozambique au nord-ouest de Madagascar et face au Mozambique. Ces quatre îles volcaniques, qui couvrent une superficie de 2 236 km², sont, du nord au sud :

Deux atolls coralliens formant des îlots sont, selon les sources et les époques, rattachées à l'archipel :

  • Le banc du Geyser, un récif de 8 sur 5 km de large, immergé à marée haute, situé à 130 km au Nord Nord est de Mayotte. Il est revendiqué par Madagascar et la France.
  • Les îles Glorieuses étaient rattachées administrativement à l'archipel avant 1975, et géologiquement parlant, font partie de l'archipel.

En outre, entre Madagascar et Mayotte, il existe le banc du Leven, une ancienne île aujourd'hui submergée.

« L'affinité entre la flore comorienne et la flore malgache est certaine. La présence du banc du Leven, long d'une centaine de kilomètres à l'extrême Nord-Ouest de Madagascar entre la montagne d'Ambre et l'archipel pourrait expliquer en partie cette affinité. En effet, ce banc à aspect tabulaire présente des sédiments coralligènes pouvant être attribués à la présence d'un récif corallien durant la glaciation de Würm. »

— Callmander, M.W. 2002. Biogéographie et systématique des Pandanaceae de l’océan Indien occidental. Thèse de doctorat, université de Neuchâtel, 253  p.[1]

Géologie[modifier | modifier le code]

L'archipel des Comores est constitué d'îles volcaniques. Ces îles volcaniques, ainsi que certains massifs du nord de Madagascar se sont formés au tertiaire et au quaternaire. L'île de Mayotte est la plus ancienne actuellement émergée et aurait subi trois phases de volcanisme entre 15 et 0,5 Ma. Les âges sont progressivement décroissants vers l'ouest. L'île la plus récente est l'île de la Grande Comore, et son volcan, le Karthala, y est toujours actif. Ce volcan possède l'un des plus grands cratères du monde[réf. nécessaire].

Types de volcanisme[modifier | modifier le code]

Chacune des îles témoigne d'un phénomène d'activité volcanique différent qui sont une activité de type hawaïen à longues coulées basaltiques fluides, puis une autre de type strombolien à cônes et projections de lapilli comme dans le massif de la Grille en Grande Comore et enfin, une activité explosive avec lacs de cratères, dite ultra vulcanienne ou phréato-magmatique.

Origine du volcanisme[modifier | modifier le code]

Bien que contestée, l'hypothèse d'un point chaud au-dessus duquel aurait « défilé » selon une trajectoire sud-est, nord-ouest puis nord-est, sud-ouest, la plaque somalienne[2] pourrait rendre compte des âges progressivement décroissants vers l'ouest de ces massifs volcaniques[3].

Érosion[modifier | modifier le code]

Plus les îles sont anciennes, plus elles ont subi une érosion intense. L’agressivité du climat, la faible perméabilité des sols, l’aptitude des matériaux à être mobilisés par des ruissellements amplifiés par la déforestation, favorisent l'érosion. Elle se manifeste notamment par le décapage de l’horizon superficiel du sol, par des ravinements, des éboulis, des glissements de terrain et la formation de padzas (mauvaises terres).

Histoire[modifier | modifier le code]

 

Carte de Jacques-Nicolas Bellin, (1747)

Les premières traces de peuplement datent du VIIIe siècle avec des Africains appelé Antalotes (abusivement dénommés bushmen par les Européens)[4]. Depuis lors, de très nombreuses ethnies se sont croisées et mélangées. Ce furent d'abord les Indonésiens et Malgaches, surtout à Mayotte[4].
Au XIIIe siècle, l'arrivée d'une population persane de Chiraz , apporte l'islam dans l'archipel. Ces derniers avait lentement transité le long des côtes de l'Afrique orientale colonisant des îles situées sur les routes commerciales comme Unguja (archipel de Zanzibar), Pemba, l'archipel de Lamu et les villes de la côte kényane et tanzanienne. Ils y répandirent une culture prospère et de renommée, de langue swahilie (dont les dialectes comoriens constituent des variantes locales), vivant du commerce d'esclaves, de l'ivoire et d'autres marchandises africaines destinées aux marchés orientaux.
Durant cette époque, le pouvoir est aux mains des nombreux sultans batailleurs et de grandes familles de l'aristocratie locale, les Qabilas. Ces dernières s'établissent dans les villes côtières fortifiées (Mutsamudu et Domoni à Anjouan, Fomboni à Mohéli, Moroni, Itsandra et Iconi à la Grande Comore)[4].
Ces puissantes familles firent main basse sur les terres des cultivateurs autochtones, les Walatsa, les obligeant à travailler pour eux ou les refoulant à l'intérieur des terres[4].
Ces nouveaux arrivants introduisirent des esclaves africains, les Makoas dont descendent les Wadzakiya[4].

En explorant toute cette région, les Portugais trouvèrent et abordèrent les îles de la Lune (qamar en arabe signifie lune) en 1505.
Entre 1841 et 1912, les Français soumirent les îles par de rocambolesques histoires mêlant, comme à Madagascar, faits de guerre, trahisons et histoires d'amour. Ils réussirent à établir des protectorats puis une dirigée par le gouverneur général de Madagascar. Alors que la main-d'œuvre devenait de plus en plus chère à La Réunion, les Comores, oubliées par l'administration centrale, offraient aux colons et aux sociétés coloniales (comme la Bambao) des perspectives et une main-d'œuvre peu chère dans les plantations de plantes à parfums et de vanille, notamment des esclaves de traites récentes, les Mruma[4].

En 1946, les îles ne sont plus rattachées administrativement à Madagascar et forment pour la première fois de leur histoire une entité administrative unie et reconnue (TOM).

En 1974, la France organise un référendum d'autodétermination dans l'archipel : trois des quatre îles optent pour l'indépendance (Grande Comore, Anjouan et Mohéli) et formèrent un État souverain appelé initialement État comorien. Mayotte devient une collectivité territoriale[5]. L'Assemblée générale des Nations unies a, dès l'indépendance autoproclamée des trois îles, pris position contre le maintien de la présence française à Mayotte. Cette résolution n'est pas contraignante. La France a usé, d'ailleurs pour la première fois, du droit du veto dont elle dispose en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations unies, de manière qu'aucune résolution la condamnant puisse être prise à ce niveau. Et cela quand bien même d'autres instances comme le Commonwealth[réf. nécessaire] ou l'Union africaine[6], jugent pour la même période, illégale la présence française à Mayotte. En 1994, l'assemblée générale a réitéré en demandant au gouvernement français de se plier à sa résolution, ce qui aurait résolu la crise qui couvait dans le pays appelé à cette période République fédérale islamique des Comores.

La RFIC a traversé une crise politique qui a débuté dans les années 1990 avec des demandes émanant de la population mohélienne pour le rattachement de l'île à la France. Cette crise ne peut être interprétée correctement qu'au vu de la situation de Mayotte. Mayotte est revendiquée depuis la création du pays qui la considère comme faisant partie de son territoire, comme en témoigne l'article 1er de sa Constitution. La crise politique sous fond de crise économique, a connu son apogée avec la crise séparatiste anjouannaise de 1997. Les autorités politiques et la population de l'île s'étaient soulevées contre le gouvernement central en prônant initialement le rattachement à la France, puis par la suite, simplement une indépendance voire une large autonomie. La France, n'a manifesté dans cette crise aucune volonté d'abandonner son autorité sur Mayotte, et n'a pas souhaité engager des discussions avec les autorités des îles rebelles qui auraient pu être interprétées comme une volonté de sa part de « naturaliser » ou de recoloniser les îles. Or la population de Mayotte souhaitait depuis longtemps déjà que soit renforcé l'attachement de l'île à la France. Une fois la crise au sein de l'Union terminée, le conseil général de l'île a adopté à l'unanimité une résolution demandant au gouvernement français d'organiser le référendum local nécessaire pour la départementalisation[5]. Il est organisé le 29 mars 2009 et 95,2 % des votants acceptent le changement de statut, faisant de Mayotte le 5e département d'outre-mer (DOM) et le 101e département français[7] en 2011[8].

Mayotte fait partie des pays et territoires d'outre-mer de l'Union européenne. Elle devrait devenir une région ultrapériphérique de l'Union européenne au moment de sa départementalisation. Le pays souverain formé par les trois îles s'appelle aujourd'hui Union des Comores.

Depuis les années 1980, de nombreux ressortissants du pays formé par les îles indépendantes, cherchent à gagner Mayotte, notamment depuis Anjouan, pour chercher des conditions de vie meilleures. Ils le font sur une mer difficile, au péril de leur vie, sur des embarcations à moteur hors-bord appelées localement kwassa kwassa. Ces personnes sont considérées comme des immigrés clandestins par les autorités de Mayotte et sont renvoyées de la manière la plus systématique possible sur le territoire de la RFIC, renommée plus tard en Union. L'Union, considérant que Mayotte fait partie du territoire proteste contre cette politique qui, selon elle, brime ses citoyens qui ne font que gagner une partie du territoire de l'Union. À ce titre, en se référant à l'article 7 du Statut de Rome, elle considère ces arrestations et renvois comme crime contre l'humanité[réf. nécessaire].

Climat[modifier | modifier le code]

L'archipel des Comores profite d’un climat tropical maritime. Il se caractérise par de faibles variations de températures annuelles journalières, autour de 26° au niveau de la mer et par des précipitations abondantes : 2 679 mm par an. La température moyenne de l’eau de la mer est de 25 °C.

Il y a deux saisons aux Comores : la saison chaude et humide dans un flux de nord-ouest de novembre à avril et la saison sèche de mai à octobre. On notera cependant un climat sensiblement plus chaud et sec à Mayotte.Le climat se caractérise aussi par d’importantes variations locales de température et de précipitation en fonction de l’altitude, du relief et de l’exposition. Les précipitations annuelles varient ainsi par endroits de 1 000 à 6 000 mm et les minima absolus atteignent 0 °C au sommet du Karthala.

La saison chaude et humide est causée par une vaste zone dépressionnaire qui s’étend sur une grande partie de l’océan indien et de l’Afrique centrale. Cette dépression favorise les rafales de vents et les cyclones. Le dernier cyclone est "Gafilo" qui est passé près des Comores le 5 mars 2004 faisant de gros dégâts matériels. Durant la saison chaude et humide, il peut pleuvoir jusqu’à 200 mm en 24 h.

La saison sèche est plus calme. La dépression se déplace vers le continent asiatique (c'est la mousson, le vent vient du sud-est) et un anticyclone se crée au-dessus des Comores. Cela n’empêche pas d’avoir quelques bourrasques de vent mais leur intensité est bien moindre que lors de la saison chaude.

Les deux vents liés à chacune des deux saisons s'appellent le Kashkasi (en novembre) et le Kusi.

Environnement[modifier | modifier le code]

La faune et la flore comoriennes sont apparentées à celles de Madagascar, mais du fait de leur isolement relatif, elles présentent certaines spécificités. En outre, certaines espèces devenues rares ou très rares continuent à y vivre comme les dugong à Mayotte. De ce fait les autorités locales ont cherché à créer des zones de protection ; le Parc marin de Saziley a été créé en 1991 tandis que le parc marin de Mohéli a été créé en 1999 en partenariat avec les associations villageoises. Cette initiative exemplaire a été finaliste pour le prix de l'Initiative Équateur par les Nations unies en 2002[9].

Le WWF classe les biomes de forêts tropicale et de mangrove de cet archipel dans une seule écorégion appelée forêts des Comores[10].

Faune et flore[modifier | modifier le code]

Plusieurs mammifères sont endémiques des îles. Le Maki de Mayotte, un lémurien que l'on retrouve uniquement sur cet île, est protégé par la loi française et par la tradition locale. Une espèce de chauve-souris découverte par David Livingstone en 1863, autrefois abondante, a été ramenée à une population d'environ 120 spécimens, entièrement sur Mohély et sur Anjouan. Un groupe britannique de préservation a envoyé une expédition pour les Comores en 1992, avec pour objectif d'apporter des spécimens en Grande-Bretagne pour établir une population reproductrice.

22 espèces d'oiseaux sont endémiques à l'archipel, et 17 d'entre elles sont présente uniquement sur les territoires contrôler par l'Union. Il s'agit notamment du Karthala Scops-hibou, Anjouan Scops-hibou et du Moucherolle de Humblot.

En partie en réponse à des pressions internationales dans les années 1990, le gouvernement de l'Union s'est davantage préoccupé de l'environnement. Des mesures ont été prises non seulement pour préserver la faune rare, mais aussi pour enrayer la dégradation de l'environnement, notamment sur Anjouan densément peuplée. Plus précisément, afin de minimiser l'abattage des arbres pour le carburant, le kérosène est subventionné, et des efforts sont en cours pour remplacer la perte de la couverture forestière causée par la distillation de l'Ylang-ylang pour le parfum. Le Fonds de soutien au développement communautaire, parrainé par l'Association internationale de développement (IDA, une filiale de la Banque mondiale) et le gouvernement comorien, s'emploie à améliorer l'approvisionnement en eau dans les îles.

Faune[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Faune des Comores.

Ces îles possèdent, comme les autres îles de la région, de nombreuses espèces endémiques. Quelques-unes des espèces les plus remarquables.

On ne trouvera aux Comores aucun grand animal d'Afrique, pourtant très proche : (éléphant, girafe, lion, crocodile, zèbre ou antilope).

Flore[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Flore des Comores.

Il existe aux Comores de nombreux écosystèmes tropicaux qui dépendent principalement de l'altitude. On y trouve de nombreuses plantes tropicales dont bon nombre sont endémiques. Comme la plupart des îles, la diversité de la flore locale subit deux pressions, d'une part sur la diminution des espaces disponibles par la réductions des biotopes dues à l'envahissement des humains sur des zones autrefois plus sauvages et d'autre part à l'intrusion de plantes exotiques envahissantes telles les goyaviers. La flore avait été peu étudiée dans le passé en raison du fort pouvoir attractif de la grande île de Madagascar sur les botanistes. Cependant depuis 1996, des inventaires systématiques ont été réalisés d'abord à Mayotte, puis à la Grande Comores, Mohély et Anjouan (programme en cours 2009 : Biodiversité cachée des îles de l'océan Indien). Les efforts pour la préservation sont cependant très insuffisants pour préserver les zones les plus riches, et des bouleversements des biotopes sont à prévoir pour les années à venir.

Culture[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Culture des Comores.

La culture des quatre îles, bien que semblable, reste cependant différente. Si déjà aux Comores, les Comoriens ont une tendance forte à se regrouper par communauté d'origine et même de village, ce comportement est encore plus marquant à l'étranger où elles n'ont pratiquement aucun contact entre elles.

Traditions et coutumes[modifier | modifier le code]

On retrouve dans les traditions et les coutumes comoriennes des influences arabes, africaines et indiennes dans le vêtement traditionnel (kichali, chiromanie (challe), kändou, kofia (bonnet pour les hommes). Mais aussi dans la gastronomie traditionnelle (samoussa, embrevade, carry) ainsi que dans quelques rites de la vie quotidienne (la prière, les repas...). La société est matriarcale. En Grande Comore, le grand mariage est une tradition incontournable. Nommée "anda", il représente les économies de plusieurs années de salaire et permet d'accéder au rang de grand notable. Cet évènement social est probablement à l'origine de la grande précarité sociale de l'île, et soutient une corruption généralisée.

On peut retrouver dans les vêtements de la fille à marier un sahar et un soubaya (vêtements traditionnel pour le mariage).

Notes et références

  1. Daniel et al., 1972
  2. Emerick & Duncan, 1992
  3. Youssouf, 1991
  4. a, b, c, d, e et f Pierre Barrère, Découvrir la France : De Djibouti aux Comores, vol. 100, Paris, Larousse, , 79 p., p. 75
  5. a et b rfo Mayotte, « Le conseil général vote pour la départementalisation de Mayotte » [archive],‎ (consulté le 6 juillet 2009)
  6. document de l'Union africaine [archive]
  7. Libération.fr, « Mayotte sera le 101e département français » [archive],‎ (consulté le 6 juillet 2009)
  8. Les électeurs ont été convoqués [PDF] décret [archive] le 29 mars 2009 afin de se prononcer sur l'instauration d'une collectivité unique exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d'outre-mer. Le [PDF] conseil des ministres du 14 janvier 2009 [archive] envisage un changement de statut lors du renouvellement du conseil général en 2011.
  9. « EQUATOR PRIZE 2002 - FINALISTS » [archive]
  10. Comoros forests (AT0105) [archive]

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