Gingembre

Le gingembre Prononciation du titre dans sa version originale Écouter (Zingiber officinale) est une espèce de plantes originaire d'Asie, du genre Zingiber et de la famille des Zingiberaceae dont on utilise le rhizome en cuisine et en médecine traditionnelle. Ce rhizome est une épice très employée dans un grand nombre de cuisines asiatiques, et en particulier dans la cuisine indienne. Il est aussi utilisé en Occident dans la confection du ginger ale et de desserts comme le pain d'épices.

 

 

Caractéristiques botaniques[modifier | modifier le code]

 

Deux variétés de gingembre sur un marché de Haikou, province de Hainan, Chine

Le gingembre est une plante vivace tropicale herbacée d'environ 0,90 m de haut issue d'un rhizome.

Les feuilles persistantes sont lancéolées, bisériées, longues et odorantes.

Les fleurs sont blanches et jaunes ponctuées de rouge sur les lèvres, les bractées sont vertes et jaunes.

Après la floraison, un court épi axillaire renfermant les graines noires enfermées dans des capsules trivalves apparaît au bout d'une tige couverte d'écailles.

Il apprécie une exposition ensoleillée et une atmosphère humide. La croissance est rapide et la multiplication se fait par division des rhizomes.

 

Autres « gingembres »[modifier | modifier le code]

Une espèce dicotylédone d'Amérique du Nord, l'Asarum canadense est connue sous le nom de « gingembre sauvage ». Ses racines ont des propriétés aromatiques similaires et il peut être utilisé comme substitut. Cette plante n'est pas reliée aux gingembres véritables et appartient à la famille des Aristolochiaceae.

Les rhizomes d'une autre plante de la famille des Zingiberaceae, Curcuma longa, constituent une épice appelée à la Réunion « gingembre-safran » ou « safran péi » car, sur l'île, il est commun de dire « safran » pour curcuma. La saveur est douce et aromatique, la pulpe est de couleur rose-orangée. La même racine est appelée « safran », en français, à Mayotte et dzindzino en shimaore. Une autre variété encore, Curcuma amada à la pulpe jaune à jaune fluorescent, est appelée « gingembre mangue » car la saveur rappelle celle de la mangue carotte verte.

Histoire[modifier | modifier le code]

Il était dénommé zenj par les marchands arabes, mot par lequel ils désignaient aussi les habitants de la côte est de l'Afrique et d'où vient le nom de « Zanzibar », où les Arabes allaient chercher le gingembre.
Au XIIIe siècle, sainte Hildegarde écrivait au sujet du Zingiber officinale Roscoe : « Un homme en bonne santé n'a pas intérêt à en manger, car il le rend stupide, ignorant et lascif. Mais si on est sec et déjà bien affaibli, réduire du gigembre en poudre et en prendre… dans une boisson… on améliorera ainsi son état »[1].
Au Moyen Âge, le gingembre était considéré comme une plante magique aphrodisiaque.

Culture et production[modifier | modifier le code]

 

Culture de gingembre

 

Fleur de gingembre avant éclosion, elle prend ensuite une couleur entre mauve et violet.

Production en tonnes. Chiffres 2003-2004
Données de FAOSTAT (FAO)

Inde 275 000 27 % 275 000 27 %
Chine 259 719 25 % 260 000 25 %
Indonésie 151 000 15 % 151 000 15 %
Nigeria 110 000 11 % 110 000 11 %
Népal 90 000 9 % 90 000 9 %
Bangladesh 43 000 4 % 48 000 4 %
Thaïlande 33 000 3 % 33 000 3 %
Philippines 30 000 3 % 30 000 3 %
Autres pays 39 259 3 % 39 270 3 %
Total 1 030 978 100 % 1 036 270 100 %

Usages du gingembre[modifier | modifier le code]

Composition chimique[modifier | modifier le code]

Le rhizome est très riche en amidon (60 %). Il contient des protéines, des graisses (10 %), de l'huile essentielle et une résine[2].

L'impression de feu (pseudo-chaleur) lors de la consommation de gingembre est due à la présence de shogaol, de paradol et de zingérone[3]. La concentration de gingérol – constituant majeur du gingembre frais – est plus faible dans le gingembre séché, tandis que la concentration en shogaol augmente[4].

À partir du rhizome du gingembre sont extraites une oléorésine (6 %)[5] et une huile essentielle (1-3 %)[3],[5]. L'oléorésine contient les composés chimiques à l'origine de la saveur piquante, tels que le gingérol (15 %). La composition de l'huile essentielle varie beaucoup suivant l'origine géographique mais on retrouve des composés odorants comme le zingiberène, le curcumène, le camphène, le bisabolène, le citral et le linalol[5]. Ces deux extraits sont destinés à l'aromatisation des aliments, tandis que seule l'huile essentielle est utilisée dans la parfumerie.

L'huile essentielle de gingembre est obtenue par distillation à la vapeur d'eau des rhizomes. Il faut environ 50 kg de rhizomes secs pour obtenir 1 kg d'huile essentielle.

L'huile essentielle de gingembre est notamment réputée pour ses vertus digestives. Elle est supposée « stimuler et accélérer le passage du bol alimentaire »[6].

Usages alimentaires[modifier | modifier le code]

 

Vue en coupe du gingembre fraîchement tranché

Les jeunes racines de gingembre (qui sont en fait des rhizomes, c'est-à-dire des tiges souterraines) sont juteuses et charnues avec un goût très doux. Les rhizomes mûrs sont fibreux, presque secs et ont un goût plus prononcé. Plus vieux, ils prennent un goût très fort.

 

Gingembre confit

  • Les rhizomes sont souvent employés dans la cuisine chinoise pour couvrir les odeurs et saveurs fortes comme celles des poissons et fruits de mer, du poulet et du mouton (pour ce dernier, sous l'influence de la cuisine ouïgour, le gingembre y est plus souvent remplacé par du cumin). Cette saveur épicée et malodorante est due à la zingerone.
  • Le gingembre est également utilisé en pâtisserie pour parfumer biscuits et gâteaux – par exemple dans la cuisine hongroise : le gâteau de gingembre frais, ainsi que sous la forme de gingembre confit.
  • Le gingembre sec, en poudre, est employé pour parfumer le pain d'épices et d'autres recettes. Il a alors un goût tout à fait différent de celui du gingembre frais, et ils ne peuvent se substituer l'un à l'autre. Le galanga est utilisé à des fins semblables en cuisine thaïlandaise.
  • Les feuilles et les pousses issues du rhizome sont également comestibles[7].
  • Le gingembre est utilisé pour aromatiser le thé dans les zones de culture swahilie et en Corée.

Boissons[modifier | modifier le code]

 

Rhum arrangé au gingembre, Madagascar

  • Au Moyen Âge, dans une majeure partie de l'Europe on consommait l'hypocras, une boisson à base de vin de vigne et de diverses épices dont notamment du gingembre.
  • Le gingembre est aussi consommé en Afrique de l'Ouest sous forme de jus pressé (sucré) appelé gnammankoudji et y est considéré comme boisson ayant des effets aphrodisiaques.
  • La bière de gingembre (soda sans alcool) est produit à la Jamaïque, et est connue sous l’appellation anglaise ginger beer.
  • Au Canada, le ginger ale, une boisson douce, gazeuse et sans alcool assez proche de la bière de gingembre, a inspiré le soda de la célèbre marque Canada Dry.
  • En France, à Jarnac, dans le département de la Charente, on produit une liqueur de gingembre dénommée Domaine de Canton Ginger Liqueur.
  • En Suisse, dans le canton de Genève à Plan-les-Ouates, un digestif artisanal de gingembre (liqueur) à boire glacé, est produit sous le nom La Givrée gingembre.

Usages médicinaux[modifier | modifier le code]

Des textes indiens datant de l'an 1000 avant notre ère prescrivaient cette plante pour des maux allant de l'asthme aux hémorroïdes[8]. Les médecins asiatiques l'utilisent toujours.

Plusieurs études sur l'homme mettent en évidence des propriétés antiémétiques[2]. Une synthèse de recherches médicales confirme l'efficacité du gingembre dans le soulagement de la nausée postopératoire[9].

Le gingembre a été proposé comme un antimigraineux n'ayant pas d'effet négatif[10].

  • On lui reconnaît également le soulagement de la cinétose ou « maladie des transports », les marins chinois en mâchaient pour la prévenir[11].
  • Les femmes chinoises consomment traditionnellement de la racine de gingembre pendant la grossesse pour combattre la nausée du matin[12].
  • Effet protecteur sur la muqueuse gastrique[13].
  • Combat les insuffisances biliaire et pancréatique[13].
  • Fait baisser les taux de cholestérol, de triglycérides sanguins, d'acides gras et de phospholipides[14].

Le gingembre a une action anti-inflammatoire, soigne en particulier la douleur et les symptômes des rhumatismes inflammatoires[15].

« Le rhizome de gingembre est peu utilisé en France où il a récemment été inscrit sur la liste des plantes susceptibles d'entrer dans la composition de phytomédicaments bénéficiant d'un dossier d'AMM « abrégé » [Note Expl., 1998] ; il peut revendiquer l'indication : traditionnellement utilisé dans le mal des transports. » (Bruneton 1999)[2].

Autres propriétés supposées ou alléguées[modifier | modifier le code]

Synonymes[modifier | modifier le code]

Selon Kew Garden World Checklist (26 sept 2011)[18] :

  • Amomum angustifolium Salisb., Prodr. Stirp. Chap. Allerton: 4 (1796), nom. illeg.
  • Amomum zingiber L., Sp. Pl.: 1 (1753).
  • Amomum zinziba Hill, Veg. Syst., ed. 16: 50 (1770), orth. var.
  • Zingiber aromaticum Noronha, Verh. Batav. Genootsch. Kunsten 5(4): 28 (1790), nom. inval.
  • Zingiber cholmondeleyi (F.M.Bailey) K.Schum. in H.G.A.Engler (ed.), Pflanzenr., IV, 46: 172 (1904).
  • Zingiber missionis Wall. in J.D.Hooker, Fl. Brit. India 6: 246 (1892).
  • Zingiber officinale var. cholmondeleyi F.M.Bailey, (1900)
  • Zingiber officinale f. macrorhizonum (Makino) M.Hiroe, (1971) (1807).
  • Zingiber officinale var. macrorhizonum Makino, (1933)
  • Zingiber officinale f. rubens (Makino) M.Hiroe, (1971)
  • Zingiber officinale var. rubens Makino, (1933)
  • Zingiber officinale var. rubrum Theilade, (1996 publ. 1998)
  • Zingiber officinale var. sichuanense (Z.Y.Zhu, S.L.Zhang & S.X.Chen) Z.Y.Zhu, S.L.Zhang & S.X.Chen, (1992)
  • Zingiber sichuanense Z.Y.Zhu, S.L.Zhang & S.X.Chen, Bull. Sichuan School Chin. Met. Med. 1987(1): 39 (1987).
  • Zingiber zingiber (L.) H.Karst., Deut. Fl.: 471 (1880), nom. inval.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guide de visite, les plantes magiques, du jardin des neuf carrés de l'abbaye de Royaumont
  2. a, b et c Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales,‎ , 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
  3. a et b (en) G Katzer, « Ginger (Zingiber officinale Rosc.) »,‎ (consulté le 2 décembre 2012)
  4. (en) Jolad SD, Lantz RC, Chen GJ, Bates RB, Timmermann BN. Commercially processed dry ginger (Zingiber officinale): composition and effects on LPS-stimulated PGE2 production. Phytochemistry. 2005 Jul;66(13):1614-35 PMID 15996695
  5. a, b et c (en) J Wright (2004) Flavor Création. Allured publishing. (ISBN 1-932633-01-4)
  6. Fabienne Millet, Le Grand Guide des huiles essentielles, Marabout,‎
  7. http://homeguides.sfgate.com/part-ginger-plant-eat-74002.html
  8. National Geographic France. Numéro de février 2011
  9. (en) E Ernst and MH Pittler (2000) Efficacy of ginger for nausea and vomiting: a systematic review of randomized clinical trials. British Journal of Anaesthesia, vol. 84, Issue 3 367-371. PMID 10793599
  10. (en) T. Mustafa, « Ginger (Zingiber officinale) in Migraine Headache », Journal of Ethnopharmacology, vol. 29,‎ , p. 267–273 PMID 2214812
  11. (en) Chrubasik S, Pittler MH, Roufogalis BD. Zingiberis rhizoma: a comprehensive review on the ginger effect and efficacy profiles. Phytomedicine 2005 September;12(9):684-701.
  12. (en) Boone SA, Shields KM. Treating pregnancy-related nausea and vomiting with ginger. Ann Pharmacother 2005 October;39(10):1710-3.
  13. a et b Propriétés thérapeutiques du gingembre
  14. (en) Al-Amin ZM, Thomson M, et al. Anti-diabetic and hypolipidaemic properties of ginger (Zingiber officinale) in streptozotocin-induced diabetic rats. Br J Nutr 2006 October;96(4):660-6.
  15. (en) Srivastava KC, Mustafa T. (1989) Ginger (Zingiber officinale) and rheumatic disorders. Med Hypotheses. 1989 May;29(1):25-8. PMID 2501634
  16. son arôme, ses propriétés diaphorétiques et de pseudo-chaleur, ainsi que la forme de son rhizome ont un pouvoir suffisamment évocateur.
  17. (en) S. Qureshi et al, Studies on herbal aphrodisiacs used in Arab system of medicine, The American journal of Chinese medicine, 1989, vol. 17, p. 57-63
  18. Kew Garden « World Checklist », consulté le 26 sept 2011